1994
La mutation : une évolution s’effectue au sein de fédérations d’organisations paysannes. Ces organisations s’impliquent de plus en plus dans les activités économiques afin :
- d’aider les groupements paysans à organiser mieux les activités économiques agricoles traditionnelles
- de reprendre en charge des fonctions laissées vacantes par le désengagement accéléré des Etats et des sociétés para-étatiques d’encadrement du monde rural (par ex. distribution des intrants, commercialisation)
-de créer des entreprises gérant des activités économiques d’amont et d’aval de la production agricole et des entreprises de services.
Cette mutation vers l’économique touche des organisations qui quelques années ou quelques mois auparavant, se sont constituées et renforcées dans un mode d’identité associatif. Or, le ciment de ces associations est la solidarité, leurs préoccupations sont avant tout culturelles et sociales ou de formation. Elles sont nées en réaction à des Etats volontiers encadreurs mais incapables de protéger le monde paysan des calamités naturelles, ni de l’érosion du revenu des cultures de rente, ni de la baisse des prix sur les marchés urbains.
Aujourd’hui, au sein de ces associations, naissent des "entreprises paysannes" : ce terme vise à cerner une démarche complexe, qui tente de tenir ensemble un faisceau de contraintes plus ou moins compatibles :
-maîtriser le dilemme rentabilité économique/rentabilité sociale
- mieux mener des activités économiques, donc les gérer, ce qui nécessite de nouvelles compétences, donc des modifications des pouvoirs.
- reconnaître que les activités économiques ont une logique qui leur est propre, différente de celle des activités non-économiques.
Le temps est un concept-clé, mais souvent caché dans le passage à une gestion d’entreprise. Même les organisations de paysans, qui savent le rythme des saisons ne la maîtrisent pas bien et brûlent les étapes.
Les défis : parmis les problèmes d’organisations que pose cette mutation, l’auteur en souligne deux :
1. "A quels niveaux construire des entreprises ?"
la structure des ces organisations la plus répandue est la suivante :
i)individus et familles
ii)groupement, le plus souvent intra-villageois
iii)association locale de plusieurs groupements
iv)fédération de groupements, régionale le plus souvent
v)fédération nationale
Les niveaux 4 et 5 n’existent pas partout, ou se chevauchent. Certains dirigeants construisent d’abord au niveau central et courent le risque de voir les niveau 2 et 3 se désintéresser de leurs affaires ; d’autres commencent aux niveaux 2 et 1 et exposent leurs jeunes fédérations au péril de la désintégration.
2. Comment distinguer en permanence l’association et l’entreprise ? Qu’elles naissent à n’importe quel niveau, les embryons d’entreprises ne peuvent survivre que si elles se distinguent de l’association. Deux notions sont importantes à comprendre par les dirigeants :
- celle d’une délimitation de l’entreprise, ses frontières ; il ne s’agit pas d’une frontière concrète mais d’une frontière "dans la tête des responsables". Elle se traduit par une comptabilité propre de l’entreprise qui va les aider à identifier les conditions de survie de l’entreprise sans son environnement
- celle de "flux" qui permet la mesure des échanges à travers cette frontière : échanges de matières et échanges d’argent. Par exemple, une association paysanne désigne, parmi ses respondables, un comité de gestion d’une entreprise de transformation agricole née de l’association, dont la petite entreprise n’est qu’une partie et qu’un acpect. Il est essentiel que ces responsables, quand ils dirigent la gestion, de l’entreprise, distinguent bien cette entreprise de l’ensemble, qu’ils sachent quand ils prennent des décisions (par exemple fixer des prix)s’ils jugent en tant que responsables associatifs ou en tant que gestionnaires d’entreprise.
empresa, asociación, rentabilidad
, África Occidental
L’expérience de l’auteur se rapporte à des cas africains (Zimbabwe, Rwanda, Sénégal). la part d’échec est élevée. la comparaison avec des cas d’Amérique latine, d’Europe et d’Asie serait probablement féconde.
CF. compte-rendu, publié sous le titre : "Le financement alternatif : le cas des micro entreprises et des associations de producteurs des pays andins", d’un séminaire qui a eu lieu à Quito, Equateur, en octobre 92.
Documentación gris
RAFAD=RECHERCHES ET APPLICATIONS DE FINANCEMENTS ALTERNATIFS AU DEVELOPPEMENT, RAFAD, 1993 (SUISSE)
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