Après les résultats des élections de 1988 à Dakar, les jeunes font irruption sur la scène politique par des actes de "vandalisme". Un an après en 1989, les jeunes manifestent leur désir de s’impliquer dans la gestion de la cité à travers le Mouvement Set Setal (être propre et garder son environnement propre)puis à travers des associations de développement.
C’est ainsi que l’Entente des Mouvements et Associations de Dakar (EMAD)est née à la suite d’un conflit entre jeunes et commerçants en 1990. Ce conflit portait sur l’occupation incontrôlée par les commerçants de la plupart des rues et façades des maisons aux alentours des marchés. Les riverains souffraient de cette "invasion".
L’Entente regroupe une cinquantaine d’associations dont 15 sont réellement actives.
La particularité de cette association de développement regroupant des jeunes, c’est sa détermination à lutter pour l’amélioration des conditions de détention dans les prisons. L’idée d’intervenir dans les prisons est née à la suite de l’emprisonnement pour recel d’un membre de l’Entente.
Elle s’investit dans :
- la vulgarisation des comités de conciliation populaire,
- l’encadrement de petits métiers,
- la sensibilisation et la formation sur des fléaux sociaux
- l’insertion des jeunes délinquants à travers des parrainages
- la désinfection des chambres de détenus,
- la consultation et les soins en milieu carcéral avec l’appui de partenaires.
- l’insertion des jeunes délinquants par parrainage associatif
Plusieurs journées du détenu sont organisées. C’est ainsi qu’est née l’initiative "la valise du détenu" : avec l’appui de partenaires tels que Enda-Ecopole, la Direction de l’administration Pénitentiaire, il s’agit d’une collecte journalière de fonds, la redistribution devant se faire périodiquement en fonction des besoins des différentes maisons carcérales.
L’idée s’inspire d’une pratique de la société traditionnelle lébou : manifester sa solidarité aux plus démunis. L’Entente envisage la création de la "valise du détenu" dans tous les quartiers, les mosquées, les églises. Il s’agit de collecter des dons en nature (vêtements, chaussures, médicaments)au profit des prisonniers.
asociación, grupo de presión, movilización de los habitantes
, Senegal
Il s’agit là d’une association qui après plusieurs activités classiques, semble avoir trouvé sa voie. A travers cette expérience qui relate la détermination d’un groupe de jeunes mobilisés pour lutter contre les mauvaises conditions de détention des prisonniers, l’administration pénitentiaire d’habitude très fermée s’est pour la première fois, laissée convaincre par une association en nouant avec elle des relations de coopération matérialisées par un protocole.
La détermination des jeunes pour améliorer la situation des détenus a ainsi obligé l’administration et la société à mieux prendre conscience des droits du détenu.
Cette fiche a été réalisée au cours de la rencontre à Dakar qui a réuni en février 1998 des habitants, des élus, des techniciens des villes de onze pays d’Afrique (Ouest et Cameroun).
Entretien avec GAYE, Abdou Khadra
Entrevista
Ville de Dakar (DASS) - Tel. : (221)821. 58. 38 Dakar - SENEGAL - Senegal