09 / 1996
Au XVIII° siècle, l’agriculture était le seul secteur productif puis on est passé à l’industrie. On a glorifié successivement l’économie primaire puis le prolétariat. Aujourd’hui, "l’arrogance des vieilles industries, sidérurgie, chantiers navals, industrie automobile, industrie textile, est en train de s’affaisser : ni les recettes keynésiennes, ni les thérapeutiques monétaristes ne fonctionnent ; il faut repenser le problème du chômage..."
Les chercheurs scientifiques d’aujourd’hui se demandent comment les systèmes se comportent en état de turbulence ; comment un ordre finit par se dégager de situations chaotiques, comment des systèmes en développement sautent à des degrés de développement supérieurs. Le bond qui nous projette à un plus haut niveau de diversité, de vitesse, de complexité exige que soit accompli un bond correspondant vers des formes d’intégration plus élevées et sophistiquées. Car il ne s’agit plus seulement de terre, de capital et de travail mais d’intégration-mobilisation à un niveau plus élevé.
Il faut préférer l’interconnexion à l’isolement, l’intégration à la séparation, la simultanéité en temps réel aux étapes séquentielles, ce sont là les impératifs sur lesquels se fonde le nouveau paradigme de la production.
Aujourd’hui, le pouvoir se déplace depuis les lents vers les rapides (rapidité avec laquelle l’information parcourt le système économique). Plus le temps devient précieux, moins les facteurs traditionnels de production ont de l’importance.
Dans ce contexte, la main d’oeuvre à bon marché tend à devenir "chère" ; elle ne suffit plus en tout cas à assurer le marché. Le clivage est entre économies rapides et économies lentes. Le déphasage entre rapides et lents devient une des clés d’explication...
Aucun effort ne portera ses fruits si le pays concerné ne devient pas partie prenante à l’économie mondiale à rythme rapide ainsi qu’aux réseaux de télécommunication et à l’information qui la sous-tendent.
Toutefois, les pays lents ont la possibilité de sauter l’étape de développement d’une lourde infrastructure et de passer d’un bond des communications de la première à celle de la troisième vague sans avoir à investir les sommes considérables requises pour l’élaboration des réseaux et systèmes de la deuxième vague.
Dorénavant en tout cas, le fossé est d’ordre informatique et électronique ; c’est moins un fossé Nord/Sud qu’un déphasage entre rapides et lents où réside la clé du développement économique.
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L’opposition entre rapides et lents est un point de vue original. On peut se demander toutefois si la "rapidité" ne prend pas racine dans de longues maturations.
Libro
TOFFLER, Alain, Les nouveaux pouvoirs, Fayard, 1996 (France)
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