09 / 1994
Lorsque M.Gorbatchev arrive au pouvoir en 1985, il établit rapidement un diagnostic de crise structurelle, avant tout économique, mais également morale et sociale. Le bilan des quinze années précédentes, qualifiées de "période de stagnation", montre que le modèle soviétique de croissance extensive, basée sur les ressources en main d’oeuvre et les investissements, a épuisé ses potentialités. En effet, depuis le début des années 60, la croissance économique ne cesse de ralentir, puis de stagner. Le rythme annuel de croissance du Produit Matériel Net (qui équivaut au produit national brut, déduction faite des services)tombe à 3,5% au début des années 80, alors qu’il s’élevait à 7% dans les années 60 et à 5% après 1970, selon les chiffres officiels.
La mise au travail de la quasi-totalité de la population correspond à une situation d’épuisement des ressources humaines. Le ralentissement des investissements à la fin des années 70 et au début de la décennie suivante s’accompagne d’une baisse de leur efficacité : les nouveaux projets sont privilégiés, au détriment de la modernisation des installations existantes et du renouvellement des équipements. Ce dernier facteur, combiné au gaspillage des ressources, conduit à l’inachèvement de la plupart des nouveaux projets. Le degré d’obsolescence du capital productif s’accentue.
La crise se manifeste ainsi par la stagnation de la productivité du travail et du capital et l’accroissement général de l’intensité des pénuries. Comme l’a décrit J.Kornaï, l’économie soviétique est contrainte par l’offre : c’est une économie de pénurie. Le seul bien qui ne soit pas contraint par l’offre est la monnaie : l’économie soviétique est caractérisée et affaiblie par un très grand laxisme monétaire.
Le secteur tertiaire est sous-développé, conséquence de la stratégie de développement de l’industrie, et en particulier du secteur A (biens de production), au détriment du secteur B (biens de consommation). Par ailleurs, le poids élevé et croissant du secteur militaire représente un fardeau : 15% du P.N.B, soit le double qu’aux Etats-Unis à la même période. L’agriculture, quant à elle, enregistre des résultats médiocres : le ralentissement de la croissence agricole est régulier entre 1970 et 1985. Les gaspillages des ressources et des produits sont nombreux. Toutes ces raisons justifient une hausse considérable des importations agro-alimentaires.
Les pénuries endémiques et les contraintes de la planification provoquent le développement de l’économie souterraine, qu’il vaut mieux qualifier de parallèle, car elle est complémentaire et corrige les défauts de la direction étatique du pays. L’économie parallèle prouve la méconnaissance par l’Etat des besoins réels de la populatuion.
Lorsque M.Gorbatchev établit ce constat, il sait qu’il doit transformer l’économie de son pays, pour éviter la catastrophe. L’idée de perestroïka commence alors à s’ébaucher.
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, Rusia
La situation économique dont hérite M.Gorbatchev est catastrophique. L pays décline en fait depuis le début des années 60. Certains économistes s’en rendent compte dès le début des années 80 (T.Zaslavskaïa, par exemple, publie un rapport en 1983). Dès lors, que faire? M.Gorbatchev étant un communiste réformateur, il ne peut envisager de rupture avec les dogmes économiques soviétiques. L’idée de perestroïka apparaît comme un compromis : conserver le système économique soviétique, tout en encourageant le développement de l’initiative (loi sur les coopératives).
Informe
ALEXANDROVITCH,Maria, FRANCE OURAL
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