Le rapide développement économique de la Corée du Sud a donné naissance à une classe moyenne de plus en plus influente et qui, au cours des années 80, est devenue incapable de supporter un gouvernement autoritaire
09 / 1996
L’auteur, un avocat d’affaires et militant des Droits de l’Homme, habite à Djakarta (Indonésie).
"L’autoritarisme coréen a semblé avoir trouvé une légitimation (légitimation par défaut)pendant près de 40 ans dans les menaces que faisaient peser sur lui la Chine et la Corée du Nord. Depuis 1948, en effet, mise à part la parenthèse de la seconde République (1960-1961), le caractère autoritaire du gouvernement coréen a été prédominant, jusqu’à la présidence de Roh Tae Woo (1988-1993), qui a marqué la transition.
L’autoritarisme a été favorisé par le caractère hautement centralisé du gouvernement et l’institutionnalisation de valeurs sociales qui sont autoritaires par nature.
Heureusement, le rapide développement économique de la Corée du Sud a donné naissance à une classe moyenne de plus en plus influente et qui, au cours des années 80, est devenue incapable de supporter un gouvernement autoritaire. De plus en plus nombreux étaient les Coréens convaincus que démocratie et démocratisation constituaient le seul ticket d’entrée dans le club des pays avancés.
Ces facteurs internes ainsi que les pressions externes venues en particulier des Etats-Unis ont contribué à accélérer le processus qui a abouti à l’élection de Kim Young Sam qui est un président beaucoup plus démocratique que ses prédécesseurs.
Il est clair en tout cas que les facteurs externes n’ont pas joué un rôle déterminant dans la transition vers la démocratie même s’ils ont pesé d’un certain poids et s’ils jouent un rôle de plus en plus important (conditionalité, droits de l’homme). Il ne faut pas négliger, en particulier, l’impact de l’opinion publique qui s’exprime à travers la presse internationale et les organisations non gouvernementales.
Mais la clé de la démocratisation se situe à l’intérieur de la société civile. Si la société civile est forte, la démocratisation s’institutionnalisera plus rapidement. Par contre, si la société civile est faible, le processus de démocratisation prendra davantage de temps pour se matérialiser. Malheureusement, la réalité dans le Tiers Monde et, en particulier en Indonésie, c’est la faiblesse de la société civile par rapport à la puissance de l’institution gouvernementale ainsi que Robinson l’a montré dans une publication de 1993.
Plus regrettable encore est le fait que beaucoup ont été impressionnés surtout par les politiques fondées sur l’ouverture, qu’il s’agisse de libéralisation ou de dérégulation économique. Or, libéralisation et dérégulation ne sont pas équivalents à démocratisation ni à démocratie.
Dans ce contexte, il est intéressant de lire le rapport de Freedon House dont la conclusion est la suivante : en 1993, le nombre de pays non libres a augmenté par rapport à l’année précédente : 55 au lieu de 38 en 1992. Encore plus grave : l’Indonésie fait partie de ces 55 pays. En supposant que les conclusions de Freedom House soient correctes, il devient plus difficile pour nous de parler de démocratisation et de démocratie. Nous pouvons seulement dire qu’en réalité, il nous faut encore parcourir beaucoup de chemin avant que le mot de démocratie ait un sens".
derechos humanos, proceso de democratización, transición política, crecimiento económico, sociedad civil
, Asia, Corea del Sur, Indonesia
Ce texte prend du relief en 1996 après les émeutes qui ont secoué l’Indonésie à l’occasion de la succession du Président Suharto.
Artículos y dossiers
Mulya Lubis, T. in. The Djakarta Post, 1994/02/12 (Indonésie)
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