12 / 1994
Le fait qu’Abidjan soit une ville cosmopolite et une plaque tournante des drogues a d’importantes retombées locales. La consommation progresse de façon extrêmement rapide, au point que le nombre des usagers de substances interdites pourrait avoir doublé de l991 à 1992. On peut distinguer trois types de milieux dans lesquels sont consommées les drogues : le milieu des "expatriés" et la communauté libanaise, les quartiers populaires où l’on consomme des drogues dures et ceux où les jeunes fument la marihuana. On retrouve en Côte-d’Ivoire toute la gamme des modes de consommation des drogues empruntés aussi bien aux pays riches qu’aux pays asiatiques.
a)La marihuana
Les drogues dures sont tellement répandues que la marihuana, appelée localement ganja, kangbé, gban, Tchoukounou, est considérée comme la drogue du pauvre ou des débutants. On ne la consomme pratiquement pas dans les quartiers où l’héroïne est la plus répandue, comme Treichville. Elle est par contre fumée par les moins de vingt ans dans les quartiers de Yopougon et d’Abobo.
b)Les psychotropes
Autrement dit les drogues synthétiques. Ils sont consommés par les jeunes et par des travailleurs de l’économie informelle à faibles revenus : colporteurs, vendeurs de journaux, tâcherons, etc. Les plus courants sont l’Imménoctal (IM10)appelé "Sekou Touré", les amphétamines et le Mandrax.
c)L’héroïne
Elle peut se fumer, on peut "chasser le dragon" (on la fait chauffer sur du papier d’aluminium et on inhale la fumée)ou se l’injecter. Elle s’achète en particulier à Treichville dans la zone dit "Eighteen" (pour 18ème arrondissement de commissariat), dans l’avenue 15, rue 7, au quartier d’Apolo. Là, on fume dans la rue. Dans le quartier "France Amérique", près de la boîte "La Cabane Bambou", on "chasse le dragon". Dans l’avenue 12, rue 11, l’héroïne est injectée. On peut s’en procurer à Marcory, à l’ancien marché, au quartier Siporex de Koumassi, en face du marché de Cocody. On la vend parfois sous forme de "quarter" (quart de gramme)à 1 000 CFA, ce qui permet à des enfants de 13 à 15 ans de s’en procurer. Parmi les consommateurs, on trouve également des expatriés, des militaires, français surtout : plusieurs soldats servant au 43 ème BIMA purgent une peine de plusieurs années de prison pour usage ou revente.
La Côte-d’Ivoire est un des pays d’Afrique le plus touché par le Sida : 15 000 cas ont été recensés, et le chiffre est certainement beaucoup plus élevé. Bien que la contamination ait été essentiellement propagée par les contacts sexuels et la transfusion sanguine, l’utilisation de drogue injectée ne peut qu’avoir un effet aggravant sur la diffusion de la maladie.
d)La cocaïne
Elle s’achète au "ship", avenue 15, rue 17. Il y a quelques années, le gramme de cocaïne coûtait de 30 000 à 40 000 CFA, c’est-à-dire un prix proche de celui pratiqué dans les pays européens. Aujourd’hui, il ne vaut plus que 7 000 CFA, ce qui est un indice de l’abondance du produit sur le marché. Mais on la vend sous forme de demi gramme "jets", à 2 500 ou 3 000 CFA. On la trouve également dans les boîtes de nuit, restaurants et hôtels de haut standing.
e)Speed-ball et crack
Le crack se fabrique sur place en mélangeant du bicarbonate de soude à de la cocaïne et en faisant chauffer le tout. On obtient, après refroidissement, de petits "cailloux" qui sont fumés sur de la cendre. Le speed-ball est un mélange injecté de cocaïne et d’héroïne. L’effet est stimulant ou dépresseur selon la proportion de chaque drogue dans le mélange. C’est un usage qui est surtout répandu aux Etats-Unis.
droga, cannabis, heroína, crack, toxicomanía, consumo de droga
, Costa de Marfil, Abidjan
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Investigación
OGD=OBSERVATOIRE GEOPOLITIQUE DES DROGUES
OGD (Observatoire Géopolitique des Drogues) - Francia