11 / 1996
Demba Keita, président de la commission formation de la FONGS (Fédération des ONG Sénégalaises)et membre de l’AJAC.
1974-1989
"L’AJAC (Association des Jeunes Agriculteurs de Casamance)est née en 1974. En 198quatre, avec plus de 500 groupements membres, elle couvrait cinq départements de l’ex-région de Casamance. On a dû alors suivre le nouveau découpage administratif et mettre en place deux organisations autonomes : l’AJAC-Ziguinchor et l’AJAC-Kolda. Il y avait déjà des disputes avant ce découpage. L’AJAC régionale, qui avait bien marché jusqu’en 1984 et avait été aidée par plusieurs ONG du Nord, ne fonctionnait plus. Mais on avait créé des unions au niveau des arrondissements. Ces unions autonomes pouvaient négocier des financements directement auprès des partenaires.
Cela s’est matérialisé avec les fonds de l’ONG de droit suisse appellée "6S" qui étaient virés directement dans les comptes de ces unions-là. Ce sont elles qui les géraient. Même pour les contrôles et les audits que 6S faisait, ses contrôleurs venaient directement au niveau des unions. Le système 6S a provoqué leur autonomie. D’autres disent que l’argent de 6S n’a pas trop servi; moi je dis que ce sont les gens qui se sont mal servis de l’argent de 6S parce que c’était un fonds très souple. Chacune des unions (certaines depuis 1980)s’est débrouillée avec les moyens du bord plus les moyens de 6S (qui sont venus jusqu’en 1989).
Quelques programmes de formation de la FONGS ont permis aux responsables et aux animateurs de "bouger". Mais au niveau du terrain, il n’y avait rien. On sentait l’existence de l’AJAC à travers les quelques déplacements de ses responsables, mais sur le terrain, les populations disaient que l’AJAC était morte, et même certains projets d’aide extérieure disaient aux groupements que l’AJAC était morte, qu’elle n’existait plus".
1990-1996
"Pour redynamiser notre union, l’APRAN (Association de Promotion Rurale de l’Arrondissement de Nyassia), on a vu qu’il fallait d’abord revoir la structure. On avait des anciens leaders de l’AJAC qui étaient là, à Nyassia. Le conseiller de l’union était le premier vice-président de l’AJAC; le président de l’union était un conseiller de l’AJAC régionale depuis sa création. On avait ces "têtes-là", qui, sans bouger, étaient présentes encore au niveau de l’union. On devait trouver des solutions pour éviter que ces gens-là gardent le pouvoir. Or, ils avaient perdu leur crédibilité avec certains bailleurs de fonds. La nouvelle génération des paysan(ne)s membres de l’union a négocié avec eux pour qu’ils assument des responsabilités mais qu’ils ne prennent pas les "devants des choses".
C’est ainsi que moi, quand je me suis introduit dans les activités de l’union, j’ai été nommé comme secrétaire général. Finalement, on a négocié pour que je sois le responsable du projet signé en 1990 avec l’ONG Pain pour le Monde. Parce que son représentant disait : "Nous voulons avoir un interlocuteur au niveau de l’union; quelqu’un qui va co-signer les accords de coopération et les accords administratifs".
Parmi les unions membres de l’AJAC, APRAN a été la première union à recevoir de l’aide. Cela nous a permis de sortir rapidement de la crise, de nous réorganiser, de mettre en place de petites activités, de reconstruire notre mouvement, de renforcer notre existence et notre solidarité avec la base. Il faut dire que l’AJAC régionale se sent très faible parce que c’est celui qui a des moyens qui a le plus de pouvoir ! C’est cela la réalité aujourd’hui : les unions sont devenues plus puissantes que l’AJAC. Si je prends le cas de l’APRAN, elle a actuellement un programme triennal de 109 millions CFA (1.090.000 FF)avec Pain pour le Monde, alors que l’AJAC n’a même pas un programme de cinq millions. L’union a des véhicules, l’AJAC régionale n’en a pas. Cela crée des frustrations. La situation est inversée par rapport à ce qu’elle était avant 1984".
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, Senegal, Nyassia, Ziguinchor
Une association régionale ancienne mais trop vite poussée par ses fondateurs à "faire des groupements" (1975-1984)a perdu toute crédibilité. L’une de ses unions locales, en 1990, relève la tête après une épuration négociée des pères fondateurs et avec l’appui d’une agence d’aide attentive.
Interview de Demba Keita par Bernard Lecomte, Bonneville, mars 1996
Entretien avec KEITA,Demba
Entrevista
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