03 / 1995
Un animateur extérieur décrit comment la fonction d’épargne et de crédit s’appuie sur les tontines des femmes. "Dans l’Union des Collectivités de Tattaguine, avant sa naissance, nous avons demandé aux animateurs d’identifier toutes les initiatives en matière d’épargne et de crédit qui existaient dans les villages. Ils ont repéré les tontines. Chaque village a écrit là-dessus et nous avons organisé un atelier pour voir d’autres expériences. A l’issue de cet atelier, nous voulions mettre en place quelque chose qui cadrait avec la réalité de la zone. Qu’est-ce qui existait déjà ? la tontine. La tontine est un service, un petit groupe en-dessous de l’association villageoise. Les femmes groupent de l’argent, chaque semaine et le donnent à l’une d’entre elles, chacune son tour pour qu’elle l’utilise comme elle l’entend. Elle est obligatoire pour les hommes comme pour les femmes. Prenons un exemple : l’Union des villages, qui possède un petit fonds, prête 80.000 FCFA à un groupement de femmes travaillant sur les marchés hebdomadaires. Lors de chaque marché, chaque femme va donner 500 FCFA de cotisation pour la tontine. La femme, dont c’est le "tour" va prendre 2.000 FCFA de la somme totale (si c’est un groupe de 15 personnes, on aura 500 FCFA x 15 = 7.500 FCFA)et mettre, dans la caisse du groupe, 1.000 FCFA pour son épargne individuelle et 1.000 FCFA pour l’épargne collective. Avec les 5.500 FCFA restants, elle va investir pour son prochain marché.
C’est donc l’Union des villages qui fait des prêts, remboursables en 3 ou 4 mois auquel s’ajoutera l’épargne collective. Cette somme de 80.000 FCFA ainsi que les intérêts (10.000 FCFA)et la durée de remboursement ont été décidés par les femmes délégués de tous les groupements. La montant du prêt est le même pour tous les groupes (hommes, femmes, maraîchers, etc.). Ces derniers ont mis en place un comité de suivi qui contrôle et récupère les remboursements à la caisse de l’Union. Actuellement, ces fonctions de crédit et de mobilisation de l’épargne sont totalement séparées. Plus tard, on pense à créer un GIE, pour en faire une sorte de société d’investissement.
On peut dire que nous avons commencé l’action avant même d’en avoir fini l’étude, mais les gens étaient d’accord. Cela ne nous empêche pas d’observer, d’évaluer cette action et de voir comment la rectifier afin de continuer. Aujourd’hui, les gens disent que leur priorité est de voir les relations qu’il faut avoir, pour l’épargne et le crédit, entre le groupe et le village. Ils demandent une banque villageoise".
organización campesina, mujer, tanda, ahorro, crédito
, Senegal, Tattaguine
Jusqu’à présent nous n’avions vu cette évolution que dans des tontines urbaines. Partout ailleurs, pour les mouvements que nous connaissons au Sénégal, la fonction d’épargne et de crédit est encore balbutiante et ne s’appuie pas sur les tontines existantes, du moins la fonction dite moderne.
Entretien effectué par LECOMTE, Bernard.
Maïssa Pape FALL est un ancien instituteur qui a démissionné pour devenir animateur externe d’associations paysannes. De 1982 à 1994, il a contribué à la fondation de 3 Unions locales de groupements.
Entrevista
1994/10/00 (France)
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