11 / 1995
Un jumelage coopération existe entre les villes de Châlons-sur-Marne (France)et de Bobo Dioulasso depuis 1971. Seconde ville du Burkina Faso, Bobo-Dioulasso compte aujourd’hui environ 350 000 habitants et sa population s’accroît à un rythme de 7 % l’an. Si la ville possède des ressources en eau suffisantes (surtout grâce à une importante nappe souterraine), ses infrastructures d’adduction d’eau, par contre, n’ont pas suivi l’agrandissement de la cité.
Un projet est donc né en vue d’améliorer la situation par la création de bornes-fontaines. Ce sont les comités de jumelage des deux villes qui sont devenus les maîtres d’oeuvre de l’opération. Pour financer le projet, la ville de Châlons a institué une surtaxe de 2 centimes par m3 d’eau consommé par les Châlonnais. L’intégralité de la somme ainsi perçue (de l’ordre de 85 000 FF par an en moyenne)est reversée au comité de jumelage de Bobo Dioulasso. Les factures d’eau des Châlonnais comportent une ligne spécifique intitulée "Solidarité Eau Bobo". Des cofinancements ont été sollicités et obtenus auprès du ministère français de la Coopération. Le budget a ainsi pu être progressivement augmenté et les sommes consacrées par Châlons cette action atteignent désormais 150 000 FF par an.
Le but de l’action était d’équiper progressivement chaque quartier de bornes-fontaines publiques. Il s’agissait donc, à partir des principales canalisations d’eau existantes, de créer des réseaux secondaires vers les quartiers non desservis et d’y implanter une borne, fournissant ainsi à chacun un point d’eau à une distance raisonnable de son domicile. La population concernée était associée à toutes les phases du projet, de la conception à la mise en place et à la maintenance.
Les autorités de chacun des quartiers ont recensé les besoins en équipement. Le comité de jumelage de Bobo Dioulasso a ensuite déterminé le programme d’intervention en fonction des priorités, mais aussi en fonction d’un "dosage" géographique et socio-politique, afin qu’aucun quartier n’apparaisse privilégié au regard de cette action.
La population a creusé elle-même ou pris en charge le creusement de la tranchée. L’ONEA (Office national de l’eau et de l’assainissement), avec les financements du jumelage, pose les canalisations nécessaires, et la ville de Bobo Dioulasso attribue la gérance de la borne à une personne qui a la charge de son entretien et de la vente de l’eau. Cette personne conserve une marge pour sa rémunération et l’entretien de l’installation.
Depuis le début de cette action en 1988, plus d’une cinquantaine de bornes-fontaines ont pu être installées. A tous points de vue, cette action donne entière satisfaction. Des milliers, voire des dizaines de milliers de personnes, ont vu ainsi leur vie quotidienne améliorée, la peine des femmes a été soulagée et chaque borne devient un lieu de vie et même un centre créateur de petits emplois (porteurs d’eau).
Récemment, la gérance de certaines bornes a même été confiée à une association de handicapés, ce qui a permis de créer des emplois pour ces derniers et de fournir des resssources à l’association.
En raison de l’accroissement démographique continu, ce programme peut se poursuivre sans difficultés.
Par ailleurs, depuis deux ou trois ans, il a été étendu à la construction de latrines, notamment dans les écoles.
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, Francia, Burkina Faso, Châlons-sur-Marne, Bobo-Dioulasso
Artículos y dossiers
LE JALLE, Christophe, Financements accessibles aux collectivités et ONG du Sud in. Programme Solidarité-Eau : Cahier, 1995/10, N° 9
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