Georges THILL, Jean-Paul LEONIS
08 / 1995
Dans le cadre du colloque international sur "Recherche développement à Kisangani, jachères améliorantes et fertilité des sols", Eugénie Ntakirutimana de la Faculté des Sciences de l’Université du Burundi a présenté le rôle important joué par les filles dans le développement socio-économique de pays africains car aux côtés de sa mère, dès son jeune âge, la fille apprend à veiller sur ses frères et soeurs et à préparer les repas. Elle participe également à tous les travaux champêtres et domestiques, du défrichage à la conservation des récoltes.
Selon l’auteur, on ne peut pas dire que la femme était négligée ou ignorée dans la société d’Afrique centrale, mais elle a occupé le dernier rang. Ainsi, lors des assemblées, les anciens se placent au premier rang, les hommes adultes derrière eux et les femmes au dernier rang. Dans les relations hiérarchiques, au Rwanda par exemple, "la répartition de la parole donne toujours raison aux vieux sur les jeunes, à l’homme sur la femme, au cadre sur le paysan.
Tout au moins au Burundi, les reines-mères étaient souvent consultées surtout quand le roi régnant était encore très jeune; c’est ainsi souvent la femme qui décidait dans les régimes matrimoniaux de l’avenir des enfants.
Au Congo, à l’époque coloniale, en 1950, les hommes effectuaient le tissage du raphia et la chasse, ensuite ils migraient pour travailler (mines, tracés des chemins de fer et des routes). Pour cette raison, et aussi à cause de l’apparition du système monétaire, les femmes durent pourvoir seules à l’entretien familial (s’occuper des enfants et des vieillards, aller chercher de l’eau, ramasser le bois, préparer les repas, veiller aux récoltes et à leur conservation).
En ce qui concerne le commerce, les femmes géraient leurs cultures vivrières mais la commercialisation était effectuée par les hommes. Parfois la femme devait attendre le retour de l’homme pour commencer la récolte. Au Burundi, la femme et les enfants n’étaient pas autorisés à manger la pâte d’éleusine d’une nouvelle récolte avant que le mari n’ait donné son autorisation.
A l’époque de la colonisation, l’éducation des enfants a apporté au sort des femmes quelques modifications. Au Burundi, par exemple, on entend "Nta mashure y’abakobwa" ("pas d’école pour les filles"), car étant jeune épouse, la fille doit quitter ses parents et s’intégrer totalement dans la famille du mari, l’investissement scolaire est considéré comme une perte car les femmes doivent s’occuper du mari, des beaux-parents, des enfants, et ne peuvent visiter leur famille sans l’accord préalable du mari. Les femmes se marient jeunes (entre 15 et 18 ans)et ont beaucoup d’enfants: "L’enfant est une richesse, la maternité fait la femme, l’enfant est le soutien des vieux jours".
Lorsque la femme travaille, elle acquiert une certaine liberté, tout en affrontant un nouveau problème: la gestion du salaire dont l’homme réclame la totalité. La modernité a poussé l’exode des hommes vers les grandes villes. C’est alors à la femme de s’occuper aussi du travail des hommes: l’entretien de l’enclos, des bananiers, des caféiers, des théiers, des cacaoyers, du bétail et même de la restauration de la maison.
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, África Central
La santé est liée à un contexte plus général d’éducation, d’hygiène, d’organisation familiale, de conditions économiques, de culture. En 1988, on note que 73,1% des femmes africaines étaient actives dans l’agriculture. La scolarisation et le développement intégré ont contribué à améliorer la vie des femmes, avec l’installation de moulins pour le maïs, le manioc, le sorgho, les points d’eau potable, comptant que leur espérance de vie dépassera les 50 ans.
Pour une meilleure intégration, la femme doit accèder à la formation, information, vulgarisation; vaincre les problèmes de mentalité, de formation, d’outils appropriés; de l’exiguïté du terrain, du manque de temps dû aux charges familiales, aux traditions (champs ouverts, cultures en association).
Les femmes réunies au colloque sur "Les réalités socio-économiques de la femme africaine", tenu au Québec en 1988, proposent d’utiliser les associations féminines pour faciliter le développement et l’épanouissement des femmes.
Eugénie Ntakirutimana, Faculté des Sciences de l’Université du Burundi.
Actas de coloquio, encuentro, seminario,…
NTAKIRUTIMANA, Eugénie, PRELUDE, Actes du colloque international "Recherche-action", Université Libre de Bruxelles, 1991, Université de Kisangani, 1994/01/08 (Belgique)
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