Au États-Unis, la télévision communautaire vit un moment décisif. Bien qu’elle soit fortement implantée et connaisse une participation importante du public, le cadre juridique et les pressions commerciales qui ont suivi les derniers changements apportés aux réseaux de communication électroniques menacent son existence. Les activistes qui travaillent en faveur de la télévision communautaire aux États-unis doivent relever ce défi de plusieurs manières : en augmentant leur importance au sein de leur propre communauté, en créant des réseaux entre eux et avec d’autres organisations qui travaillent dans les médias et en recourant à de nouvelles technologies.
Aux États-Unis, la télévision communautaire existe surtout sous forme de télévision d’accès public dans les réseaux par câble. La télévision d’accès public fournit du temps d’antenne gratuit, des équipements portables pour la production ou des équipements de studio, de la formation et certaines formes de publicités pour les programmes comme des bulletins ou des listes de programmation. Un organisme sans but lucratif spécialisé coordonne généralement ces installations et services. Cet organisme est essentiellement financé par les redevances fixées dans les franchises de télévision par câble ou d’autres contrats passés avec les compagnies de télévision par câble. (La franchise est le contrat passé entre la compagnie de télévision par câble et la ville ou le comté qu’elle dessert.)
L’accès public à la télévision est basé sur le Premier amendement de la Constitution américaine, qui garantit le droit à la liberté de parole. La télévision d’accès public était conçue à l’origine comme l’équivalent électronique des tribunes d’autrefois improvisées au coin de la rue.
L’apparition de la télévision d’accès public est liée à la lutte menée par les producteurs indépendants au cours des années 70 pour une plus grande diversité des propos dans les chaînes de télévision financées avec les fonds publics. Ils pensaient que l’objectif de la télévision était de représenter la nation. Cette lutte faisait elle-même partie de la recherche d’une autre signification pour le mot démocratie. Recherche à laquelle nous avaient obligés les révoltes populaires des années 60 qui affirmaient que le discours public ne doit pas seulement être plus diversifié, mais doit aussi comprendre les voix des membres de la société qui ne font pas partie de la classe dominante et qui ont le moins de pouvoir. Ces concepts alimentèrent la lutte menée pour la télévision d’accès public au cours des années 70 et 80.
En 1994, l’Alliance for Community Media, membre des organisations d’accès public qui défendent la télévision d’accès public, a découvert qu’un million et demi de bénévoles ont produit plus de vingt mille heures de programme dans plus de trois mille centres d’accès gouvernemental, éducatif et public répartis dans tous les États-Unis. Ces programmes ont été produits par une grande variété de personnes et d’organisations sans but lucratif et comportaient des programmes en de nombreuses langues, notamment en espagnol, vietnamien, farsi et en portugais.
Malgré cette croissance extraordinaire, l’existence de la télévision communautaire est menacée par l’évolution technologique que connaissent les communications. Par exemple, la législation fédérale en ce qui concerne le câble autorise les villes et les pays à demander des centres d’accès gouvernemental, éducatif et public dans leurs contrats de franchises. Mais les compagnies de téléphone n’ont pas ces obligations même si elles sont de plus en plus amenées à fournir des services vidéo et un vaste éventail d’autres services d’information et de communication électroniques. Les activistes qui travaillent pour la télévision communautaire combattent ces tendances de diverses manières.
Premièrement, ils s’assurent qu’ils répondent aux besoins populaires en matière de communication. Par exemple, Le Manhattan Neighborhood Network à New-York a créé un fonds de subvention qui aide les organisations communautaires à offrir l’accès à la formation et à des équipements dans leur quartier. Parmi les bénéficiaires nous trouvons : un centre d’art pour les enfants d’Harlem, un groupe d’artistes dans le quartier chinois et un groupe de femmes latino-américaines dans un quartier essentiellement portoricain.
Les activistes qui travaillent pour la télévision communautaire recourent aussi à une production commune et à des échanges de programmes au niveau national afin d’augmenter leur pouvoir et leur visibilité. Deep Dish TV a été créée en 1986 afin de distribuer par satellite, dans tout le pays, des programmes aux chaînes d’accès public. Son mélange éclectique de programmes documentaires, dramatiques, expérimentaux et autobiographiques provient de la population. La série qu’elle a diffusée ce printemps et qui portait sur la réforme des soins de santé a été produite et programmée après un an de discussion avec presque cent organisations de santé alternatives, activistes et organisations communautaires afin de déterminer les questions prioritaires et les perspectives d’avenir.
La transition actuelle fait que les personnes et organismes concernés travaillent davantage en réseau : les producteurs indépendants, la population et les médias alternatifs commencent a travailler ensemble sur une base plus régulière. Cela va du compte rendu des activités organisées par les autres télévisions communautaires dans leurs bulletins à l’organisation de conférences en commun.
Des démarches visant à augmenter la gamme des technologies offertes viennent compléter la création de réseaux. Les centres de télévision communautaire explorent la publication assistée par ordinateur, Internet et les autres réseaux par ordinateur, le courrier vocal communautaire, la radio par câble, même les téléconférences par satellite. Pour le moment, seulement une poignée de centres d’accès public ont fait ces pas concrets.
La Minneapolis Television Network (au Minnesota)a ajouté la publication assistée par ordinateur à ses services et recueilli les fonds nécessaires pour un projet pilote d’accès à Internet. La Davis Community Television (en Californie)offre l’accès et la formation pour un projet d’accès à Internet dans toute la communauté. Enfin, le Grand Rapids Public Access Centre a mis au point une structure de type coopératif qui regroupe plusieurs projets dans le domaine des médias, notamment une station de radio, un centre d’archives pour les films, un réseau gratuit avec un babillard électronique communautaire et l’accès à Internet.
Il peut sembler que c’est précisément parce que la télévision communautaire est devenue aux États-Unis une source de communication importante, qu’elle doit se transformer. Comme dit la reine dans le roman de Lewis Carroll Alice au pays des merveilles, "Il faut utiliser toute la force qui nous permettrait de nous sauver pour rester au même endroit !"
comunicación, televisión, medios de comunicación
, Estados Unidos de América
Diana Agosta travaille pour la télévision communautaire depuis plus de dix ans et est diplômée en anthropologie de la City University de New-York.
Voir trad. en espagnol et en anglais dans la base de données.
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Videazimut, TÉLÉVISIONLOCALE, COMMUNAUTAIRE ET D'ACCèS PUBLIC in. Clips, 1994 (Canada), 6
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