Dans le paradis des collines, une femme nommée Evaraçu, ce qui veut dire "eau de la vie", mit au monde deux jumeaux Gasarabwe et Bahizi.
Leur postérité devint si nombreuse que le pays des collines parut se rétrécir et partout des luttes naquirent pour prendre la terre de l’autre.
Dans la division, des blancs arrivèrent avec leurs armes éclatants comme des coups de tonnerre. Ils convièrent les fils de Gasarabwe, premier sorti du ventre de sa mère, et les déclarèrent les vrais héritiers du pays des collines et de l’eau. Dans chaque village, fiers du décret du chef des blancs, qui connaît le passé, le présent et l’avenir, les aînés des fils de Gasarabwe prirent la parole et annoncèrent qu’ils possédaient la terre en héritage et que les fils de Bahizi seront pour toujours leurs serviteurs.
Le pays des collines vécu en paix longtemps mais les fils de Gasarabwe et de Bahizi oublièrent qu’ils étaient frères nés d’une même mère. Il y eu deux peuples, l’un régnant sur l’autre au nom des blancs.
Un jour que les aînés des Gasarabwe apportaient le tribut aux blancs, ils virent leur tente abandonnée. Des messagers annoncèrent qu’à l’extérieur des frontières, les blancs, nombreux comme les grains de sable, s’attaquaient les uns les autres en prétendant avoir reçu la terre en partage. Craignant le retour des guerriers blancs, on assembla dans chaque village les hommes et les femmes, et l’aîné des fils des Gasarabwes revendiqua une nouvelle unité. Les clameurs des Gasarabwes et des Bahizis se mêlèrent, mais l’orgueil était dans le coeur des Gasarabwes et l’amertume dans celui des Bahizis.
Or avec les guerriers blancs, d’autres blancs sans arme étaient venus et portaient une robe blanche. Leur chef, "le maître du temps" dit aux fils de Bahizi, qu’en tant que premier fécondé dans le ventre de sa mère, leur père avait reçu la terre en héritage. Le fiel de l’amertume des Bahizis, qui au fil des années s’était changé en plomb de la résignation, se transforma en sang de la haine.
Une nuit sans lune, ils prirent les grands couteaux qui servent à trancher d’un seul coup les régimes de bananes et dans la hutte de leurs voisins Gasarabwes, commencèrent leur macabre récolte...
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, Ruanda, Africa
C’est donc l’histoire du Rwanda, l’histoire des Hutus, des Tutsis, et des blancs, que nous raconte Pierre Calame dans "les héritiers du pays des collines". Mais c’est surtout un conte philosophique, plein de bruits et de fureurs, riche de la multitude des facettes du coeur humain. L’orgueil côtoie la tristesse, la fierté côtoie l’amertume, l’humiliation la revanche, la peur et la ruse côtoient la haine et enfin l’horreur et la détresse.
Mais dans cette parabole riche de poésie, l’arbre du mensonge laisse aussi la place à la pierre de la vérité, à la source de la réconciliation et de la Rédemption, au registre du secret des coeurs pour faire naître l’espoir d’une nouvelle fraternité même au dépend d’un doute persistant.
Cette oeuvre écrite en deux jours et subliment illustré par les peintures de Raymond-José Almodovar est à diffuser largement tant elle est riche d’enseignements, non seulement sur la nature humaine et ses sentiments, mais aussi sur sa puissance qui peut permettre à l’homme de forcer son destin.
Libro
CALAME, Pierre, Les héritiers du pays des collines. Un rêve pour la paix au Rwanda, Sepia, 1997/02 (France)
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