Depuis 1945 au Brésil, le nombre d’exploitations agricoles a été multiplié par 3,7 et le nombre d’hectares cultivés par 2. La taille moyenne des exploitations s’est donc réduite, mais cela s’est fait essentiellement aux dépens des petites unités. Celles de moins de 10 hectares représentent 53 % des exploitations mais ne couvrent que ... 2,6 % de la surface cultivée ! Celles de 10 à 100 hectares vivent une évolution similaire. L’agriculture au Brésil, c’est "beaucoup de terre pour peu et peu de terre pour beaucoup". Les évolutions récentes renforcent la tendance.
L’agriculture paysanne suscite des questions qui dépassent largement le cadre brésilien. La première est celle de sa viabilité - par rapport à un secteur agro-industriel "moderne" - et de sa capacité à s’insérer dans un marché toujours plus ouvert. Mais quand on regarde de près les grandes exploitations que les tenants de la libre-entreprise mettent en avant, on se rend compte qu’elles bénéficient de subventions publiques, de remises de taxes et d’impôts, de conseils techniques et recherche dont les petits agriculteurs n’ont pas l’équivalent. Difficile, dans ces conditions, de prendre leur compétitivité comme référence.
L’autre question est celle de la capacité de la petite agriculture à répondre à deux grands enjeux qui se posent au Brésil : celui de l’emploi et celui des freins à l’urbanisation et à la concentration côtière. Les exploitations de moins de 50 hectares fixent en milieu rural 70 % des actifs agricoles, soit environ 16 millions de personnes. Envisager la disparition de leur emploi pour cause de performances économiques insuffisantes causerait à la collectivité brésilienne des coûts insupportables.
La troisième question est celle du rôle de la petite agriculture dans le processus de démocratisation du Brésil. Au niveau du partage des ressources, de l’accès aux marchés et de la participation politique, il y a des enjeux majeurs, qui passent par la mise en place d’alliances entre groupes sociaux et par la reconnaissance de la place des petits producteurs dans le processus de développement du pays.
Au travers de 23 entretiens avec des brésiliens connaisseurs de leur agriculture, on voit posée la question des formes d’appui à la petite agriculture. Elles passent par 5 domaines principaux :
- celui de l’accès à la terre : le manque de terre concerne 5 millions de familles paysannes
- celui de la mise au point de technologies adaptées à la petite production
- celui de l’association des producteurs et du renforcement de leurs organisations
- celui de l’accès aux marchés
- celui de l’accès au crédit
La petite production joue déjà un rôle considérable au Brésil. La rendre économiquement plus viable est également possible, mais cela suppose une certaine volonté politique et passe par une meilleure répartition des aides publiques.
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, Brasil
Libro
ADANT, Philippe, ALTAFIN, Iara, FPH=Fondation Charles Leopold Mayer pour le progrès de l'homme, Agricultures paysannes au Brésil : enquête sur un enjeu national, FPH in. Dossier pour un Débat, 1991/06 (France), n° 4
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