11 / 1994
L’ORDIK (Organisation Rurale pour le Développement Intégré de la Kolimbine)rassemble, dans la première région du Mali, à 35 km de Kayes, neuf villages pour des actions communes et concertées de développement. Cependant, dans la pratique, ses responsables ont compris que le niveau local avec les problèmes propres à une seule communauté ne devait pas être négligé. D’où l’idée de former des animateurs villageois, à la fois proches des habitants et très informés de la politique décidée par le comité de l’ORDIK et mise en oeuvre par l’équipe projet composée de techniciens. Harouna Samassa, en charge de l’animation et de l’alphabétisation assigne à l’animateur villageois deux fonctions essentielles : accompagner la réflexion et diffuser l’information. Il doit, selon lui, "jouer le rôle de catalyseur au niveau local pour amener les gens à se poser des questions. Il doit pousser les gens à chercher des solutions à des besoins qui existent mais que seuls, ils n’arrivent pas à poser clairement. C’est quelqu’un qui aide à accoucher." Par ailleurs, "en plus de la restitution que font les membres du comité dans leur village respectif et la répercussion des informations au niveau du projet, l’animateur villageois pourrait jouer plus efficacement le rôle de courroie de transmission." Pour remplir au mieux cette double mission, les candidats potentiels devaient répondre à certains critères : être natif de l’un des villages, appartenir à une association, être dynamique, être considéré comme crédible et de confiance, pouvoir assumer des responsabilités. Dans la zone ORDIK, deux personnes ont finalement été choisies pour suivre la formation organisée par le CEFP (Centre d’Echanges et de Formation Pratique)de Bakel (Sénégal). D’une durée totale de trois mois et s’adressant en majorité à des analphabètes, cette formation a donc accordé une place très importante à l’observation des situations concrètes et à la visite de réalisations dans les villages. Selon Harouna Samassa, cette méthode a permis aux participants, à l’issue du stage, "de sentir qu’ils possédaient un petit capital grâce aux voyages et aux discussions leur permettant de voir plus clair et d’avoir du recul par rapport à ce qui se fait chez eux." A Tafassirga, Bakary Djombera a mis à profit ses nouvelles connaissances pour faciliter la communication entre villageois et migrants établis en France sur le problème du financement d’un barrage. Il a animé une équipe de réflexion sur la protection de l’environnement et a ainsi contribué à ce que des mesures d’interdiction du pâturage des animaux dans certaines zones soient prises. Pour ce dossier, c’est lui qui s’est occupé de toutes les démarches avec les services techniques. A Djallane, 2000 habitants, plus important que Tafassirga, 600 habitants, l’animateur villageois a rencontré plus de difficultés pour mobiliser les gens. Mais ces deux hommes nouvellement formés constituent désormais deux personnes ressources pour le comité ORDIK qui peut leur demander d’intervenir également dans les autres villages. Ils sont actuellement sollicités pour participer à la réorganisation des associations villageoises afin d’en faire des instruments de développement plus efficaces et plus cohérents.
comunidad campesina, comunicación, desarrollo comunitario, difusión de la innovación, formación, metodología, organización comunitaria, reflexión colectiva, técnico y campesino, medio rural
, Mali
La stratégie de communication de l’ORDIK et sa volonté de susciter réflexion et mobilisation collectives s’incarnent notamment dans la formation d’animateurs villageois. Idéalement, chacun des neuf villages devrait avoir le sien. Mais le succès d’une telle initiative dépend de la capacité de chacun des animateurs choisis de concilier à la fois la prise en compte de l’autorité traditionnelle et la parole offerte à tous.
Entrevista
FONTENEAU, Anne; SAMASSA, Harouna