Cette fiche reprend de larges extraits d’un article de Debby Leyh paru dans la revue Connections (Pays-Bas, mars 1996, n° 1). L’auteur a eu l’occasion de rencontrer la coordinatrice du Conseil des femmes asiatiques pour les droits humains (AWHRC) dont le siège est à Manille (Philippines). L’enthousiasme de cette femme l’a incitée à présenter cette organisation dont l’histoire l’a impressionnée.
« En 1986, quelques Asiatiques se réunissaient à Bangkok (Thaïlande) pour débattre des luttes féminines dans leurs pays. C’est à la suite de cette rencontre que le Conseil fut créé. Fondé sur un principe fondamental : les droits de l’homme sont aussi les droits de la femme, il se proposait d’appréhender les droits humains qui s’attachent à la problématique hommes-femmes.
« L’AWHRC développe ses actions dans trois directions :
éduquer le public
renforcer les capacités des femmes et leur accès à l’information
combattre la pensée dominante qui, dans le monde, accepte et cultive la violence.
« Par-delà le jargon militant utilisé, l’AWHRC semble avoir réussi à traduire sa rhétorique dans la réalité. Ses initiatives et sa démarche méritent d’être louées.
Les initiatives
« Ce réseau régional a engagé plusieurs initiatives notables qui couvrent quatre domaines :
la recherche et la collecte de données, dont celles sur la « prostitution militaire » et le tourisme sexuel
le lobbying politique : l’AWHRC participe à des conférences nationales, régionales et internationales ainsi qu’à des commissions et à leur préparation, dont un nombre important de commissions des Nations Unies
la diffusion de l’information par l’intermédiaire de sa propre publication, The Quilt, et de Asian Womenews
l’audition publique de témoins (Public Hearings).
Les tribunaux de femmes
« Cette dernière initiative mérite une attention spéciale et présente un intérêt particulier pour ceux des militants des droits humains qui recherchent des moyens de « base » pour assurer la justice et la réparation des crimes commis contre les femmes.
« C’est en 1993 que l’AWHRC a commencé à promouvoir ces auditions publiques, connues sous le nom de « tribunaux de femmes » (Women’s Court). Elles traitent d’une grande variété de questions relatives aux « crimes contre les femmes dans la région Asie-Pacifique ». A ce jour, l’AWHRC a patronné ou co-organisé sept tribunaux de femmes dans diverses villes de la région. Des groupes de femmes et un large public assistent à ces audiences. Elles donnent aux femmes qui ont été victimes de persécutions, discriminations et violences du fait de leur sexe, l’occasion de présenter leurs cas.
« En 1993-1995, sept tribunaux de femmes ont ainsi été réunis à Lahore (Pakistan), Tokyo (Japon), Bangalore (Inde), Le Caire (Egypte), Manille (Philippines), portant sur un ensemble de questions : violences contre les femmes, crimes de guerre et traite des femmes, crimes contre les femmes dalit et indigènes, conséquences sur les femmes des politiques démographiques, du modèle dominant de développement, du choix nucléaire. Le point culminant de ces initiatives a été l’audience publique mondiale qui s’est tenue pendant le forum des ONG lors de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes (Pékin, septembre 1995).
« Les auditions publiques représentent une façon innovante de traiter la violation des droits humains à l’encontre des femmes. Plus encore, elles produisent des résultats assez impressionnants en ce qui concerne la prise de conscience des victimes et elles leur offrent un moyen d’exprimer leur douleur et leur colère et d’amorcer un processus de guérison. En exposant leurs cas, les victimes espèrent contribuer à rassembler une documentation et des données sur ce type de crimes. Une information qui voudrait aussi aider à développer des stratégies de dédommagement au niveau local, national, régional et international. Finalement, l’AWHRC souhaite que ces audiences publiques contribuent au changement structurel indispensable et fassent que la justice ne soit plus aveugle aux abus et violations spécifiques perpétrés contre les femmes. Par leur existence même, ces tribunaux de femmes démontrent que notre système judiciaire actuel traite les droits des femmes en tant que droits humains de façon inadéquate. »
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, Asia
Quand les femmes se mobilisent pour la paix, la citoyenneté, l’égalité des droits
Selon le réseau Femmes sous lois musulmanes (FSLM), l’AWHRC a récemment organisé la défense des « comfort women », ces femmes qui étaient utilisées comme esclaves sexuelles par les forces d’occupation japonaises en Asie durant la Seconde Guerre mondiale. A la suite d’une importante campagne menée dans plusieurs pays anciennement occupés, ces femmes, qui ont maintenant entre 70 et 80 ans, ont obtenu des excuses officielles de la part du gouvernement japonais qui doit examiner leurs demandes de réparations. Cette initiative a fait boule de neige dans des pays comme le Bangladesh où, durant la guerre de libération, quelques 200 000 femmes ont été violées et mises enceintes par les troupes indiennes et pakistanaises.
Contact : AWHRC, P.O. Box 1013, Diliman, Quezon City, Philippines - Tél. : (632)924 64 06 - Fax : (632)924 63 81
Artículos y dossiers
LEYH, Debby, Spotlight presents The Asian Women’s Human Rights Council, Vrouwenberaad Ontwikkelingssamenwerking in. Connection, 1996/03 (PAYS BAS)
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