Un lien local-global se tisse dans les villes, qui ne se réduit pas à l’affirmation d’une logique de compétition économique.
2001
Le premier apport de la notion de ville durable est sans doute de faire évoluer les cadres de l’urbanisme. L’évolution des villes a des conséquences sur la biosphère qui pèsent en retour, de manière de plus en plus visible, sur les sociétés. L’inscription de la problématique urbaine dans cette évolution planétaire induit un décadrage urbanistique, amorcé par exemple par les villes qui engagent un plan local de lutte contre l’effet de serre, visant à réduire leurs émissions de CO2. Un lien local-global se tisse, qui ne se réduit pas à l’affirmation d’une logique de compétition économique. Avec la Terre comme horizon ou cadre de vie, l’urbanisme se trouve assez brutalement confronté à une multiplicité d’enjeux relatifs à l’articulation des échelles spatio-temporelles, qui retentissent sur les logiques d’implantation des activités ou de l’habitat, les modes de mobilité, l’approvisionnement énergétique, les choix des matériaux, etc. Ce recadrage dans le temps et l’espace s’impose dès que les externalités du développement urbain commencent à être prises en compte.
Un second recadrage, qui s’inscrit dans la suite logique du premier, prend pour cible la théorie urbanistique et s’exprime dans les principes qui sous-tendent les pratiques de développement durable. Il participe largement d’une remise en question de l’urbanisme moderne, né dans le sillage de Le Corbusier dans les années trente. De la Charte d’Athènes (1) à la Charte d’Aalborg, on observe un renversement saisissant de perspectives. Parallèlement, l’inversion systématique d’un certain nombre de principes hygiénistes entérine la sortie d’une époque. Ce dépassement est d’autant plus original que l’hygiénisme a profondément marqué l’écologie municipale.
Tiré de : Les villes européennes face au développement durable : une floraison d’initiatives sur fond de désengagement politique
Par Cyria Emelianoff (Groupe de Recherche en Géographie Sociale de l’Université du Maine, ESO, UMR 6590 du CNRS)