español   français   english   português

dph participa en la coredem
www.coredem.info

diálogos, propuestas, historias para una Ciudadanía Mundial

Premières leçons de l’expérience d’Agir ici

Un réseau de citoyens tiersmondistes est-il vecteur de changement social ?

Pierre Yves GUIHENEUF, Anne Sophie BOISGALLAIS

12 / 1994

Si on considère le citoyen comme un individu conscient de son efficacité collective, le rôle des signataires d’Agir Ici, groupe de pression tiers-mondiste, est un rôle-clé, puisque ce sont ceux-ci qui envoient des lettres à leur député ou aux membres du gouvernement. Pourtant, le lobby d’experts ou - mieux - les campagnes de presse montrent que le lobby peut être efficace sans citoyens par milliers. Cette option du lobby d’élite est contraire à l’idée d’Agir Ici, qui choisit d’être aussi un groupe d’éducation à la citoyenneté.Il faut toutefois retenir que la mobilisation citoyenne et le changement social ne sont pas linéaires , les médiateurs en tous genres interfèrent considérablement (démultiplicateurs comme les médias ou les alliances d’ONG, blocages comme les professionnels ou les lobbies adverses, inerties comme les administrations...). Le processus social lancé par une campagne se résume donc à une équation aux combinaisons d’intérêts d’une rare complexité et à la conclusion parfaitement imprévisible.

Les ONG dans leur ensemble ne constituent pas un contre-pouvoir, occupées qu’elles sont à quémander une part du petit gâteau de l’aide publique au développement déléguée par l’Etat. Beaucoup d’ONG sont des relais des pouvoirs publics du fait de leur dépendance financière. Agir Ici ne peut toutefois se passer de leur effet démultiplicateur dans certaines campagnes. Les alliances sont à chaque fois différentes, touchant les milieux de la paix, de l’écologie, du tiers-monde, des droits de l’homme...

Les décideurs politiques sont loin d’être unis ou homogènes. Le plus souvent, les citoyens arrivent au sein d’un débat qui est déjà déclaré dans la fonction publique. Leur combinaison d’intérêts est en elle-même imprévisible, alors que le plus souvent, les professionnels sont plus prévisibles. La plupart du temps, ils sont contre une politique Nord-Sud plus équitable qui remette en cause leurs intérêts ! Du côté, des députés, les choses sont plus simples si l’on considère que la césure principale entre majorité et opposition est toujours valable quelque soit l’éthique individuelle des élus du peuple. Tous sont également sensibles aux médias et prennent des décisions en fonction de l’importance donnée à un problème par le quatrième pouvoir.

La grande leçon des 25 campagnes menées à ce jour par Agir Ici réside dans la fluidité des décisions. Les déclarations de principe non suivies d’effet, les décisions soumises à revirements... tout ce qui prouve que le changement n’est jamais définitivement acquis fait pencher vers la nécessité de suivre les décisions en dehors des périodes de campagne. Agir Ici a toujours été clair sur son impossibilité d’assumer ce suivi, car le groupe de lobby se situe en complémentarité d’autres associations spécialisées qui suivent très précisément un thème, au point d’ailleurs de se constituer en experts sur la question.

Du côté des experts, on trouve plutôt des lobbyistes que des maîtres objectifs sur une question. C’est exactement le débat sur la neutralité de la science. A part des juristes qui rédigent des amendements sans états d’âme, tous les experts ont quelque chose à défendre, un peu dans la ligne des professionnels. Ce sont des catégories qui connaissent de grandes divergences en leur sein. Bien qu’ils constituent un "deuxième cercle" dans les campagnes, leur rôle peut arriver en premier plan en tant qu’appuis inespérés ou en tant qu’adversaires déclarés. Pour les experts "amis", la plus grande difficulté réside dans le fait de leur faire comprendre le rythme et les besoins d’un groupe de lobby porteur de campagne.

En guise de conclusion, quelques pistes de réflexion :

- l’information est un préalable au changement

- il n’existe aucun déterminisme des relations sociales

- la mobilisation micro-sociale est insuffisante pour le changement macro-social

- le changement commence par l’individu, à condition toutefois que celui-ci ait une conscience de citoyen

- nous sommes passés d’une culture d’opposition des années 1960-1970 à une culture du compromis des années 1980-1990.

- nous assistons en France au fractionnement de la société et des valeurs : le peuple se délimite en groupes d’intérêts et de citoyens, l’idéologie se fractionne en valeurs isolées qui ne sont plus mises en perspectives, etc.

Palabras claves

relaciones micro macro, cambio social, presión política, red de ciudadanos


, Francia

Fuente

Informe ; Presentación de organismo

BOISGALLAIS, Anne Sophie, Agir Ici, Agir Ici : bilan d'une expérience, FPH, 1994/06 (France), n° 69

GEYSER (Groupe d’Etudes et de Services pour l’Economie des Ressources) - Rue Grande, 04870 Saint Michel l’Observatoire, FRANCE - Francia - www.geyser.asso.fr - geyser (@) geyser.asso.fr

menciones legales