Dynamique de la médiation

Il y a quelques années, Jean-François Six créait le Centre National de la Médiation. Une Charte et un Code précisaient la déontologie et les règles professionnelles des médiateurs, dont le rôle était inspiré par "une volonté d’ouvrir des routes, (...)d’établir des liens, (...)afin de permettre à des personnes et à des groupes de se rejoindre, afin de permettre aussi à un être de trouver le chemin de soi-même ; (...)"une prévention ; (...)une médication".

Le principe ayant été posé que "la médiation fait appel à l’inventivité ", on ne pourra s’étonner qu’elle soit, en quelque sorte, victime de son succès. Mais puisqu’il va de soi qu’elle suppose en même temps "intelligence et lucidité "on comprendra que Jean-François Six tienne à faire le point de cette médiation "au moment de son passage à l’état adulte, passage nécessaire si l’on veut que la médiation devienne ce qu’elle peut, ce qu’elle doit devenir : un espace de créativité personnelle et sociale, une mise en oeuvre de citoyenneté".

Il fait d’abord, entre deux types de médiation, une distinction qui est le fil conducteur de l’ouvrage : entre une médiation institutionnelle et une médiation citoyenne. Alors que les premiers médiateurs sont fabriqués par des institutions pour les besoins d’une société de plus en plus complexe, et qu’ils représentent toujours, selon J.F. Six, un certain pouvoir, les médiateurs citoyens sont "des citoyens parmi les citoyens "à qui l’on demande d’être vraiment "tierce personne".

Le développement sur le secteur de la justice - on ne s’étonnera pas que ce soit le plus long - fournit l’occasion d’une autre mise au point fondamentale pour insister sur le fait qu’une véritable médiation ne doit pas être considérée comme une "justice informelle". Le médiateur citoyen agit sur un autre terrain et doit donc faire preuve de discernement : "s’il se mettait au-dessus des lois et au-dessus des autres, il quitterait sa juste place de médiateur citoyen". Sa spécificité réside d’abord dans l’inventivité : le médiateur est avant tout un créateur.

Sa pratique ne peut pas faire l’économie d’une réflexion éthique. L’une des valeurs fortes de la médiation réside dans le refus de l’individualisme et du court terme : c’est là une expression du principe de responsabilité. Il faut, pour porter ce principe à la pratique, du courage (individualisme et immédiateté étant des valeurs particulièrement partagées aujourd’hui), de la prudence (il faut avancer en tâtonnant et en laissant les choses mûrir), de la modestie (le médiateur tire rarement une gloire quelconque se ses services)et de la justesse (il ne doit pas se substituer aux parties en conflit mais leur permettre de trouver le chemin du compromis). Pour cela, les médiateurs doivent disposer de qualité personnelles - et notamment d’une certaine maturité - et peuvent être formés. Cette tâche est urgente car le médiateur participe à l’un des grands enjeux de la société d’aujourd’hui : la reconstruction du lien social et l’expression de la citoyenneté.