02 / 1996
Olivier Conrath a été pêcheur au Guilvinec (Bretagne). Il a ensuite participé à des missions en Afrique avant de se tourner vers l’aquaculture. Il met ici en relief l’intérêt de tous les participants d’un projet qui consiste à introduire une nouvelle technologie (un vire-lignes)dans le secteur de la pêche au Sénégal.
"J’avais été contacté par un industriel qui fabriquait des vire-palangres (treuils pour lignes)pour effectuer une mission au Sénégal. Ca tombait à un moment où je me débrouillais bien dans la palangre avec mon bateau mais je commençais à saturer avec la pêche et je ne savais pas trop comment m’en sortir. J’en avais marre du côté solitaire et en dehors de la société de la vie de marin. J’avais envie d’apprendre autre chose. On me donnait l’opportunité d’aller voir ailleurs, de quitter un métier difficile. Il y avait le plaisir de la découverte et gagner de l’argent en même temps. En plus, avec un contrat court, je faisais quelque chose de bien sans m’engager dans le temps et ça me convenait tout à fait car je n’étais pas esclave de qui que ce soit. C’est évident que se retrouver à participer à des missions en Afrique donne une ouverture sur le monde. Si on me demandait de venir, à priori c’est qu’on avait besoin de moi. C’était valorisant. Il y a toujours derrière le sentiment d’être utile, un petit sentiment de supériorité.
Quand je suis arrivé au Sénégal, rien n’était prêt. On m’avait toujours dit que les eaux sénégalaises étaient archi-poissonneuses mais j’ai trouvé ça faux. Ce n’est jamais aussi simple qu’on le prétend et je me suis vite aperçu que chacun avait ses propres intérêts, de l’intervenant comme moi en passant par le directeur à Dakar et l’industriel. Chacun défend son petit bout de gras et essaye de convaincre l’autre. Le pêcheur sénégalais aussi : il essaye de gratter ce qu’il peut et systématiquement les données sont faussées dès le départ.
Globalement, je trouve qu’il y a un parasitage des pays en voie de développement par les Européens. Là-bas, le Blanc a le pouvoir d’une certaine façon, il a le dernier mot souvent. Beaucoup d’Africains se planquent dans des administrations. Ce sont des pays déresponsabilisés très souvent par la faute du système, par la faute des subventions de la CEE, par le nombre des fonctionnaires. J’ai été frappé par le fait que les responsables des ONG du nord vont toujours trouver des homologues africains pour justifier leur propre discours et décalquer leur système de pensée. Ces Africains employés par l’ONG vont ressortir les arguments du Nord comme quoi les Africains sont exploités par les Européens. Ils servent d’alibi et on tourne en rond. Dans les centres de recherche aussi, on retrouve toujours des correspondances similaires entre le personnel local et les employés européens. Dans tous les circuits où il y a des systèmes d’échos, il y a très vite des idées fausses qui sont véhiculées."
pesca tradicional, mar, consultor, cooperación
, Senegal
Les motivations des acteurs du développement sont souvent difficiles à comprendre et expliquent parfois les échecs des actions de coopération.
Entretien réalisé par Sophie Nick à Etel (Morbihan)où Olivier Conrath élève des palourdes.
Contact O.Conrath : Begaec de la grève d’Etel, Le Plec, 56550 Locoal Mendon, France.
Entretien avec CONRATH, Olivier
Entrevista
CEASM (Association pour le Développement des Activités Maritimes) - Le CEASM a arrêté ses activités en 2001. - Francia