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Exclusion : quelles solidarités ?

Jean RAGUENES

10 / 1993

Sous les formes et l’extension qu’elles ont aujourd’hui, on peut avancer que les anciennes sociétés, jusqu’au milieu de notre siècle, connaissaient peu les phénomènes d’exclusion (l’esclavage, un peu partout ou les "intouchables" en Inde, par exemple, sont d’une autre nature). Certes, le banissement existait, - correspondant pour le banni à une quasi-impossibilité de continuer à vivre - mais, il touchait surtout l’individu et l’on peut dire, d’une façon générale, que les structures sociales intégraient (avec souvent inégalités et injustices !)la totalité des populations.

Si, à leur tour les pays en voie de développement connaissent ce phénomène, c’est vraisemblablement parce qu’ils sont tributaires d’une économie et d’une culture qui en se mondialisant, reproduit, ici et là, les mêmes effets.

"L’exclusion moderne" se caractérise par son extension, sa mondialisation, sa "diffusion" dans presque toutes les couches sociales, et par ses modes nouveaux : chômage, logement, marginalisations consécutives à l’organisation et à "l’éthique" de nos sociétés industrielles avancées qui, par leur hyper-rationalité, rendent quasi-impossible d’autres formes d’expression. L’exclusion moderne frappe également les relations inter-pays. Ainsi, peut-on parler, d’une exclusion du Sud par rapport au Nord, de l’Est, par rapport à l’Ouest et, jusque dans notre propre espace européen.

Face à ce fléau, les pratiques de solidarités différent. Au Nord, où les sociétés sont hyper-organisées, on peut parler "de solidarités structurelles" (toutes les formes de protection économico-sociales). Malheureusement, devant l’ampleur du phénomène, elles s’avèrent aujourd’hui insuffisantes et les "pratiques alternatives" sont trop peu développées pour ne pas dire inexistantes.

Au Sud, où le tissu économico-social est déficient, rendant caduque voire impossible toute protection sociale effective, on assiste à l’émergence de phénomènes de solidarité originaux : dispensaires alternatifs, pour suppléer aux carences de politiques de santé ; forum d’entreprises, pour aider à la création d’emplois, tontines, mutuelles, etc... pour pallier l’absence des banques, toutes choses presqu’impensables dans nos sociétés industrialisées. Ces actes de solidarité ne sont pas des phénomènes isolés : ils touchent souvent une large partie des populations.

Régime puissant de protection sociale au Nord, mais marginalisation d’un nombre toujours plus grand d’individus et atrophie de la notion de solidarité...

Quasi-absence de couverture sociale au Sud, mais émergence de formes nouvelles de solidarité qui font reculer les limites de la marginalisation.

La solution ne consiste certainement pas à choisir l’un contre l’autre. A l’évidence, le régime de protection socio-économique du Nord est une bonne chose !

Mais, peut-être convient-il de se demander les raisons de ce dilemne ? Et notamment de poser cette question : pourquoi les gens du Nord ont-ils tant de mal à exprimer des réponses collectives et à être solidaires sur ce fléau qui les frappe ?

Palabras claves

marginación social, historia, análisis de sistemas, solidaridad


, , Francia

Comentarios

Texte introductif à l’Assemblée Générale du Ritimo, en juin 1993, à Strasbourg et dont le thème était l’exclusion.

Fuente

Documentación gris

RAGUENES, Jean, 1993/06

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