Ce titre qui inaugure la collection "Culture de paix "met en avant le rôle de la société civile dans la contestation - voire l’effondrement - de régimes totalitaires, au cours des deux décennies qui marqueront la fin de la guerre froide. L’analyse synthétique des modes de résistance apparus à l’intérieur des régimes totalitaires est une entreprise complexe, qui nécessite le recours à plusieurs disciplines : histoire, sociologie, science politique, économie, psychologie, géographie, philosophie...
En tentant de définir la notion de résistance civile, Jacques Semelin, chargé de recherche au CNRS et spécialiste des processus de résistance et de communication, souligne la "dimension pacifique, non armée, de la résistance civile "et renvoie à la notion de citoyenneté en mettant l’accent sur les liens entre la résistance civile et la construction de la démocratie.
S’agissant des moyens de cette résistance civile, il remarque que celle-ci peut se construire autour de deux pôles "indissociables et complémentaires ": "un pôle négatif, fondé sur le refus de la servitude ", avec le recours à la grève, au boycott et à la désobéissance civile ; et "un pôle positif, fondé sur l’affirmation d’une identité et d’une légitimité différente de celle de l’adversaire". A la fois culturelle et politique, recourant à la mobilisation de l’opinion publique autant qu’au droit, cette résistance civile ne vise rien moins qu’à "transformer la nature de l’espace public".
A travers huit cas nationaux d’une histoire encore toute brûlante, traités par huit spécialistes, l’ouvrage propose une grille d’analyse qui croise une comparaison Est et Sud (Philippines/ Pologne, Tchécoslovaquie/Bolivie, Bénin/Chine, Espagne/Russie)avec quatre facteurs de développement de cette résistance : le facteur religieux, puissant vecteur de cohésion et de changement social et politique (alors qu’il peut être, dans d’autres circonstances, la justification de dictatures ou de rivalités identitaires); le facteur éthique, avec l’invocation des droits de l’homme, étape vers l’état de droit et la démocratie ; le facteur médiatique, car l’accès à l’information extérieure peut contribuer au développement de l’opposition interne ; le facteur de la légitimité politique qui peut, selon le cas, incarner la continuité des institutions ou la volonté de changement.
L’originalité de ce travail est d’avoir soumis les études de cas au regard critique de l’historien Jean-Pierre Rioux, du sociologue Michel Wieviorka et du politologue Pierre Hassner. Aucun d’entre eux ne prétend énoncer une loi générale à partir de ces expériences, mais on observera avec P. Hassner, que si "les révolutions ne sont plus ce qu’elles étaient ", si "elles sont beaucoup moins violentes, en règle générale, c’est parce que à la fois, les élites contestées et les populations révoltées sont beaucoup moins prêtes à aller jusqu’au bout de la violence". L’actualité du sujet et l’utilité de la réflexion sont indéniables, en tous les cas pour comprendre, comme le souligne Jacques Semelin, "les résistances du présent face à la montée du nationalisme et du fanatisme".
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, Filipinas, Polonia, Bolivia, Benín, China, España, Rusia, Tchécoslovaquie
Libro
SEMELIN, Jacques (sous la dir. de), Quand les dictatures se fissurent. Résistances civiles à l'Est et au Sud, Desclée de Brouwer, 1995 (France)
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