Jean-Yves BOUDOT travaillait comme directeur de centre social jusqu’à ce qu’il suive la formation d’animateur-thérapeute des Ateliers de l’Art Cru 5f. fiches précédentes). A sa sortie, il y a un an, convaincu d’avoir trouvé un potentiel nouveau pour sa profession, il monte à son compte, soutenu par la Fédération des Centres Sociaux du Loiret, un atelier d’expression polyvalent - peinture, argile, collage - pour les exclus d’Orléans.
Rapidement, il accueille, pour des cycles de six mois renouvelables une fois, plusieurs groupes: bénéficiaires du RMI, femmes isolées, migrants.
Il explore aussi les banlieues, s’adressant cette fois-ci aux adolescents. Il raconte les étapes par lesquelles ces derniers ont du passer pour parvenir à dessiner pour eux-mêmes. Passer la barrière de l’agressivité, puis celle de l’expression normative du quartier que répresentent le rap et les tags, et enfin la pression excercée par le groupe à l’encontre de tout jeu enfantin. Après cette première expérience de six mois, Jean-Yves BOUDOT avait déjà perçu une évolution.
Pour les adultes, le bénéfice de l’atelier varie d’un individu à l’autre - de l’auto-thérapie à la simple récréation -. On observe cependant, d’après les témoignages, quelques règles générales. Les six heures hebdomadaires passées au sein de l’atelier permettent à toute personne de rencontrer des gens dans la même situation et de partager quelque chose de plaisant avec eux, d’évacuer ses problèmes, de se ressourcer, de retrouver le désir de vivre et d’avancer, de se découvrir de nouvelles potentialités, et d’expérimenter des modes d’expression auxquels la plupart n’avaient jamais accédé.
La difficulté de cette démarche tient à sa position - délicate - par rapport aux clivages du secteur social. Les chargés de mission de la Cellule Locale d’Insertion dont en dépend le financement ont du mal à l’identifier et à la situer parmi les différentes phases du processus de réinsertion toujours compartimentées. Car la démarche de développement personnel conduite dans l’atelier d’Orléans intervient bien sur au premier palier mais sert aussi d’accompagnement jusqu’au dernier. L’atelier n’est ni plus ni moins que l’espace de liberté, d’expression et de jeu groupal qui manque dans nos villes et dont les exclus ressentent encore davantage l’absence parce qu’ils ont peu de contrepartie. Le contrat que Jean-Yves BOUDOT avait passé pour un an avec la CLI d’Orléans sera-t-il renouvellé ? Et si il l’est, pour combien de temps ? Autant d’interrogations qui poussent l’animateur-thérapeute à constituer une équipe et créer une structure qui, espère-t-il, obtiendra plus facilement la reconnaissance nécessaire.
Les projets pour l’année à venir ne manquent pas. Jean-Yves BOUDOT entend d’une part poursuivre son travail avec les exclus comme avec les adolescents, d’autre part former des animateurs de quartier à "l’accompagnement de cet acte de s’exprimer librement". "Pour qu’ils soient capables de mener une activité de peinture, argile ou autre d’une façon bénéfique pour la maturation de l’enfant ou de l’adolescent." Et pour que ces animateurs aient eux-mêmes l’occasion de faire l’expérience de leur propre créativité. Expérience qui produit toujours de nombreuses - et heureuses - répercussions.
persona excluida, inserción social
, Francia, Orléans, Loiret
Fiche réalisée à partir d’un reportage. A signaler : il existe un atelier similaire sur Périgueux. Il s’agit de l’atelier Gribouill’Art fondé par Yolande PARROU sous l’égide de "l’Art Cru Périgord".
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BOUDE-DUPUIS, Nathalie, INITIATIVES INFO
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