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Lorsque les politiques de développement entreprises dans les Iles Tonga ont échoué parce qu’elles se sont révélées totalement inadaptées aux logiques endogènes.

Tom ROBERTS

01 / 1994

La description des Iles Tonga correspond assez bien au rêve qu’on peut se faire d’un paradis polynésien : plages, cocotiers, un climat de type tropical maritime avec des températures moyennes de 21 à 26°, des maisons essentiellement en bois ou en feuilles de cocotiers et une population composée de pêcheurs et d’agriculteurs, avec un mode d’exploitation tourné vers l’autoconsommation.

Mais les rêves se heurtent souvent aux impératifs du "progrès".

C’est dans les années soixante qu’apparaît véritablement la notion de développement, lorsque le gouvernement Tongien décide de commercialiser de manière plus intensive la production agricole et la pêche, notamment en 1966 avec la décision de promouvoir l’exploitation des cocotiers, puis un peu plus tard, l’intensification des cultures exportables.

Malgré tous les efforts accomplis, les aides en matériel, la gratuité des semences, des pesticides ou encore les subventions, cette première démarche se révéla un échec. Ceci malgré la présence de nombreux conseillers agronomiques australiens, français, allemands et néo zélandais.

Le gouvernement Tongien ne perdit pas espoir et tourna ses efforts vers l’élevage : même résultat! Idem pour la pêche. Outre les obstacles d’ordre technique, il n’était pas question pour les tongiens de rester plus que quelques jours en mer... Naviguer, comme les taïwanais ou les coréens, pendant plusieurs mois était absolument hors de question.

L’obstacle majeur au développement était bien là. Les tongiens fonctionnaient depuis toujours à une échelle réduite, subvenant à leurs besoins, bénéficiant d’un cadre qui, a priori, leur paraissait satisfaisant. Les noix de coco existaient en quantité suffisante, par contre, la culture de la vanille (exportable)leur inspira peu (les tongiens n’en utilisaient pas eux-mêmes, il s’agissait d’une plante entièrement exogène). Pour l’élevage, ils ne voyaient pas "l’intérêt du parcage des animaux et l’obligation corollaire de les nourrir et de nettoyer les soues ou les poulaillers ..."

L’attitude des tongiens, leur résistance apparente à la notion de développement, remet en question ce que nous entendons par "progrès".

Que s’est-il passé ? Comment un tel potentiel pouvait-il se dissoudre aussi facilement malgré les efforts d’un gouvernement motivé, les moyens injectés et la présence d’experts étrangers confirmés? M. Van Der Grijp, de l’université de Nimègue, aux Pays-Bas, a trouvé une faille dans l’approche des promoteurs du développement : "Dans les groupes de production tongiens, celui qui, de l’avis des participants, travaille trop, est appelé "ma’anumanu" ; Par ce terme péjoratif, on désigne, comme l’écrit un économiste tongien : "an insatiably materialistic attitude or an excessively mercenary attitude towards work" (une attitude matérielle insatiable ou une attitude excessivement "mercenaire" envers le travail / Halapua 1982 : 60). Ce type de comportement culturel, totalement opposé à l’idéologie productiviste et compétitive du capitalisme, freine le développement de l’économie tel que l’envisage le gouvernement tongien et la plupart des coopérants d’outre-mer ; développement qui, dans la pratique, prend la forme d’une intensification croissante de la commercialisation et d’un abandon progressif des pratiques d’auto subsistance."

Il existe des lieux dans ce monde qui donnent confiance en l’homme.

Palabras claves

cambio cultural, cultura popular, fracaso, evolución cultural y cambio social, historia del desarrollo, modelo cultural, participación popular, dimensión cultural del desarrollo, cultura y desarrollo, resistencia al cambio, productividad, capitalismo


, Tonga

Comentarios

L’exemple des Iles Tonga est une illustration particulièrement représentative des différences qui existent entre les logiques d’un monde endogène et celles importées de l’extérieur.

Qu’entendons-nous par développement ? Qu’entendons-nous par pauvreté ? Nos approches, nos définitions, ne sont elles pas une projection de nos propres réalités, de nos peurs et de nos bases matérialistes ? Peut-on imaginer une société -des sociétés- qui n’ont pas forcément besoin d’intégrer nos modèles ? Une phrase du vice-président de la Banque Mondiale, M. Ismail Serageldin, est révélatrice : "Je suis convaincu qu’avec les politiques appropriées, nous pouvons résoudre à la fois la faim et les problèmes de l’environnement, à condition de travailler ensemble et surtout d’offrir aux pauvres les moyens d’être plus productifs et ainsi de contrôler leurs propres vies." La productivité est-elle, en fin de compte, la meilleure réponse ? L’exemple des Iles Tonga est à méditer.

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ROBERTS, Tom, AUI=Action d'Urgence Internationale

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