Voici un recueil très hétéroclite de 13 interventions qui ont eu lieu lors d’un colloque organisé sur trois jours à Rennes en janvier 1991 par l’ENSAR (Ecole Nationale Supérieure d’Agronomie de Rennes)et l’ENSFA (Ecole Nationale Supérieure Féminine d’Agronomie)de Rennes.
Une première contribution due à Alain CAVELIER, porte sur "les stratégies agricoles et la gestion de la planète". Il fait une analyse des processus ayant conduit à l’intensification agricole dont il soulève les effets pervers : dommages socio-économiques et socio-écologiques. Ainsi sont déclinées les stratégies alternatives en : agricultures dites biologiques ou biodynamiques d’une part et agroforesterie d’autre part, toutes selon lui tendant à concevoir des modèles pérennisables, issus de l’agroécologie. Convaincu de la pertinence de ces modèles, il reste cependant réservé quant à leurs chances de succès dans le contexte actuel. En effet, selon lui, elles présupposent l’élaboration d’un droit mondial sur la gestion de la planète.
La deuxième intervention nous propose un aperçu sur ce que la PAC a pu faire et prévoit de faire en matière d’environnement. Deux constatations : premièrement les préoccupations environnementales de la PAC sont très récentes (1985)et deuxièmement l’environnement ne fait l’objet que de mesures très ponctuelles, sans être considéré comme un élément à part entière de la question agricole. L’auteur inventorie et analyse les mesures qui ont ainsi été prises et montre que malgré tout l’environnement tend à s’intégrer de façon plus cohérente dans la Politique Agricole Commune telle qu’elle se profile.
La part belle, on pouvait s’en douter, est laissée aux agricultures biologiques et biodynamiques. Ainsi Messieurs Claude AUBERT de Terre Vivante et Philippe DESBROSSES tous deux, à leur façon, ardents défenseurs de l’agriculture biologique exposent leur point de vue. Le premier tient à pointer certaines questions délicates : les prix sont à son avis trop élevés, réservant les produits biologiques à une élite et encourageant au développement du pseudo-bio, les cahiers des charges laisseraient la porte ouverte à une agriculture "biologique-industrielle", enfin, l’agriculture biologique ne pourrait à elle seule résoudre le problème de la désertification des campagnes. Philippe DESBROSSES souligne son attachement au contrôle de la règlementation.
La biodynamie est présentée grâce à deux contributions : la première, théorique, de Xavier FLORIN en expose les fondements, la deuxième de Hubert GUINOISEAU, présente la pratique. Le lecteur apprendra ainsi que les fondements de la biodynamie reposent sur une remise en cause de la science de la matière comme seule science valable pour expliquer notre monde, car au delà de la matière, il y a aussi l’esprit. La transition avec la pratique est un peu brutale : la ferme est un organisme vivant et le préfixe bio de biodynamie engage à respecter au maximum les équilibres et la diversité biologiques. Quant au mot "dynamique", il fait référence aux forces cosmiques et telluriques qu’il s’agit de capter grâce aux préparations biodynamiques afin de vivifier le sol.
D’agricultures biologiques et biodynamiques, il en est aussi fait référence dans d’autres interventions : celle de Robert NEGRE à propos du "cycle de vie", celle de Christian NOLTE et W. WERNER qui présente et analyse un bilan des éléments nutritifs dans une ferme biodynamique mais aussi celle de Thomas LUTHI qui présente l’agriculture biologique et biodynamique en Suède. Elles apportent des éclairages nouveaux et peuvent par exemple permettre de mieux cerner la perennité et l’autonomie en agriculture. Autre contribution, celle de Marie-France TESSON à propos de ses travaux sur les images de cristallisation sensible (images caractéristiques obtenues par la cristallisation d’une substance (celle que l’on veut caractériser), en mélange à des sels de chlorures de cuivre). Cinq années d’observation d’images, la conduisent à dresser une échelle de valeur dont le référenciel est constitué par des images-types de racines, feuilles et fleurs de plantes sauvages. Les produits agricoles donneraient tous des images qui se rapprocheraient de l’une de ces images-types, l’image racine étant liée à une conduite agricole intensive et l’image fleur à une conduite agrobiodynamique non intensive.
Il est aussi question d’agriculture tout simplement plus autonome : André POCHON illustre cette notion, sans parler de biologique ou de biodynamique, en présentant sa vision de l’agriculture, son analyse et les résultats obtenus sur sa ferme, chiffres à l’appui. L’extensification, très choyée à l’heure actuelle par les pouvoirs publics, n’est pas non plus oubliée ici grâce à la contribution de CLaude BERANGER. Enfin, une place honorable est réservée à l’agriculture dite de services : Claude AUBERT en fait l’éloge et Pierre MULLER consacre toute son intervention à la défense de l’agriculture de services à travers une nouvelle définition du métier d’agriculteur.
Il y a fort à parier que chacun, quelqu’il soit, éprouvera à l’égard de ce recueil ici satisfaction, et là, agacement...
agricultura orgánica, PAC
, Francia, Suecia
Actas de coloquio, encuentro, seminario,…
CANN, T. et al., ENSA Rennes, ENSAR, 1990 (France)
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