Partie 2
03 / 2012
La santé comme demande des jeunes
Dans le domaine de la santé, les jeunes ont des besoins particuliers, non seulement dans le langage, mais aussi dans le contenu et la forme d’assistance. Durant ce cycle de vie particulièrement sain du point de vue de la constitution biologique, une grande partie des problèmes de santé découle des modes de vie, des habitudes et des comportements dans leur recherche d’une définition identitaire et d’une satisfaction personnelle. Ainsi, la spécificité de la jeunesse dans le domaine de la santé est liée à l’insertion particulière des jeunes dans le monde social.
Les jeunes apparaissent alors connectés à des thèmes comme la grossesse durant l’adolescence, les maladies sexuellement transmissibles et le sida, l’abus des drogues, les accidents de la route, les homicides et les agressions découlant de leur implication lors de situations de violence.
Toutefois, plusieurs facteurs entrent en ligne de compte dans le fait de tomber malade : des conditions de vie précaires, le travail, la culture et les loisirs etc. ; l’exclusion sociale qui empêche l’accès aux droits fondamentaux du citoyen (éducation, santé en général, aide sociale, culture, sports, loisirs).
Il est donc nécessaire d’élargir la compréhension de ce contexte particulier de la vie du jeune pour ne pas limiter l’entrée en matière de la santé aux actions à caractère préventif qui sont proposées contre des éventuels comportements à risque, dans une perspective de contrôle social. Il est nécessaire d’ouvrir un nouvel horizon de promotion de la santé, en offrant un support social à la réalisation des projets de vie des jeunes. Une telle compréhension amplifie le rôle des politiques publiques de santé et de l’action de leurs professionnels. Il convient de mettre en place des politiques structurées de promotion de la qualité de vie des jeunes.
SIX SUGGESTIONS
1. Création d’équipements multiples, comme les centres de jeunesse, des espaces de cohabitation pour les jeunes, entre eux et avec les agents publics, grâce auxquels les informations peuvent véhiculer, les demandes peuvent être exprimées et accueillies, et les actions peuvent être formulées, débattues et programmées.
2. Création d’un système d’informations sur les services tournés vers les jeunes.
3. Formation des ressources humaines pour le travail avec la jeunesse. Les agents locaux des politiques publiques doivent faire preuve d’une écoute affinée et proposer des conditions d’accueil adaptées à la singularité et à la pluralité de la condition jeune.
4. Éducation à la santé grâce à l’abordage de jeunes par d’autres jeunes (enseignement en binôme/jeunes multiplicateurs).
5. Création du groupe d’usagers qui participent activement à l’élaboration, à l’implantation et à l’évaluation des actions de santé avec la jeunesse. Reconnaître, promouvoir et renforcer le protagoniste jeune est, en soi, une action de santé.
6. Mettre en place des politiques de santé mentale en rapport étroit avec les politiques de culture et d’éducation et pouvoir distinguer des signes importants de souffrance psychique chez les jeunes (soutien à la crise).
Source : entrevues avec des professionnels de la santé et avec des jeunes qui ont participé au groupe lié à la santé reproductive ou qui demande « des politiques de réduction de dommages ». (1)
Ultérieurement, les groupes de dialogues nationaux, réalisés dans chaque pays, et le groupe de dialogue régional, mis en place à Rio de Janeiro, ont à nouveau examiné les demandes des jeunes. Les 7 demandes ont été ratifiées et, après suggestion d’une partie des participants, une nouvelle demande a été ajoutée : le logement.
- Accès au crédit jeune pour le logement des jeunes en ville et à la campagne
« Toutes les tranches d’âge sont visées par les demandes, car si l’une d’entre elles bénéficie de cette demande, alors, le reste de la population finit par en bénéficier également. Mais il y a aussi des demandes qui concernent plus les jeunes que les adultes ou les personnes âgées. Par exemple, en Uruguay, le plus grand problème, c’est le logement. J’ai déjà parlé du cas de l’Uruguay durant les groupes de dialogue. Aujourd’hui, on ne peut pas déménager, car on n’a pas de quoi payer un loyer. Le premier travail est généralement précaire. » Jeune ayant participé au groupe de dialogue régional, RJ, 2009.
Durant la recherche, cette demande avait déjà été formulée mais elle concernait surtout l’agenda des jeunes européens. Ainsi, elle a été introduite dans le débat par l’intermédiaire de personnes et de groupes qui fréquentent les espaces internationaux de la jeunesse. Elle a été discutée par certains groupes de dialogues mis en place dans un contexte national et, ensuite, dans un contexte régional. Dans les pays concernés par l’étude, la demande de logement est réappropriée selon les situations concrètes des différents groupes de jeunes.
En ville, elle concerne la recherche de subventions et de crédits spéciaux pour l’acquisition de logements pour les jeunes, en prenant en considération l’instabilité des nouvelles conditions sur le marché du travail. Parallèlement, elle est reprise par les politiques territoriales, qui visent à améliorer les conditions de vie dans les favelas, dans les banlieues et dans les ensembles locatifs.
À la campagne, la demande de logement concerne de jeunes petits producteurs qui revendiquent également l’accès à la terre et aux crédits pour travailler et, maintenant, pour construire leur maison. Mais elle pourrait également viser les jeunes qui sont salariés du secteur agricole, pour lesquels un logement propre pourrait leur fournir un pouvoir d’échange plus important, en évitant, ainsi les situations de surexploitations de leur force de travail.
Les groupes de dialogue, au niveau national et régional, ont également repris une question classique : la participation serait-elle une demande parmi les autres ? Ou est-ce plutôt une condition nécessaire et indispensable pour l’acheminement de toutes les demandes ? Pour quels groupes, réseaux et mouvements de jeunes serait-ce une demande spécifique ?
