1979 : un diplôme d’agronome en poche et l’envie de faire de l’agriculture, voilà qui est bien contradictoire ! Et puis, sans pratique, sans statut ni surface règlementaire pour bénéficier d’une éventuelle aide à l’installation, je n’étais pas dans les normes habituelles. D’autant plus que je ne concevais un projet d’installation agricole que dans le cadre de la pluriactivité.
1ère étape : l’apprentissage et l’intégration agricole par la pratique.
Un petit boulot d’enquête agricole me mène dans l’arrière-pays viticole de Montpellier. Le contrat avec un viticulteur est vite négocié : logé contre un petit mi-temps dans les vignes. En un an l’essentiel est acquis ; savoir tailler, labourer, adopter le sens de la terre... et être accepté socialement ! Le souci de la pluriactivité reste fort. De nombreux exemples (en France, aux USA)en attestaient la viabilité et la richesse !
2ème étape : pluriactivité et petite structure c’est possible !
Rencontre avec un viticulteur biterrois : 3 hectares seulement, vente directe de qualité (bio)sur place et à l’étranger, culture et vinification : de quoi faire vivre un ménage alors que toute la profession considérait alors qu’avec moins de 15 hectares, point de salut (aujourd’hui c’est 30). En avant donc, grâce au parrainage local, dans l’achat progressif d’arpents de vignes. L’objectif des 3 hectares est atteint au bout de 4 ans, et la pluriactivité devient une réalité.
3ème étape : la vente sans souci et conviviale.
Maintenant il faut vendre et bien vendre ! Encore un autre métier. Que faire ? La réponse vient à la fois du Loiret et des Alpes de Haute-Provence. Ici un éleveur de volailles me montre son système de prévente de poulets, là un arboriculteur me montre son système de location de vignes. Ni une, ni deux : une synthèse adaptée et modernisée de cela aboutit à la mise en place d’un contrat de vente anticipée de vin, par location de ceps de vigne.
Voilà 3 étapes d’un cheminement qui en comptera beaucoup plus. Mais 3 étapes assorties de rencontres d’"innovateurs". Par évidence ce cas est particulier... mais tous les cas d’innovation sont particuliers. Plusieurs constats s’imposent néanmoins :
. L’innovation en elle-même signifie atteindre un modèle d’exploitation rurale, viable socialement, techniquement et économiquement. Modèle isolé, non reproductible sans doute, mais qui montre qu’il est possible de se faire une place hors des modèles standards sur lesquels tout l’appareil juridique, social, de recherche, de développement s’instrumente.
. Dans la rencontre avec l’innovateur, il n’y a jamais mimétisme, reproduction à l’identique; il n’y a qu’adaptation, déclic créatif, prise de confiance, etc...
. L’innovation par la rencontre de professionnels agricoles ne se réduit pas forcément, loin de là, au groupe local, groupe professionnel ou... banc du village. Elle est de plus en plus délocalisée, mettant en relation des expériences provenant de diverses régions, voire de plusieurs pays.
. L’innovation n’est pas nécessairement le résultat d’une rencontre avec un pair (agriculteur à agriculteur, rural à rural). Le déclic vient parfois plus aisément d’un "choc" inter-corporation.
. Le déclic de la rencontre ne suffit pas à l’innovation. Tout l’appareil disponible de recherche-développement vient alors en renfort pour affiner, développer, encourager, dimensionner l’innovation.
agricultura, innovación técnica, extensión agrícola, difusión de la innovación, cambio social
, Francia
Entrevista
BEAU, Christophe, GEYSER (France)
GEYSER (Groupe d’Etudes et de Services pour l’Economie des Ressources) - Rue Grande, 04870 Saint Michel l’Observatoire, FRANCE - Francia - www.geyser.asso.fr - geyser (@) geyser.asso.fr