Des systèmes laitiers extensifs économiquement performants

Des systèmes laitiers extensifs et performants :

La production laitière a une image très liée à l’intensification. Les VHP (Vaches à haut potentiel)dominent largement et représentent la clé de voute de systèmes de production coûteux, gaspilleurs et polluants. Il existe cependant des exemples d’élevages laitiers extensifs, et malgré tout économiquement performants. Il s’agit de cas où l’objectif recherché n’est pas de maximiser la production par vache, mais de réduire les coûts en utilisant des races mixtes (à lait et à viande)et une alimentation à base d’herbe.

Dans le Cotentin, Monsieur A. a fait le choix depuis 1985 d’un système de production autonome et économe. Il exploite 55 hectares de prairies permanentes, dont le tiers de mauvaise qualité. L’achat d’aliments concentrés est très limité, l’alimentation est à base d’herbe pâturée, de foin et de betteraves fourragères. Le matériel est réduit au strict minimum.

La conduite de ce système réclame une bonne connaissance du milieu par l’agriculteur, et une grande maîtrise technique. Les résultats économiques supportent tout à fait la comparaison avec les systèmes intensifs de la région, et la quantité de travail fournie par l’agriculteur est moindre, ce qui lui autorise une activité extérieure.

Dans le Jura, Monsieur B. exploite 56 hectares de terres difficiles soumises à un hiver rigoureux. Les caractéristiques de la région, et en particulier le faible potentiel des sols, oblige Monsieur B. à adopter un système de production "extensif par contrainte", au contraire de Monsieur A. qui développe un système "extensif par choix". L’alimentation du troupeau est à base d’herbe et de foin, mais des concentrés sont utilisés pendant l’hiver. L’utilisation d’engrais chimiques est très limité, la fertilisation des prairies étant assurée par le fumier.

Peu polluant, ce système permet à Monsieur B. de dégager un revenu modeste, revenu complété par des activités touristiques. L’avantage de ce système est d’être peu sensible aux aléas climatiques, et aux évolutions du contexte économique (prix des engrais).

Dans ces deux exploitations, les engrais utilisés par hectare sont de 2 à 4 fois moins importants que dans les exploitations laitières intensives.

Les systèmes laitiers extensifs, à quotas petits ou moyens, ont un avenir à condition de ne pas favoriser la concentration de la production vers les grosses unités par le jeu d’un marché des quotas laitiers. Il y a là un enjeu important pour l’occupation de territoires défavorisés et le maintien de pratiques peu coûteuses.