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diálogos, propuestas, historias para una Ciudadanía Mundial

Des campagnes de communication contrôlées par les paysans

Nicolas SILHE

06 / 1994

Le savoir des paysans et le choix par ceux-ci de l’information qui leur est nécessaire : telles sont les bases sur lesquelles s’appuient les campagnes de diffusion d’information lancées dans le cadre d’un projet coordonné par le Conseil philippin pour la recherche et le développement de l’agriculture, de la foresterie et des ressources naturelles (PCARRD)et soutenu par le gouvernement philippin. Ce projet avait pour objectif d’augmenter la participation des petits paysans à l’identification des technologies à élaborer ou transférer, et de susciter une circulation d’information dans les deux sens entre paysans, agents de développement et chercheurs. Ce projet rappelle la leçon de Paulo Freire : avec l’appropriation par l’homme de son propre apprentissage, c’est un des obstacles majeurs au développement qui est surmonté. La philosophie est ici tout autre que celle qui inspire le transfert de technologie "classique".

Pour que le paysan puisse accéder à l’information selon ses besoins, son temps et ses moyens, son interlocuteur (ONG, animateur communautaire, chercheur, ...)doit adopter un rôle nouveau. Dans un premier temps, il apporte un soutien pour définir quels sont les problèmes et aide les paysans à dresser un inventaire des solutions potentielles. Cela sous-entend aussi, pour un programme gouvernemental, d’accepter de solliciter les chercheurs du service public pour qu’ils répondent aux demandes formulées par les paysans. Une fois élaborées des options, l’interlocuteur des paysans devient communicateur, avec pour tâche d’organiser les connaissances, de les mettre en forme sur différents supports et de les présenter aux paysans, qui ont à les juger, les digérer, les rejeter ou les modifier et se les approprier.

Le projet concerne cinq barangays (villages)assez isolés et touche une population de petits paysans, de pêcheurs, de femmes et de jeunes. Il s’est déroulé de la façon suivante. Par diverses méthodes d’évaluation, la demande des paysans pour une information externe a été identifiée : d’abord la communauté a décrit aux enquêteurs son environnement physique et social ; puis une dizaine d’hommes et femmes de différents âges et groupes dans le barangay ont été sélectionnés pour une discussion où des problèmes et des causes sous-jacentes ont été identifiés et représentés sur un diagramme en arbre. Ce type de diagramme s’avère utile pour exposer et vérifier l’information auprès d’un public plus large.

Suite à l’indication par les paysans de leurs préoccupations principales, une évaluation par questionnaire de leurs connaissances sur les technologies qu’ils recommandent a été menée à l’échelle des communautés entières. L’identification des lacunes dans les connaissances a permis d’élaborer des objectifs pédagogiques pour les campagnes de communication. Il s’agit ici d’une démarche moins participative, mais qui permet d’explorer de façon systématique ce qui intéresse les paysans. A la fin des campagnes de communication, une nouvelle évaluation permet aux paysans de mesurer leur acquisition de connaissances.

Les campagnes de communication se font au moyen de combinaisons de différents supports (écrit, audio, parfois vidéo)conçues spécifiquement en fonction des groupes cibles. Le CATS (Système de tour audio communautaire)constitue un élément essentiel. Composé d’une console audio de type karaoke reliée via un amplificateur à des haut-parleurs fixés au sommet d’une petite structure de poutrelles, il permet d’émettre dans un rayon de deux kilomètres. Les documents radiophoniques sont diffusés trois fois par semaine, pendant un quart d’heure, tôt le matin ou le soir.

Dans le barangay Tacunan, près de la ville de Davao, suite à des rencontres entre le personnel du projet et la communauté, une association de radiodiffusion communautaire s’est constituée, dont plusieurs membres ont été formés à l’écriture de textes radiophoniques. L’association se charge des programmes et des horaires de diffusion de "Radyo Tacunan", ainsi que de la collecte de fonds dans le barangay pour subvenir aux coûts de fonctionnement. Les raisons de cet enthousiasme sont multiples. Ainsi, la concertation a créé un climat de confiance entre les paysans et le personnel du projet ; du fait du contrôle par les paysans des informations à transmettre, il y a un fort degré d’appropriation de cette outil ; finalement, il s’agit là d’un barangay dont l’organisation est particulièrement développée : en cas de besoin, des groupes sont constitués très vite, les réunions sont tenues de façon régulière, l’outil CATS est utilisé pour la diffusion d’information sur d’autres sujets d’importance - ceci explique par exemple la réussite presque à 100 % des opérations de vaccination des services de la santé.

Les paysans établissent maintenant des liens avec des ONG et des services gouvernementaux. Ils ont acquis des connaissances et une confiance leur permettant de demander là où il faut les services ou l’information dont ils ont besoin. Des paysans de Tacunan par exemple ont été formés par des spécialistes aux tests pédologiques et ont reçu du matériel pour pratiquer les tests. A Tacunan la hutte abritant "Radyo Tacunan" est devenue un lieu de rencontre et de détente après la journée de travail. La routine des émissions du début de soirée pourrait devenir une réelle tradition. Le processus d’apprentissage engagé pourrait comporter en soi le germe d’un développement éminemment durable : une dynamique collective d’apprentissage individuel tout au long de la vie.

Palabras claves

participación popular, comunicación, comunidad campesina, proyecto de desarrollo, transferencia de tecnología, desarrollo rural, radio, investigación, técnico y campesino, información


, Filipinas, Tacunan

Notas

Pour plus d’information : The Director, Applied Communication Division, PCARRD, Los Baños, Laguna, Philippines, ou : Development Support Communication Branch, Information Division, FAO, Via delle Terme di Caracalla, Rome, 00100 Italie, tel (39-6)5225 4099, fax (39-6)5225 5155.

Fuente

Artículos y dossiers

RAMIREZ, Ricardo; STUART, Teresa in. ILEIA NEWSLETTER, 1994/03

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