10 / 1996
En 1994, saisissant l’opportunité du Sommet mondial sur les femmes (Pékin, septembre 1995), le CCFD (Comité catholique contre la faim et pour le développement)a lancé une étude transversale sur la place des femmes dans les projets de développement qu’il soutient. Ce vaste chantier s’est décliné en plusieurs phases : mise en place d’un groupe de travail avec des mouvements féminins composant la collégialité du CCFD, repérage, dans l’ensemble des projet soutenus par le CCFD, de la place occupée par les femmes, typologie des projets ayant des femmes comme public prioritaire, approfondissement des théories et des politiques concernant le "genre", études de terrain avec des partenaires du Sénégal et d’Argentine.
Ce travail a révélé qu’il ne suffit pas de soutenir un nombre, même conséquent, de projets en direction des femmes pour conduire une politique dans ce domaine.
D’abord, les projets qui concernent les femmes sont très divers, ils concernent souvent des domaines "traditionnellement féminins" (ateliers productifs, formatin à la broderie, couture...)qui ne modifient pas nécessairement et durablement leur position sociale. Les projets cherchent le plus souvent à modifier la situation économique des femmes qui sont presque uniquement considérées dans leur rôle de mère devant subvenir aux besoins de leur famille. La question des droits, de l’organisation, de la formation professionnelle et qualifiante des femmes, de leur accès au pouvoir et de leur représentation n’est que peu abordée en tant que telle dans les projets.
Quant à la relation de "genre" (équation ou problématique homme/femme), si elle est presque systématiqment prise en compte par les ONG anglosaxonnes et de plus en plus d’ONG du Sud, elle l’est nettement moins par les agences de développement françaises, alors même qu’elle a une incidence directe sur la place des femmes. Or, prendre en compte cette dimension transversale dans les projets (ce qui serait plus contraignant que d’établir un quota de "projets femmes")nécessite une attention permanente afin d’analyser, pour chaque projet, dans chaque contexte, quelles sont la place et l’analyse respectives des hommes et des femmes, en quoi le projet va avoir une incidence (positive et négative)sur leur situation et sur leur relation, quels seront les résultats quantitatifs et qualitatifs pour les uns et pour les autres.
Quant à la dimension culturelle, l’étude menée parallèlement en Argentine et au Sénégal a bien montré qu’elle était une donnée importante, qui justifie aussi des différences d’approche.
Il paraît donc nécessaire d’osciller entre deux exigences : les femmes ont des contraintes propres et des besoins spécifiques liés à leur rôle de mère, au fait que la crise économique accentue la précarité de leur situation (on parle de féminisation de la pauvreté)et qu’elles vivent dans des sociétés qui leur sont culturellement, socialemennt et politiquement défavorables. Ceci nécessite donc de soutenir des projets qui leur soient spécifiques.
Mais, en même temps, les femmes, qui représentent la moitié de l’humanité, ne constituent pas pour autant (et c’est heureux)un groupe homogène. Elles manifestent des besoins et des intérêts diversifiés en fonction d’autres faceurs tels que leur âge, leur position sociale, leur environnement culturel.
Ce double constat tendrait à privilégier une approche plus globale et relationnelle, en particulier dans le cadre de projets de développement local, approche qui mettrait en évidence l’impact du projet, non seulement sur la situation respective des hommes et des femmes, mais aussi sur leur relation et son évolution.
Il apparaît donc qu’une politique qui chercherait à promouvoir les femmes n’est pas réductible à un nombre de projets ayant comme "groupe cible" un public féminin, pas plus qu’elle ne dépend du seul nombre de femmes mobilisées au Nord et au Sud sur cette question. La mise en oeuvre d’unepolitique dans ce domaine s’évalue aussi au choix que fait le CCFD de faire de la problématiqe homme/femme un critère et un outil d’analyse dans l’ensemble des projets qu’il soutient et d’avoir le souci de la représentation des femmes à tous les niveaux. Une politique dans ce domaine ne peut donc reposer que sur une attention, voire une vigilance, permanente, une sorte de réflexe diffus mais constant acquis par le plus grand nombre, plutôt que par une poignée de convaincus qui évoluent à la marge.
mujer, derechos de las mujeres, ONG, solidaridad, evaluación, proyecto de desarrollo, género
, , Senegal, Argentina
Quand les femmes se mobilisent pour la paix, la citoyenneté, l’égalité des droits
Fiche rédigée à partir des études réalisées par le service Etudes-Evaluations du CCFD en 1994 et 1995.
Documento interno
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