Les études réalisées pendant les années de l’Intifada montraient que les enfants engagés dans le soulèvement semblaient avoir développé une image d’eux-mêmes plus positive, un sentiment de contrôle possible de l’adversité qui devait avoir joué un rôle protecteur par rapport à l’émergence de symptômes. Dans une étude publiée dans l’American Journal of Orthopsychiatry en 90 qui porté sur 796 enfants palestiniens, Ahmad Baker concluait : "la façon dont les individus sont perçus par leurs pairs dans le contexte de tels conflits semblent cruciales pour déterminer dans quelle mesure ils peuvent se protéger des effets adverses du stress". Les jeunes lanceurs de pierres de Bethehem, de Ramallah, de Hébron ou de Néplouse qui actuellement remplissent à nouveau les écrans de télévision ont souvent perdu espoir de pouvoir influencer le cours de l’histoire ; on ne peut plus compter sur les mêmes facteurs de protection : leur violence est davantage celle du désespoir.
Face à une situation où beaucoup de conditions se trouvent réunies pour compromettre le bien-être spychosocial des enfants et des adolescents palestiniens, les professionnels de la santé mentale et de l’enfance en général sont certes mobilisés, mais avec des moyens qui restent limités. Les possibilités de prise en charge des problèmes psychologiques et psychiatriques d’une façon générales en Palestine sont réduites. En Cisjordanie, on compte quelques 15 psychiatres, qui dans leur majorité, voient surtout des patients adultes psychotiques. La seule structure hospitalière psychiatrique ne comporte pas de service pour enfants ou adolescents. Les psychologues sont encore moins nombreux que les psychiatres.
En ce qui concerne la Bande de Gaza, on y trouve également un hôpital psychiatrique gouvernemental très axé sur la psychiatrie lourde mais aussi un Centre de santé mentale communautaire qui a beaucoup contribué à la promotion de la santé mentale par la multiplication de ses actions de formation auprès des enseignants, des médecins et des infirmières en particulier.
Pour faire face aux besoins, de nombreux programmes de formations courtes ont été (et sont toujours)mis sur pied, avec plus ou moins d’efficacité : des "counselors" qui ont au départ deux ou trois années d’université en sciences sociales ou en psychologie sont formés au soutien psychologique et travaillent principalement dans des ONG. Ces centres offrent en général divers services (accueil et soutien psychologique, consultations juridiques, activités plus ciblées...)pour promouvoir une meilleure qualité de vie et accueillent plus particulièrement les femmes, les enfants et les adolescents. Si certains "counselors" travaillent dans un véritable esprit de développement communautaire, d’autres offrent plutôt des "psychotérapies" bon marché.
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, Palestina
Il est bien sûr nécessaire d’aller au-delà des interventions ciblées sur le traitement à un niveau individuel des troubles psychologiques, il est indispensable de mettre en oeuvre une stratégie fondée sur une compréhension exhaustive de l’impact du conflit.
Parallèlement à des stratégies curatives il est important de mettre en place des stratégies préventives qui renforcent la résilience des enfants, de leur famille et de la communauté et assurent leur protection juridique et sociale. De nombreuses initiatives sont prises dans ce sens par des ONG palestiniennes ou étrangères et par les différents ministères palestiniens. On citera par exemple la création récente de 200 postes de "counselors" dans des écoles gouvernementales par le Ministère de l’Education ou encore les tentatives d’intégrer les préoccupations de santé mentale dans le système de soins de santé communautaire.
S.MANSOUR est psychologue. Elle travaille à l’université de Birzeit, département de santé publique/communautaire en Palestine.
Texto original
MANSOUR, Sylvie (France)
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