La société moderne nous met devant de terribles dualités, à la fois des technologies qui deviennent de plus en plus pointues et cette progression inexorable dans la désespérance que sont le chômage et la pauvreté.
Les "nantis" d’un travail et d’un certain "pouvoir" d’achat sont de plus en plus minoritaires. Les écarts se creusent, que ce soit dans le domaine de la qualité du savoir ou celui de l’espérance d’accéder au monde du travail.
C’est une course folle à l’encontre du profit, la compétitivité rend aveugle et sa finalité pourrait bien être la négation totale de l’homme.
l’échelle des valeurs humaines perd tous ses repères. Ce n’est pas le progrès qui est au service de l’homme, mais ce dernier qui en devient l’asservi.
PARADOXES DE L’ECONOMIE SOCIALE DE MARCHE.
L’évolution rapide et complexe des technologies modifient l’espace et le temps. Les pouvoirs publics et les acteurs sociaux ne sont plus les éléments transformateurs, car ils sont eux-mêmes transformés.
Seul le capital a le pouvoir d’imposer ses normes, qu’elles soient d’ordre économiques, politiques, culturelles, ou sociales, sans compter son impact sur l’information.
Seuls ceux qui sont solvables avec de petits ou grand revenus sont pris en compte, c’est à dire environ un milliard sur cinq milliards quatre cents millions d’habitants de la planète.
Alors! que veut dire économie de marché?
La tendance est à renationaliser et à jouer la compétitivité a tout prix en fournissant aux entreprises multinationales surtout des moyens nationaux fiscaux, sociaux et monétaires les mieux adaptés à leur marché, tout en leur fournissant des moyens pour combattre leurs concurrents. Cette renationalisation tend vers une certaine abdication culturelle, idéologique et technique des banques nationales et des pouvoirs publics à l’encontre des solutions alternatives.
Le livre blanc présenté par Jacques Delors au sommet européen de Déc. 1993 comportait encore un dessein politique, mais il est à craindre que Ecofin ne fasse barrage à toutes les initiatives possibles et, comme c’est lui qui au sein de la CEE dispose des pouvoirs déterminants, le traité de Maastricht n’a permis qu’un progrès très relatif de la démocratie au sein de la CEE.
Dans le domaine des politiques de coopération au développement, on pallie un état d’urgence, mais pas dans un esprit de durée et sans transparence ni concertation.
En Décembre 1993 à Bruxelles a eu lieu une concertation qui existe depuis 17 ans déjà et qui a réuni 200 représentants de milieux économiques et sociaux de pays d’Afrique, des Caraibes, du Pacifique et de la CEE. Au sein de ces entretiens de nombreux intervenants ont dénoté le manque de transparence des programmes de la convention de Lomé et l’évidente insouciance à faire participer les populations à travers leurs organismes. C’est une formalité, mais sans prise en compte réelle.
LA PROGRESSION DE LA PAUVRETE
En date de novembre 1993, Maryse Gandier, de l’intitut international d’études sociales du BIT à Genève, identifie trois nouvelles réalités de la pauvreté.
La pauvreté ne régresse plus : depuis 1950 des actions spécifiques et politiques avaient permis une régression de la pauvreté, avec des revenus qui s’amélioraient, la faim reculait, une meilleure espérance de vie et un meilleur taux d’alphabétisation. Depuis 1980 cette régression est stoppée.
Les inégalités s’aggravent: que ce soit dans le partage des richesses, dans les niveaux de vie ainsi que dans les ressources humaines. On l’aperçoit entre les villes et les campagnes. Les inégalités sont constatées aussi entre les hommes et les femmes, que ce soit dans les pays du tiers monde ou dans les pays industrialisés.
De nouveaux pauvres apparaissent: depuis dix ans, on constate que des millions de personnes qui étaient à la limite ou au dessus du seuil de subsistance ont basculé dans la misère. Il y a 53 millions de pauvres et de 4 à 5 millions de sans abri dans la CEE, 36 millions de pauvres aux Etats-Unis. Le choquant c’est que les mesures prises confortent les plus forts et enrichissent des minorités. On remarque une perte des repères et de l’identité, il y a une fuite devant la précarité et l’inexistence sociale : marginalité, sectes, drogue sont les exutoires. Les intégrismes et les fanatismes religieux se nourrissent de toutes ces instisfactions sociales.
La liberté de s’exprimer, de s’organiser et d’agir sont des acquis indispensables. Si le chômage, le sous-emploi, l’absence de revenus restent identiques, la cohésion sociale risque d’éclater et la démocratie de régresser. Quand la qualité de la vie se détériore nettement, la dignité des personnes est atteinte. On priviligie les gagnants, on méprise les perdants, ou on les assiste pour éviter qu’ils deviennent dangereux.
L’année 1993 a été marquée par des tentatives de négocier des "pactes": programmes d’austérité sociale imposés par les majorités au pouvoir, faute de pouvoir négocier, les gens se sentent bernés, en particulier les travailleurs, avec ou sans emploi.
Partout le tissu social se défait, alors que sa composition a été lente et difficile et qu’elle est un élément fondamental de la démocratie. Ces contraintes provoquent des ruptures sociales, des affrontements entre ceux qui ont du travail et les chômeurs, entre les exclus ntionaux et les étrangers. A Paris comme à Bruxelles et à New York, des experts élaborent des choix dits rationnels, sans liaison avec la vie. Le monde nie-t-il la loi fondamentale de la vie, qui est de travailler pour posséder des biens nécessaires à son développement?
Ces frustrations peuvent engendrer les pires réactions, elles peuvent aussi être source de recherche pour d’autres moyens de vivre, de produire, d’exister. Des prises de conscience collectives se mettent en place, des avancées positives en matière d’insertion ont déjà prouvé que des acteurs sociaux, syndicaux, économiques, administratifs et politiques pouvaient entamer ensemble sur le plan local des processus durables de développement. Citons pour l’exemple "Faire l’Europe de la grande Solidarité". En Août 1993 Jacques Delors a suggéré de créer un conseil de sécurité économique, afin d’élaborer de nouvelles structure mondiales.
Il devient urgent que les décideurs se penchent sur la façon de créer des emplois productifs, donc des revenus et aussi une certaine capacité de développement, surtout lorsqu’on sait que quatre personnes sur cinq n’ont quasiment pas de pouvoir d’achat. C’est à chacun de s’interroger par rapport à ses valeurs morales. Sommes-nous vraiment en situation de refus envers ce système de production de l’exclusion ou sur la pente de la démission de l’action et de l’intellect? Qu’allons-nous transmettre aux futures générations de notre patrimoine social, culturel et politique? Il a pourtant été difficile à construire.
empobrecimiento, demografía, economía, política de empleo, capitalismo, pobreza, marginación social
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MAURICE, Gérard, EXCLUSION AU NORD COMME AU SUD, SEUIL in. L'Evènement Européen, 1994/O2/01 (France)
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