Une ONG du Nord enfante une ONG du Sud, laquelle voudrait engendrer des associations paysannes au Togo

Iles de Paix, ONG belge installée au Togo depuis 1983 voulait créer, dans un but de pérennisation de ses expériences et savoirs acquis sur le terrain, une ONG locale, capable - elle- d’appuyer des associations paysannes. Ainsi, RAFIA (Recherche, Appui, Formation aux Initiatives d’Autodéveloppement)est née en 1992. Son siège exécutif se trouve à Dapaong, au Togo.

Julien NYUADZI, fondateur dès 1982 d’une autre ONG togolaise (Association Villages-Entreprises, AVE), explique ainsi les circonstances de cette naissance : "Iles de Paix était sur le terrain depuis 1983. Au début, ils voulaient "poser" des Iles de Paix partout. Mais ils ont changé. Etant Secrétaire Exécutif de l’AVE, j’ai rencontré plusieurs fois son représentant au Togo et nous échangions nos visions sur le développement. Pour lui, c’était très clair qu’il allait partir un jour. Je lui ai dit : "Vous voyez, quand vous partirez, il ne restera plus rien d’Iles de Paix ! ". On a réfléchi et on s’est dit que cela serait bien que se crée une espèce d’AVE dans leur zone d’action pour pérenniser cela. Le premier niveau de cette pérennisation était de transmettre à une organisation locale. Ils ont donc créé RAFIA. Et on a continué à discuter pour que RAFIA puisse engendrer, elle aussi, des associations paysannes".

Un entretien de Benoît LECOMTE avec les dirigeants togolais de RAFIA apporte les éléments suivants.

RAFIA fonde sa philosophie sur une approche intégrée du développement et sur une démarche de recherche-action garantissant une collaboration responsable avec les communautés de base. Son but est de travailler avec les populations à une promotion économique, sociale, politique et culturelle, tout en accordant une grande importance à la responsabilisation des gens pour transformer leur milieu.

RAFIA s’est donnée quelques missions, dont l’aide à la recherche et l’appui de solutions aux initiatives de base des communautés rurales et urbaines, mais aussi la formation visant un renforcement de leurs compétences. Elle gère également la capitalisation et la diffusion de toute information sur des expériences locales ou étrangères et la promotion des relations intercommunautaires en matière d’autodéveloppement économique et social. Elle soutient les initiatives de base orientées vers la protection et la gestion durable de l’environnement et promeut des activités génératrices de revenus, notamment pour les jeunes et les femmes.

Son programme d’action couvre les deux milieux : rural et urbain. Ainsi, dans le milieu rural, elle vise à l’introduction de nouvelles techniques culturales axées sur la conservation de l’environnement mais aussi à la naissance d’une plus grande indépendance et d’une plus grande sécurité en ce qui concerne la production et l’approvisionnement en produits végétaux et animaux qui constituent les moyens d’existence des populations rurales. Par la mobilisation de moyens financiers provenant d’activités agricoles, voire para-agricoles, RAFIA veut favoriser l’accroissement du niveau de vie du milieu. Elle aide aussi à l’organisation et à la structuration des communautés rurales afin qu’elles puissent mieux discuter de leurs problèmes, leur trouver des solutions et les mettre en pratique. Enfin, RAFIA vise l’allègement des tâches des femmes, notamment par un meilleur approvisionnement en eau ainsi que l’amélioration de la santé.

En milieu urbain, RAFIA sert d’appui-conseil aux unités économiques locales pour créer de l’emploi et mieux valoriser les ressources locales. De même, elle cherche à améliorer la gestion des entreprises, des systèmes d’épargne et des pratiques d’investissement.

L’une de ses missions est le développement et l’encouragement de la collaboration et de l’échange dans un esprit de partenariat avec toutes organisations ou institutions. Sa tâche principale est de donc de donner une assistance aux groupements qui désirent se structurer. Cette assistance se polarise autour des moments-clés de la vie des associations, comme l’élection des responsables du groupement ou du conseil d’administration, ou à l’occasion de la mise au point du règlement intérieur et d’un système de gestion.