Les agriculteurs américains pourraient bientôt avoir à leur disposition une nouvelle arme pour poursuivre leur longue lutte contre la mouche des fruits:il s’agit de la lumière solaire. Cette mouche appelée aussi mouche méditerranéenne est capable d’infliger de gros dégâts. Les chercheurs ont en effet découvert que, quand la mouche absorbe un colorant banal appelé Rouge DC N° 28, celui-ci absorbe la lumière tombant sur l’insecte. De ce fait, les molécules de colorant passent dans un état que les chimistes qualifient "d’excité". Celles-ci sont, à leur tour, en mesure de communiquer leur énergie d’excitation aux molécules d’oxygène dans le corps de la mouche. Du coup, ces dernières se mettent à libérer des radicaux libres qui détruisent les membranes cellulaires tuant ainsi l’insecte.
James Heitz, professeur de biochimie à l’Université de l’état du Mississippi aux Etats Unis et directeur de la compagnie PhotoDye qui commercialise le colorant affirme: "J’ai vu mourir des insectes en l’espace de deux heures". La découverte semble si prometteuse que, début août 1995, l’Agence fédérale américaine de Protection de l’Environnement (EPA), a autorisé des essais en plein champ, à grande échelle. Ainsi seront expérimentés des pièges contenant le colorant en vue de protéger, d’une part, les oranges et les pamplemousses au Texas et, d’autre part, le café à Hawaii.
L’espoir des chercheurs, des agriculteurs et des autorités est de parvenir à se libérer de l’usage du malathion, un insecticide organophosphoré hautement toxique dont l’emploi a donné lieu à de grandes manifestations et des procès en Californie.
insecto dañino, tratamiento fitosanitario
, Estados Unidos de América
La mouche méditerranéene des fruits commet d’importantes pertes partout au Maghreb et en Europe du Sud. Lutter contre elle amène les agriculteurs à dépenser beaucoup d’argent, sans souvent que les résultats soient très probants. De plus, cette lutte, à base d’insecticides toxiques, agresse l’écosystème dans son ensemble et dans les pays en développement, intoxique les ouvriers chargés de l’épandage qui, faute de soins, peuvent mourir étant donné qu’ils ne disposent pas souvent des protections nécessaires (masques, bottes...). Cette nouvelle technique paraît beaucoup plus sûre et serait plus respectueuse de l’environnement. Reste à en connaître le coût et à savoir si elle peut induire des résistances chez les insectes ciblés.
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Fry a fly, IPC Magazines Ltd in. NEW SCIENTIST, 1995/08/19 (ROYAUME UNI), vol.147, n° 1991