05 / 1993
Le contexte
Au début des années 1970, les autorités zambiennes avaient accepté que les colonies de squatters ne soient pas supprimées. Il était d’ailleurs pratiquement impossible de reloger les habitants dans des zones rurales ou dans des lotissements. Le gouvernement zambien, sur le modèle de la législation péruvienne qui, en 1961, avait permis de faire réaliser des parcelles assainies pour reloger les squatters, vota une loi similaire en 1974, la première du genre en Afrique. Le résultat fut que, en 1978, 160 000 personnes réparties sur 27 000 parcelles furent relogées dans trois quartiers de Lusaka grâce à des projets d’amélioration financés par la Banque Mondiale avec l’appui de l’UNICEF et de l’AFSC (American Friends Services Committee)
Mais, entre 1987 et 1991, devant la forte croissance urbaine, la politique urbaine changea : plusieurs bidonvilles de Lusaka furent rasés et des habitants furent même expulsés des zones rurales : A 900 km au nord de Lusaka, 400 familles expulsées en juin 1992 de Kapiri Mposi ; dans la zone péri-urbaine de Lusaka, 38 familles expulsées au début de 1992 du bidonville de Kanyama et 20 familles de celui de Msisi. Certains bidonvilles situés près du centre firent aussi l’objet d’expropriations pour répondre à la nouvelle politique d’aménagement urbain.
Les habitants expulsés étaient des occupants illégaux, certains depuis plus de dix ans. Les autorités locales justifièrent ces expulsions par le fait que les terrains occupés illégalement devaient être libérés pour des industries, des commerces ou pour des espaces verts
Les acteurs impliqués dans le processus et leur rôle
A chaque fois, les autorités locales prévinrent les habitants des décisions d’expulsion plus d’un an auparavant. Des négociations furent entreprises entre les habitants et les autorités locales avant les expulsions, mais elles n’aboutirent à aucun accord
Les expulsions furent réalisées avec violence par des forces de l’ordre accompagnées d’officiers de police. Des menaces furent formulées à l’encontre des habitants par les forces de l’ordre qui leur lancèrent des pierres pour les obliger à partir. Les baraques dans lesquelles vivaient les habitants furent démolies. Mais il n’y avait sur le site aucune infrastructure publique
Les victimes n’utilisèrent aucune stratégie légale pour éviter les expulsions. Elles ne connaissaient pas leurs droits lors des procédures d’expulsion et encore moins les droits internationaux concernant le droit au logement. Une campagne pour leur défense fut cependant menée par deux ONG (organisations non gouvernementales)zambiennes (Zambia Collective Housing Community Development Foundation, Zambia Women and Shelter Action Group)qui envoyèrent des lettres de protestation aux ministres et au gouvernement local
Les conséquences immédiates des expulsions furent dramatiques pour la plupart des victimes qui perdirent à la fois leurs logements et leurs affaires personnelles. Les enfants, les femmes enceintes furent les plus affectés, les uns et les autres durent se débrouiller par eux-mêmes afin de trouver un nouvel abri pour se protéger du froid de l’hiver. Les squatters n’étant pas organisés, aucune demande sociale ne put être exprimée par l’ensemble des familles concernées.
En 1993, les terrains qui avaient été libérés étaient toujours inoccupés en attente de la réalisation des opérations prévues.
Réactions et attitudes des différents secteurs.
Les médias, presse et télévision, ont couvert toutes les expulsions, mais sans entraîner une forte réaction de l’opinion publique locale
Les acteurs politiques, d’une manière ou d’une autre, ont joué un rôle négatif lorsque des membres du Parlement et des ministres du gouvernement local ont commencé à faire procéder à des expulsions. Par contre, certains membres du Parlement et certains élus des zones concernées se sont opposés aux expulsions. Les membres du Parlement pour le secteur ont même tenté de trouver une solution avec le Ministre du gouvernement local
Alternatives proposées
Après les négociations des deux ONG zambiennes avec le ministre du gouvernement local et la municipalité, les autorités locales acceptèrent de reloger les habitants sur des parcelles à une vingtaine de kilomètres de leur lieu d’origine.
Certaines familles refusèrent la proposition et allèrent dans des logements loués, plus proches de leur lieu de travail et surtout plus proches des réseaux sociaux qu’ils avaient tissés depuis leur installation sur le site. D’autres retournèrent occuper illégalement les terrains ou d’autres bidonvilles.
Les familles qui sont allées dans des logements en location considèrent que leur situation a empiré car les loyers sont élevés. Par contre, celles qui ont accepté d’être relogées sur les parcelles situées à la périphérie de la ville considèrent qu’elle s’est améliorée : certaines ont acheté des matériaux pour reconstruire leur propre logement car elles savent que, désormais, elles ne seront plus expulsées.
Toutefois, aucune compensation financière ne fut offerte par les autorités locales ni à ceux qui avaient accepté d’aller sur les nouvelles parcelles, ni à ceux qui avaient loué des logements. Ce qui veut dire que les biens qu’ils avaient accumulés depuis une dizaine d’années furent perdus, matériaux de construction et biens personnels ayant été détruits lors de l’expulsion.
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, Zambia, Kinsaka
En mai 1992, d’autres expulsions étaient prévues dans d’autres quartiers, soit environ 20 000 familles qui vivaient depuis vingt à trente ans dans des habitations précaires sur des terrains réservés par le gouvernement pour des projets de développement urbain. Celui-ci justifiait ces expulsions par la nécessité de créer de nouvelles infrastructures. L’une des ONG zambienne a pris la défense des populations concernées et a pu négocier avec les autorités locales la suspension provisoire des expulsions.
Documentación gris
COHRE=CENTRE ON HOUSING RIGHTS AND EVICTIONS, COHRE, CENTRE ON HOUSING RIGHTS AND EVICTIONS, 1993/04 (NIGER)
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