Pour transporter l’eau potable, on utilise depuis plusieurs décennies de grands sacs en polyuréthane qui sont acheminés par voie de mer. Ce procédé a été utilisé lors du conflit des Malouines et de la guerre du Golfe. Il sert également à approvisionner des îles grecques pendant les pointes touristiques.
De nombreuses études sont en cours tant sur la fabrication des sacs que sur l’amélioration du transport. La société canadienne, Medusa, propose désormais des sacs de grande contenance : 3,5 millions de m3 (contre 1 000 m3 jusqu’à présent). Des entreprise proposent des systèmes de remorquage plus compétitif, en particulier le groupe britannique Aquarius Development qui travaille sur un système de transport modulaire.
Ces nouvelles techniques intéressent au plus haut point tant les pays ayant des potentiels d’eau que ceux qui souffrent de pénurie. Le gouvernement de l’Etat d’Alaska étudie les possibilités de transfert vers la Californie du Sud et le Mexique (près de 4 000 km). Les pays du Moyen-Orient s’intéressent également de près à cette nouvelle technologie. En effet, la Turquie, qui vend déjà son eau (0,08 $ le m3), se propose d’en fournir de plus grandes quantités. Les habitants de la Bande de Gaza, qui ont d’énormes déficits d’approvisionnement en eau, pourraient en être les premiers bénéficiaires, si ce n’est que les Palestiniens craignent de dépendre de l’étranger. Israël, qui a déjà une industrie très développée dans le secteur plastique, s’intéresse à cette technique de confection de sacs.
L’Arabie saoudite, quant à elle, souhaite, par ce procédé, acheminer l’eau sur son propre territoir et également exporter les excédents provenant de ses usines de dessalement, en particulier vers des stations touristiques de la côte égyptienne.
Pour les pays du Moyen Orient, ce procédé de transport de l’eau laisse envisager une solution plus économique et plus souple que le dessalement lui-même. Un meilleur accès à l’eau, en plus grande quantité et à un prix abordable, permettrait, en outre, d’atténuer les tensions politiques de cette région dont l’eau est un enjeu de grande importance.
On peut aussi envisager que cette technique de transport de l’eau puisse contribuer à l’aide humanitaire. Un nouveau type de coopération serait l’apparition de pays "donneurs d’eau".
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Article paru à l’origine dans "The Middle East", Londres et repris dans Le Courrier international.
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SCUDDER, Brian; WILD, Jon, Transporter l'eau in. Courrier international, 1994/06/26, N° 186
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