Paroles de locataires sur l’opération de la cité Tony Garnier à Lyon 8è
12 / 1993
Ici l’échange est le résultat d’une revendication de participation des habitants. Une Association de locataires est engagée, depuis des années, dans le processus de concertation (467 logements ; maître d’ouvrage Office public H.L.M. de la Courly).
Une cité H.B.M. (Habitation bon marché) des années 30 livrée alors sans salle de bains, ni chauffage, ni eau chaude. Le propriétaire n’a procédé depuis à aucune amélioration. La population est souvent âgée. Certaines familles sont là depuis 2 ou 3 générations. Une cité sans vacance, toujours attractive, dans un quartier -les Etats Unis- dont elle est le centre. Une tradition associative; une population attachée au quartier, même si l’image extérieure est médiocre. Un Comité des locataires est créé en 1983. Il prend appui sur des habitudes de mobilisation et de forts réseaux familiaux. La question est alors la réfection des façades par un Office au patrimoine important éclaté dans l’agglomération, de fonctionnement très centralisé et absent, de fait, du terrain. Bien des locataires qui ont procédé aux aménagements essentiels ont le sentiment d’être « propriétaires ».
Pour devenir interlocuteur légitime, l’Association choisit d’« occuper le terrain » (réunions publiques, fêtes, etc.), non pour se substituer aux institutions et aux techniciens mais pour que soient pris en compte des habitants-partenaires. Auprès de la Communauté urbaine, de l’O.P.H.L.M., des contacts personnalisés et suivis instaurent la confiance. Des résidents très actifs soutiennent la dynamique (des problèmes pour « canaliser » cette énergie de mobilisation en viennent à se poser à l’Association…). L’apprentissage du partenariat se fait aussi à travers l’application de procédures novatrices (Banlieues 89, Développement social des quartiers, etc.).
1985 : objet de conflits, une première tranche de réhabilitation est réalisée sans concertation dans des logements occupés. L’Association pallie l’absence de l’organisme et assure le lien entreprises-locataires. 1988, seconde étape : un « conciliateur » est mis en place par l’office. Une antenne décentralisée sur le quartier et une équipe chargée de la coordination favorisent l’action. La troisième tranche (1990) s’effectue en étroite concertation avec les habitants. L’Association participe à l’intégralité du suivi.
Les difficultés qu’elle a rencontrées :
- s’adapter au jargon des techniciens et trouver un langage commun pour lever des incompréhensions; prendre du recul, sortir de la cité pour puiser à d’autres expériences;
- maîtriser le temps pour qu’évoluent les esprits et les actes; veiller à rester très proche des intérêts des résidents;
- faire la part des besoins d’une nouvelle population à venir et des occupants plus âgés (satisfaits d’améliorations plus simples);
- savoir jouer avec les tentations de « récupération » du travail accompli par la volonté des habitants, de la part des politiques, notamment. Se pose ici le problème de la pérennité d’accords passés avec des élus, des responsables qui changent souvent et remettent en question des projets négociés.
Les moyens financiers de l’Association sont très limités : se voit formulé le souhait d’un financement alloué aux associations, dans le cadre d’opérations de réhabilitation, pour qu’elles se constituent et puissent fonctionner. L’instance municipale est interpellée.
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, Francia, Rhône-Alpes
L’association de locataires a réussi à se faire reconnaître comme interlocutrice. De manière dynamique, inventive, voire « stratégique », elle a cherché à prouver sa légitimité par l’action, appuyée par la volonté des habitants d’être acteurs et non spectateurs au moment de la réhabilitation. Sa prise de responsabilité s’est accompagnée d’une grande capacité à rechercher le progrès et à prendre du recul par rapport à son action : se garder d’une attitude « fusionnelle » avec les institutions; adhérer à la recherche d’une culture commune aux acteurs par la formation, sans se « professionnaliser »; faire tomber les préjugés des institutionnels par une démarche de dialogue direct; savoir identifier les compétences à mettre en relation, sans confusion des rôles; veiller à recentrer le débat sur les besoins exprimés; forcer le respect par des actes et des comportements. Une réelle expérience forgée avec le temps et non dans l’urgence, une ténacité qui ne trouve sa pareille que dans l’investissement de ses membres. A ne pas décevoir.
Cette fiche a été réalisée dans le cadre de l’évaluation de la politique de réhabilitation du logement social, animée par la Direction de l’Habitat et de la Construction du Ministère de l’Equipement, du Logement et des Transports, Arche de la Défense, Paroi Sud, 92055 Paris-La Défense Cedex 04
Documentación gris
COUDRY, Béatrice, DIRECTION REGIONALE DE L’EQUIPEMENT PROVENCE ALPES COTE D’AZUR (DRE PACA), ATELIER REGIONAL RENCONTRE REHABILITATION PACA
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