Fin 1982, j’ai pu réaliser deux applications de la micro-informatique favorisant l’information et l’expression de la population et la communication entre cette dernière et les décideurs.
A l’époque, les traitements de questionnaire coutaient très cher et surtout étaient très longs. Le développement d’une application de traitement de questionnaire sur un micro-ordinateur Apple II par moi a permis de remédier à ces deux défauts. La résolution du problème du temps de réponse a permis non seulement un retour rapide des données vers les ’décideurs’, mais aussi de restituer aux habitants l’information qu’ils avaient fournie. Ainsi des questionnaires remplis dans une cage d’escalier peuvent être traités et affichés le lendemain. Cela peut favoriser un dialogue, une concertation entre voisins. L’enquête par questionnaire devient alors un moyen d’animation collective, un outil de rencontre au lieu d’une simple mesure statistique de désirs individuels.
Ces questionnaires et les discussions avec les habitants servirent de base à l’élaboration de propositions, dans le cadre d’une opération ’Habitat et vie sociale’ entreprise par la municipalité d’Apt, dans le Vaucluse. Il ne s’agissait pas seulement que le bureau d’étude propose une solution, mais bien plusieurs solutions cohérentes en fonction de critères bien définis. La population pouvait émettre un choix à condition d’être correctement informée. Des moyens redondants furent mis en place : documentation textuelle classique, exposition dans une ’maison de quartier’ créée spécialement et une nouvelle machine pilotée par micro-ordinateur.
La machine devait permettre d’expliquer de manière personalisée les choix possibles. Les habitants n’étant pas des spécialistes, il était important d’utiliser des images. La machine mise au point utilisait deux écrans; sur un premier écran étaient projetées des photos; un deuxième affichait des textes. L’ensemble, piloté par micro-ordinateur, constituait une des premières applications d’audiovisuel interactif. La ’prise en main’ des habitants s’effectuait dès le départ en leur demandant d’indiquer le quartier auquel ils appartenaient. Aussitôt une vue du quartier était projetée, les rassurant sur leurs capacités à piloter la machine.
Trois niveaux de travaux étaient proposés. Ils étaient expliqués par des textes abondamment illustrés par des photos de réalisations comparables dans la région.
La procédure de réhabilitation des logements HLM utilisée : Habitat et vie sociale (HVS)entraînait une profonde modification des loyers. Ils devaient être augmentés de manière importante proportionnellement au niveau de travaux retenus. Seuls les habitants qui réunissaient encore les critères d’attribution de ces logements pouvaient bénéficier de l’APL (Aide personalisée au logement).
Les éléments permettant de calculer cet APL étaient demandés aux participants. Selon le niveau de travaux qui serait retenu, le loyer réel et le supplément restant à payer une fois l’APL déduit leur était communiqué. Ils pouvaient alors exprimer leur choix de niveau de travaux.
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, Francia, Apt, Vaucluse
Cette opération très innovante a connu une certaine publicité. La revue H des Hlm a publié un article très favorable sur le sujet. J’ai présenté l’expérience à plusieurs cabinets d’architectes connus pour leurs options ’participationistes’, répondu moi même à des Appels d’offres.
Aucun retour, aucune demande ne sont remontées. J’en ai conclu que la participation de la population à un niveau de maîtrise réel de la connaissance et de la décision fait peur aux décideurs. Quel que soit leur discours, ils préfèrent rester dans le cadre connu des négociations entre administrations, pouvoirs locaux et institutionnels.
La participation de la population a plus de chance d’être acquise à l’issue de luttes urbaines (hélas rares)que par décret des pouvoirs locaux.
Artículos y dossiers ; Texto original
RAMBAUD, Jean, Les H.L.M. électroniques d'Apt in. Le Monde, 1983/01/16 (France)
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