Pour une relance des responsabilités publiques en matière de recherche scientifique pour y équilibrer la montée de la logique marchande
02 / 1998
Je présente ici quelques extraits particulièrement significatifs du texte de G. Ferné dans l’ouvrage sous reference. "Du choc pétrolier des années 70 à la crise économique actuelle, la prise de conscience des enjeux économiques du progrès technologique a exercé une influence continue sur l’évolution des politiques de la science. (...)La politique de la science et de la technologie a desormais pour objet le progrès rapide des nouvelles technologies (electronique, ordinateurs, telecommunication, materiaux, biotechnologies...)(...)Cette approche appelle toute une série de logiques d’actions concernant directement le secteur public : en matière de recherche fondamentale, une importance nouvelle est assignée à la recherche de base dans toute une série de disciplines liées à ces technologies, où les enjeux de la recherche tiennent autant aux résultats de la recherche qu’aux necessités de la formation de spécialistes. En matière de recherche stratégique ou pré-compétitive, quand le tissu industriel se révèle insuffisant pour prendre de lui-même les initiatives (...), il faudra aider (voire, le cas échéant, forcer)l’adaptation aux nouvelles technologies ; la recherche publique devra alors apprendre à naviguer au plus près des forces du marché."
"Des domaines naguère nouveaux gagnent en maturité et doivent s’adapter à de nouvelles circonstances. L’exemple le plus frappant en est l’energie nucléaire où l’importance des champs traditionnels de recherche décroît au profit de thèmes nouveaux liés à la securité et à l’environnement. (...)"
"Il faut faire appel à un éventail élargi de disciplines, rapprocher des centres de commandement industriel (...)et même les integrer à des réseaux qui impliqueront d’autres acteurs et favoriseront des applications plus lointaines. Ainsi les recherches agricoles renvoient (de plus en plus)à d’autres activités productives comme l’energie, les produits pharmaceutiques, les materiaux de construction... Le défi lancé aux organismes publics de recherche tient à leur capacité de gérer efficacement ces pertinences enchevêtrées. "
"L’histoire de la recherche publique apparaît (...)comme très révélatrice de la trajectoire empruntée depuis plusieurs siècles par la science et la technologie pour pénétrer au sein des sociétés modernes. Après des commencements fragmentaires et très localisés, elle se voit attribuer avant-guerre des points d’ancrage qui témoignent sans doute moins d’une conception particulière du rôle économique de la science que d’une responsabilité de l’Etat vis à vis de celle-ci. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, un grand mouvement l’attelle à une succession de défis issus de la guerre froide et d’une certaine vision du role moteur de l’Etat. "Et la voici aujourd’hui invitée à servir le marché et le secteur privé du mieux qu’elle peut, puisque tout se jugera désormais à l’aune de la réussite économique."
"Cependant, rien n’est encore veritablement joué. Le progrès est ressenti avec une force croissante comme porteur de toute une série de "désagréments" dont on craint qu’il ne déstabilise l’environnement et l’emploi, voire le tissu même des relations sociales à l’échelle nationale et internationale. Une relance des responsabilités publiques par une logique politique et sociale qui s’efforcerait d’équilibrer la logique marchande n’est donc pas impossible à plus ou moins brève écheance." (Il est en effet urgent de se demander si l’Etat n’a pas trop vite renoncé à son rôle dirigeant au cours des deux dernières decennies, et s’il n’y a pas eu résignation trop facile ou excessive au sentiment d’une certaine "ingouvernabilité" des choses.)
política de investigación, sector público, Estado, investigación, tecnología
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Le texte ici analysé est une des contributions au livre "Organisation de la recherche et conformisme scientifique" publié, sous la direction de A. Esterne et L. Schaffar dans la collection "Nouvelle encyclopédie Diderot".
L’auteur est chef de section à la direction Science, technologie et industrie à l’OCDE.
Libro
FERNE, Georges, Organisation de la recherche et conformisme scientifique, PUF, 1994/06 (France)
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