Après le capital et la main d’oeuvre, les pays asiatiques jouent la carte de la recherche-développement
09 / 1996
En Malaisie, à Singapour, à Taïwan partout on se préoccupe de productivité (du capital, mais surtout du travail). C’est une affaire difficile que de mesurer la productivité et d’en isoler les différentes composantes.
Depuis qu’on a affirmé (Krugman)que les succès asiatiques avaient été obtenus à coup de capital et de main d’oeuvre, au risque de connaître bientôt le déclin des pays ex-communistes, les pays asiatiques s’efforcent d’apporter la preuve du contraire.
Krugman affirme en effet qu’un développement fondé sur la croissance de la main d’oeuvre et du capital n’est pas soutenable pendant longtemps.
Afin de contrer Krugman, de nombreux intellectuels et dirigeants asiatiques s’efforcent de montrer que les pays asiatiques ont réalisé de substantiels progrès technologiques.
Les pays asiatiques ont démarré à partir d’une très grande pauvreté. Il aurait été déraisonnable pour ces pays de beaucoup investir dans les techniques avancées. C’est dans la logique des politiques du développement. Celle qu’ont suivi par exemple les Etats-Unis à la fin du XIXè siècle. Lorsque suffisamment de capital physique a été accumulé, le progrès technique a joué un rôle de plus en plus important. Encore faut-il pour effectuer ce passage s’être doté d’une "capacité sociale", en termes d’éducation, de compétences techniques et d’institutions commerciales, industrielles, financières adéquates.
Il aurait donc été naïf de penser que les pays de l’Asie de l’Est pourraient consacrer à la Recherche Développement autant que les pays avancés. Mais actuellement, les choses changent rapidement de ce point de vue à Taïwan et en Corée qui consacrent respectivement à la RD 1,8% et 2,1% de leur produit national, ce qui se compare favorablement avec les pays européens.
Les Asiatiques n’ont donc pas de raison d’être sur la défensive ni d’être pessimistes : ils joueront probablement un rôle dominant dans l’économie mondiale au cours du prochain millénaire.
C’est pourquoi Krugman qui a probablement raison lorsqu’il traite de la croissance passée en Asie de l’Est, a tort quand il passe aux prédictions pour le futur. En aucun cas, les économies asiatiques ne méritent une comparaison avec une Union Soviétique discréditée.
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, Malasia, Singapur, Taiwán, Corea del Sur, Asie de l’Est
Les affirmations de Krugman suscitent de nombreux commentaires dans la presse asiatique et anglo-saxonne. Outre qu’elles s’appuyent sur des calculs de productivité incertains (d’autres auteurs proposent des calculs contradictoires avec ceux qu’il retient)elles ne tiennent jamais compte de la mobilisation qui dans ces pays a permis une maîtrise des technologies extrêmement rapide. On constate par exemple qu’à capacité installée égale, l’investissement dans la sidérurgie coréenne a coûté 2 fois et demi moins cher qu’en France, 6 fois moins qu’en Algérie et 12 fois moins qu’au Nigéria !
Artículos y dossiers
QUIBRIA, M.G. in. Far Eastern Economic Review, 1996/08/22 (HONG KONG)
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