En 1947, le KMT, véritable parti-État, imposa la loi martiale à Taiwan. Tous les médias devinrent sujets à un contrôle étatique serré. L’état de siège fut levé en 1987. Toutefois, les trois stations de télévision sont encore entre les mains de différentes branches de l’appareil étatique : TTV est la propriété du gouvernement provincial de Taiwan; CTV est dirigée par le KMT; et CTS est sous le contrôle de l’armée. En maintenant sa mainmise (tantôt directe, tantôt indirecte)sur les deux journaux principaux et sur les trois postes de télévision, le KMT a manipulé avec succès l’opinion publique et étouffé la liberté d’expression.
Dès les années 80, une vague pro-démocratie déferla sur l’île. En particulier, l’opposition contestait la loi martiale avec une intensité toujours croissante. Fermiers, travailleurs, écologistes, militants des droits humains descendaient dans la rue revendiquer une reconnaissance légale de leurs droits. Le KMT tenta de mater les vagues de contestation sociale pro-démocratie en misant sur les forces de répression (l’armée et la police). Les médias officiels traitaient les manifestants d’émeutiers violents. Bref, on continuait à manipuler l’opinion publique. à la même époque, des revues politiques dissidentes connaissaient une grande popularité.
En 1986, la Green Team, une organisation clandestine de vidéastes, commença à filmer ces manifestations et à produire et distribuer les vidéos. Ces efforts amenaient les gens à voir le mouvement d’opposition sous un nouvel éclairage. Entre 1987 et 1988, la Green Team et Third Vision produisaient des vidéos sur les principales manifestations de protestation qui marquèrent le point tournant du processus de démocratisation à Taiwan.
En 1990, la Green Team fondait une station de télévision clandestine afin de contrer la campagne de propagande électorale pro-gouvernementale menée par les trois stations officielles. Pendant ce temps, d’autres organisations tentaient d’interrompre la diffusion de la télévision officielle. De plus, des stations de télévision mobiles se joignaient au mouvement contre le contrôle étatique des médias de masse.
Dès 1991, il existait 300 postes de câblodiffusion, tous illégaux, la câblodiffusion étant interdite. En 1991, le parti d’opposition, le DPP, commencait à diffuser, sur des canaux câblés, des discours politiques, des nouvelles sur la contestation sociale et des émissions de débats politiques. Ces postes sont surnommés "Democracy CTV". Cela marquait le début du journalisme à la télévision communautaire taiwanaise. Toutefois, en l’absence d’une participation communautaire dans la production, il ne s’agissait toujours pas d’une télévision véritablement communautaire. En 1993, cédant à la pression, le gouvernement légalisait la câblodiffusion.
En 1994, on assistait à l’émergence de radios clandestines qui suscitèrent rapidement beaucoup d’intérêt avec ses émissions de lignes ouvertes. Le caractère immédiat de ces émissions inspira une participation populaire et fit jaillir des opinions systématiquement ignorées par les radios officielles. Mais, encore plus important, ces radios clandestines sont devenues des instruments de mobilisation de masse de même qu’une arène de combat permettant de sensibiliser la population aux liens indissolubles entre la liberté d’expression et la démocratie. Le 1er août 1994, le gouvernement du KMT fermait simultanément les 14 postes de radio clandestine à l’aide d’hélicoptères et de 6 000 policiers. Cet assaut crépusculaire provoqua d’énormes manifestations et une émeute à Taipei, la capitale. Certains postes revinrent en onde aussitôt et reçurent des contributions financières substantielles de leurs auditeurs. Cette répression n’a fait que confirmer la mentalité autoritaire du KMT et sa crainte de la liberté d’expression.
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, Taiwán
Depuis 1986, des gens poursuivent sans relâche la lutte pour la liberté d’expression, c’est-à-dire contre la mainmise de l’État sur les médias. Les protestations ont été menées en marge de la société via la distribution de vidéos clandestins, le brouillage de la télévision officielle, un réseau câblé d’opposition et des émissions de radio clandestine. C’est une guerre contre le contrôle des médias exercé par le KMT et pour la liberté d’expression. Voilà un tableau de la situation des médias électroniques au moment où Taiwan vogue péniblement mais inévitablement vers la démocratie.
Winter Chiang travaille au Taiwan Report.
Fiche traduite en anglais et en espagnol.
Artículos y dossiers
Videazimut, Télévision locale, communautaire et d'accès public in. Clips, 1994 (Canada), 6
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