A la recherche de lien social...
04 / 1996
Confrontés directement à la montée des violences, les acteurs de la ville, institutionnels et associatifs, recherchent des solutions du côté de la médiation. L’expérience menée à Blois, en Loir-et-Cher, est à ce titre significative.
Médiation dans la cité
A Blois, dans les quartiers où tours et barres cohabitent depuis des dizaines d’années, le malaise social ne cesse de croître. Une grande partie de la population rencontre des difficultés de tous ordres : cellules familiales éclatées, précarité financière, extrême pauvreté, chômage, absence de repères sociaux... Des comportements violents se développent tant vers soi-même que vers autrui : ils sont l’expression d’un mal être et peuvent naître de l’impossibilité de pouvoir ou de savoir s’exprimer. Partant de ce constat, en 1992, un groupe de travail s’est mis en place autour de l’association municipale pour le Développement Social des Quartiers (DSQ)de Blois, afin de chercher des réponses à cette violence. Après réflexion, la médiation fut une possible aide à la prévention de la dégénérescence des conflits. Le DSQ mit en place des formations à la médiation animées par Jacqueline Morineau du Centre de Médiation et de Formation à la Médiation (1), à l’intention des enseignants, des travailleurs sociaux, des habitants, des membres d’associations, des gardiens d’immeubles... sensibilisés ou confrontés aux conflits. Depuis trois ans, cent cinquante personnes ont ainsi été formées.
Fin 1994, plusieurs de ces personnes réunirent des partenaires sociaux (2)pour créer une association, "Blois Médiation", afin d’aider à traiter principalement les conflits de voisinage par la médiation. L’association a maintenant pignon sur rue. Les habitants peuvent prendre contact lors des permanences d’accueil hebdomadaires assurées par des bénévoles et une secrétaire, tous formés à la médiation. On y traite de questions de voisinage, de racisme, d’agressions, avant toute plainte au commissariat ou au tribunal. Blois-médiation reçoit aussi des demandes d’interventions par le biais du cabinet du maire (pétitions, courriers...), des organismes HLM, du commissariat, de correspondants de quartiers, de particuliers. Si le sujet ne relève pas de la médiation, l’association renvoie vers les services concernés.
Lorsque les entretiens préliminaires ont été faits et que les plaignants acceptent de se rencontrer, l’entrevue peut avoir lieu en présence des médiateurs (trois en moyenne). Dans un premier temps, chacun exprime le problème tel qu’il le ressent. Les protagonistes s’engagent alors dans un monologue obstiné, incapable d’écouter l’autre. Ils se parlent sans se comprendre, murés dans leurs positions. L’agressivité peut monter parfois jusqu’à la violence. A ce moment, les médiateurs jouent le rôle de catalyseur en facilitant le dialogue, l’expression du non-dit, du sentiment profond. Ils essaient d’aider les plaignants à sortir du problème et à rétablir la communication, par une écoute active, par une reformulation des propos en utilisant des phrases telles que "je vous sens malheureux... je vous sens en colère...". Au terme de ce dialogue conflictuel et houleux, les médiateurs font une synthèse de la situation tout en continuant de servir de miroir aux sentiments afin de mettre à jour le problème de fond. Les médiateurs doivent détecter dans les attitudes les non-dits pour aider les protagonistes à prendre conscience d’une réalité qu’ils ne soupçonnent peut-être pas. Ainsi, les plaignants trouveront-ils eux-mêmes la solution. Et ils en seront les garants.
Les médiateurs de Blois-médiation sont retraités, animateurs, gardiens, enseignants, travailleurs sociaux, infirmières, psychologues et habitants du quartier. Ils sont tous bénévoles et issus de tous les milieux sociaux et ethniques. Souvent, ils ont eux-mêmes connu des conflits, découvert la médiation, et désirent la faire partager à d’autres. Tout médiateur suit une formation continue : quatre à six stages de deux jours sont programmés chaque année. Outre la médiation, la formation est devenue une activité à part entière de l’association. Pour 1996, c’est l’accueil des jeunes et des personnes d’origines étrangères qui est privilégié, en lien avec le Service de Prévention Spécialisé et les associations d’étrangers établies sur les quartiers nord de Blois. Parallèlement on poursuit le perfectionnement des médiateurs anciens et nouveaux désireux de devenir bénévoles au sein de l’association.
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, Francia, Blois
Joëlle Benoit-Hamelin est infirmière scolaire et Françoise Cormier, professeur, pour le collège Rabelais. Isabelle Laumond pour Blois-médiation, 28 rue Roland Garros, 41000 Blois. Tél. 54 43 04 09.
- Collège Rabelais Médiation, 2 Rue Rabelais, 41000 Blois. Tél. 54 42 56 24.
(1)CMFM, Centre de Médiation de Formation à la Médiation, 18 rue Tournefort, 75005 Paris. Tél. 43 36 70 07.
(2)Partenaires de Blois Médiation : le commissariat de police, le Palais de Justice, les organismes HLM, les services municipaux de la Ville de Blois, l’association d’Aide aux victimes et de Conciliation, l’association d’accueil et de solidarité avec les étrangers, le DSQ et les correspondants de quartiers, le service éducatif auprès du tribunal.
Voir aussi la fiche intitulée : "Médiation de quartier à Blois 2. Du quartier au collège"
Artículos y dossiers
BENOIT HAMELIN, Joëlle; CORMIER, Françoise; LAUMOND, Isabelle in. Non violence actualité, 1996/04 (France), 201
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