Perceptions sur les jeunes et les jeunesses : ce que révèle le sondage d’opinion
03 / 2012
Jusqu’à quel point les avis de ces jeunes, entendus à partir d’un raisonnement de recherche qualitative, trouvent écho dans l’avis des jeunesses en général ? En cherchant à percevoir ce qui les rapproche et ce qui les éloigne, les investigations sur la signification et les caractéristiques de la « jeunesse » ont été incluses dans le sondage d’opinion.
Quel est le premier mot qui vous vient à l’esprit lorsque je dis « jeunesse » ? Divertissement, liberté, indépendance, joie, futur, perte, espoir, absence d’espoir, responsabilité ou irresponsabilité ?
En tout, 1851 mots ont été cités par 14 000 jeunes et adultes interrogés lors d’une recherche réalisée dans six pays sud-américains.
D’un ensemble présentant des caractéristiques aussi différentes, dans l’ensemble des pays, nous avons pu tirer une seule et unique conclusion : l’importance de la catégorie « responsabilité » et de deux événements marquants au cours du cycle de vie, à savoir : le mariage et l’arrivée d’enfants, pas nécessairement dans cet ordre.
Les personnes interrogées célibataires ont une opinion plus positive de la jeunesse et des caractéristiques « d’être jeune », (liberté, joie, espoir). Celui ou celle qui assume des responsabilités en se mariant ou en ayant des enfants, devient adulte et se rapproche plus des perceptions négatives (irresponsabilité, violence, perte…).
Partant d’une autre problématique, les personnes interrogées ont été invitées à comparer les jeunes et les adultes. Les jeunes ont été considérés comme plus « consommateurs », plus « dangereux », plus « violents » et plus « individualistes » que les adultes. L’opinion négative sur les jeunes prédomine. Mais ils sont également considérés comme plus « créatifs » et « idéalistes ». Les qualificatifs permettant d’évaluer plus ou moins les jeunes par rapport aux adultes sont assez similaires dans les six pays, même s’il y a une différence d’échelle. Même si les opinions divergent légèrement parmi les jeunes et les adultes, celles-ci, dans ce cas, ne sont pas significatives. La majorité des jeunes assimile les images que la société projette sur elle.
Être jeune au XXIe siècle, c’est…
…être moins catholique que la génération précédente
La transmission intergénérationnelle du catholicisme est en perte de vitesse. Selon les informations du sondage d’opinion, les catholiques sont représentés dans la plus grande partie de la région, mais cette génération suit moins la religion de ses parents.
…être plus connecté à Internet
En étudiant ce tableau, nous pouvons voir que l’âge et Internet augmentent leurs effets mutuellement : en Argentine et au Brésil, les jeunes utilisent la toile deux fois plus que les adultes ; au Chili, en Bolivie et en Uruguay, trois fois plus ; au Paraguay, quatre fois plus.
…être plus scolarisé que la génération précédente
Dans tous les pays concernés par la recherche (partant de l’analphabétisme jusqu’à l’enseignement universitaire), les jeunes présentent un degré de scolarité supérieur à celui des adultes. Le tableau suivant concerne l’enseignement secondaire.
Même si le degré de scolarité chez les jeunes est plus élevé aujourd’hui que celui des générations précédentes, il est important de souligner que le nombre de ceux qui n’ont pas terminé leur enseignement secondaire est encore significatif. Comme nous le verrons plus bas, « étudier et obtenir un diplôme » n’est encore qu’une chimère dans les pays faisant partie de l’étude.
…saisir les opportunités pour entrer dans le monde du travail
La question du travail est présente, et est toujours aussi contrariante. Elle est centrale dans la vie de nombreux jeunes sud-américains, et est saisie tant par les jeunes que par les adultes.
Dans les six pays, les personnes interrogées ont tout d’abord répondu : avoir plus d’opportunités de travail.
En Argentine, en Bolivie, au Paraguay et en Uruguay, « être écouté par les hommes politiques », apparaît en troisième position.
Au Chili et au Brésil « être écouté par les hommes politiques » apparaît en quatrième position, suivi de la «garantie d’obtenir de meilleurs salaires » qui est en quatrième position dans les autres pays.
En résumé
Les informations obtenues durant les différentes étapes de la recherche réaffirment l’idée que des ambiguïtés et des ambivalences sont présentes dans les représentations construites par les sociétés sur les jeunes.
Partant du sondage d’opinion, nous pouvons dire que la majorité des jeunes s’insère également dans les images que la société projette sur elle. Les adultes de tous les pays ont affirmé que les jeunes consomment plus, sont plus dangereux, violents et individualistes que les adultes.
D’autre part, définir les avantages et les inconvénients « d’être jeune », a permis de faire en sorte que les minorités jeunes membres de groupes, de réseaux et de mouvements sociaux s’approprient également (avec un esprit critique plus ou moins important) les notions de « moratoire vital » (« être jeune c’est avoir de nombreuses années devant soi) et de « moratoire social » (la jeunesse est le temps de la préparation).
Dans les sociétés sud-américaines, parmi les jeunes âgés de 15 à 19 ans, se considèrent (et sont considérés) comme tels :
L’analyse des résultats d’opinion a mis en exergue la catégorie « responsabilité » - le mariage et l’arrivée des enfants - pas nécessairement dans cet ordre - comme la frontière marquant la fin de la jeunesse. Les célibataires insistent plus sur les caractéristiques positives « d’être jeune », ceux qui assument une « responsabilité » voient la jeunesse d’un œil plus négatif ;
Selon les études qualitatives réalisées, la question « qu’est-ce qu’être jeune » ramène à des contradictions plus générales de la société qui s’intensifient chez les jeunes. Les découpages des classes, des genres, appartenances ethniques et raciales, vivre à la campagne ou en ville sont des considérations qui entrent dans le jeu dialectique des différences et des inégalités sociales qui définissent les avantages et les inconvénients « d’être jeune ».
Parallèlement, comme l’ont révélé les recherches, nous pouvons définir le « qu’est-ce qu’être jeune aujourd’hui » à partir de plusieurs indices généraux communs aux six pays étudiés :
Les changements dans le domaine religieux, qui devient de plus en plus diversifié et compétitif, ainsi que le développement rapide des technologies d’information et de communication sont des facteurs importants qui doivent être pris en considération pour définir le « qu’est-ce qu’être jeune aujourd’hui ». Le choix religieux personnel et le procédé de sociabilité redéfinissent les rapports intergénérationnels et favorisent les voies d’identification entre les partenaires d’une même génération ;
Avec l’augmentation de la scolarité, dans tous les pays étudiés, cette génération jeune comptabilise plus d’années d’études que ses parents. Mais ces années ne garantissent pas l’insertion dans la vie active par rapport au degré de scolarité atteint. Les rapports professionnels se précarisent tout comme les conditions d’entrée dans la vie active. Ce n’est pas un hasard si certains jeunes et adultes des six pays ont choisi « avoir plus d’opportunités de travail » comme le facteur le plus important pour les jeunes d’aujourd’hui.
Ces deux dernières dimensions doivent être prises en considération pour comprendre l’invention sociale de la jeunesse du XXIe siècle.
condiciones de trabajo, condiciones de vida, diversidad cultural, joven
, América del Sur
Le Livre des jeunesses sud-américaines
La version originale (en portugais)est en ligne sur le site d’Ibase : www.ibase.br/pt/biblioteca-2/
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