La participation : une condition indispensable et/ou une demande spécifique ?
La revendication des espaces de participation est apparue de manière assez forte au cours de la recherche, surtout dans deux contextes :
Chez les jeunes qui faisaient partie de mouvements, de groupes, de collectifs et d’organismes tournés vers les demandes des jeunes (par exemple : les partis politiques et les syndicats), mais pas uniquement. Dans ces cas, plus « de participation », signifie plus de possibilités pour que les jeunes arrivent à occuper des espaces de décisions et de représentation au sein de leurs organisations ;
Chez les jeunes qui faisaient partie de collectifs, de groupes, d’organismes et de mouvements directement engagés dans la construction de la « jeunesse » comme sujet/acteur politique. Dans ce cas, la participation est associée à l’ouverture d’espaces qui leur permettent d’interférer dans les dynamiques de pression et de dialogue avec les instances gouvernementales. Ici, participation signifie avoir une voie dans l’élaboration, dans l’exécution ou dans le contrôle d’un programme ou d’une politique publique spécifiquement tournée vers les jeunes.
Les discussions au sein du groupe de dialogue régional ont tenu compte de ces deux dimensions, et ont pris en considération :
d’une part, la participation vue comme une condition indispensable pour l’acheminement de huit autres idées. Pour obtenir des réponses concernant l’éducation, le travail, la culture, la sécurité des droits de l’Homme, la santé, le transport, la durabilité environnementale et le logement, la participation de différents segments jeunes est fondamentale. Sans cette participation, il n’y a aucun moyen de garantir (après reconnaissance de droits et promotion des accès) la reconnaissance des besoins et des identités spécifiques de différents segments jeunes de la part des gouvernements et des sociétés. La participation se révèle donc être la condition indispensable pour renouveler les rapports intergénérationnels et garantir l’exercice nécessaire de la démocratie interne des organisations syndicales et politiques dans lesquelles cohabitent les jeunes et les adultes.
d’autre part, la participation vue comme une demande spécifique qui renvoie directement aux espaces institutionnels de construction de politiques publiques pour la jeunesse. Si, aujourd’hui, le fait de mettre en place un nouveau paradigme de Politiques Publiques pour la jeunesse est en jeu, dans lequel les jeunes ne sont pas seulement « bénéficiaires » mais « sujets de droits », co-responsables de programmes et d’actions qui leurs sont destinés, la participation des jeunes dans ces espaces prend un nouveau sens. Il s’agit de mettre en place des canaux et des mécanismes stables de participation qui garantissent la présence de jeunes dans la validation, le suivi et l’évaluation de politiques publiques visant les jeunes.
Ainsi, après le groupe de dialogue régional, la demande de «participation» a intégré la liste des demandes pour la construction d’un agenda commun.
Et le débat continue
Arriver à des consensus renforce le dialogue, mais cela ne signifie pas pour autant que tous les doutes et interprétations divergentes disparaissent pour toujours. Même si les neuf demandes ont trouvé écho dans l’ensemble du groupe de dialogue régional, des questions relatives au caractère des demandes des jeunes ont subsisté. Jusqu’à quel point celles-ci peuvent-elles être associées aux demandes d’autres sujets sociaux ? Jusqu’à quel point sont-elles spécifiques ?
Il est certain, tout comme l’ont mis en évidence les jeunes ayant participé au groupe de dialogue régional, que les demandes relatives au travail, à l’enseignement, à la culture, à la santé, au transport, à la sécurité, à la protection de l’environnement ne concernent pas seulement les jeunes. Ces thèmes concernent les combats les plus importants de la société pour s’opposer au modèle de développement aujourd’hui en vigueur. Un consensus a permis d’établir que les demandes (générales ou universelles) sont faites par toute la société, mais étant donné qu’elles concernent plus précisément les jeunes, elles présentent des spécificités, et bénéficient d’un programme particulier.
La question est-elle résolue ? Si les demandes des jeunes font partie des combats les plus importants, pourquoi renforcer les organisations jeunes ? Ne serait-il pas plus efficace et plus important de renforcer la présence des jeunes au sein des organisations de la société civile tournées vers ces thèmes et ces secteurs ?
Une autre recherche a été menée comme contre argument à cette possibilité : si les effets du modèle de développement en vigueur touchent la jeunesse de manière particulière, comment garantir que des organisations sans classes d’âges incluent les spécificités des jeunes dans les demandes générales pour prendre en considération les besoins des jeunes d’aujourd’hui ?
Conclusion : les groupes, les réseaux et les mouvements jeunes doivent se renforcer pour arriver à obtenir une reconnaissance des demandes concernant les jeunes, que ce soit au sein d’organisations plus générales que ce soit à leur côté.
Contre les restrictions sur la réflexion : deux questions subsistent et méritent de nouvelles discussions
« Assembler différents mouvements jeunes pourrait-il conduire à une hiérarchie des demandes ? Dans ce cas, les groupes et les réseaux présentant des demandes moins générales restent-ils sans voie ? »
Ou alors :
« Comment garantir que les organisations les plus structurées ne dominent pas la question et rendent invisibles certaines demandes de groupes minoritaires ? »
« Comment structurer les demandes émanant des différents mouvements jeunes en considérant qu’il y a des différences idéologiques, à caractère religieux et moral parmi les organisations jeunes qui font partie de la société civile ? »
marginación social y salud, coste de la vivienda, acceso a la vivienda, toma de participación, condiciones de vida
, América del Sur
Le Livre des jeunesses sud-américaines
La version originale (en portugais)est en ligne sur le site d’Ibase : www.ibase.br/pt/biblioteca-2/
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