Georges THILL, Jean-Paul LEONIS
08 / 1995
Il existe au Bénin des forêts sacrées non spécifiées. Cette catégorie regroupe des bois sacrés qui sont à la fois fétiches, cimetières et communautaires. Elles représentent 16% des forêts sacrées.
Le fondement ou l’essence de la conservation des forêts sacrées réside dans la religion et la punition des mauvaises conduites.
Au sein de ces forêts sacrées, toutes les essences n’ont pas la même importance. Certaines ont la réputation d’incarner les esprits, d’autres de sanctifier ou de purifier ou de neutraliser les mauvais sorts.
Le fétiche Dan a pour meilleur refuge l’iroko (Milicia exelsa). A l’intérieur des forêts fétiches, c’est au pied d’un grand iroko qu’ont lieu les cérémonies de vénération de ce fétiche. Cette essence est partout protégée par les populations locales, même à l’état isolé dans les champs, aux abords des habitations. Les jeunes semis naturels de cette espèce sont protégés et entretenus par les populations.
Le Vodjou Xebiosso préfère l’Agnan (Dracaena arborea). On dit d’ailleurs: "On ne manquera jamais de trouver une grande quantité de sève dans le tronc de Dracaena arborea quel que soit le degré de déficit hydrique du sol qui le supporte". La sève est ici assimilée à l’eau, symbole de Xebiosso, générateur de pluies, source de vie et de bonnes récoltes. Il y a toujours des pieds de cette espèce près des couvents de la divinité Xebiosso. Bien que cette essence soit de peu de valeur économique, elle est protégée par la population locale du département du Mono.
La divinité Gou est symbolisée par un morceau de fer sur une motte de terre au pied d’un Dessre (Newbouldia laewis). Cette espèce joue un grand rôle dans la sanctification ou dans la neutralisation des malédictions.
Les trois espèces citées ci-dessus sont protégées, voire domestiquées par les populations locales compte tenu des multiples vertus qu’elles renferment.
A propos de la diversité spécifique des forêts sacrées, au total 85 espèces ont été inventoriées dans la forêt de Badjamey dont 87% de phanérophytes, 9% de géophytes, 2% de thérophytes et 1% d’hémicryptophytes. En 1984, on a recensé 58 espèces dans la forêt sacrée d’Avegamey dont 82,6% de phanérophytes, 3% de chaméphytes, 5,2% d’hémicryptophytes, 5,2% de géophytes, 3,4% de thérophytes.
Dans la forêt sacrée de Dogbo, en 1969, on a recensé 99 espèces dont 84,5% de phanérophytes, 5% de chaméphytes, 4% de géophytes, 3% de thérophytes et 2% d’épiphytes.
Les espèces sont caractéristiques des forêts denses semi-décidues. Il s’agit de: Triplochiton scleroxylon, Ceiba pentandra, Antiaris toxicaria, Celtis adolfi-frederici, Albizia glaberrima dans la strate arborescente supérieure (hauteur supérieure à 25 m).
Dans la strate arbustive nous notons: Holarrhena floribunda, Bridelia atroviridis, Allophyllus africanum.
La strate sous-arbustive et herbacée est surtout dominée par Aneilema beninense, Panicum parvifolium, Securinega virosa, Talinum triangulare.
En Afrique occidentale "chez les populations animistes, dans le moindre village, il y a souvent un arbre de taille remarquable ou même un boisement tranchant avec la savane environnante qui fait l’objet d’un culte".
medio ambiente, animismo, bosque, religión
, Benín
Biodiversité : le vivant en mouvement
Lors des entretiens avec Nestor Sokpon, il nous a été permis de voir plus loin dans sa démarche d’ingénieur agronome s’occupant des techniques des forêts, car il a voulu mieux comprendre l’esprit qui l’entoure. Il vient de publier, avec ses compatriotes Valentin Agbo et Honoré Sodegla, une grande partie de son étude (Approches locales de gestion des forêts sacrées du Bénin: Etude de cas dans le département du Mono)qui a fait l’objet de 4 fiches, et qui est reprise également dans la préparation de sa thèse. En août 95, il a rencontré la coordination scientifique de PRELUDE pour demander conseil sur la façon d’appliquer dans son mulieu toutes ses références multiculturelles et protéger l’environnement. Il fera partie du sous-réseau PRELUDE "Pharmacopée" qui lui donnera une autre dimension en matière de forêt et santé humaine.
Nestor Sokpon, Faculté des Sciences agronomiques, Université Nationale du Bénin, B.P. 526, Cotonou, Bénin.
Entretien avec SOKPON, Nestor
Entrevista
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