08 / 2000
L’auteur, Dao GAYE est le Secrétaire Général Adjoint du Collectif National des Pêcheurs Artisanaux du Sénégal (CNPS). Il est pêcheur professionnel depuis plus de 40 ans à Kayar, au Sénégal. Il explique ici la place que doivent occuper les organisations professionnelles dans les négociations des accords de pêche. Et prône même l’abolition de ces accords qu’il juge injuste.
« Si nous participons aux assemblées paritaires Union Européenne/Afrique-Caraïbes-Pacifique, c’est grâce à nos partenaires européens. Pour participer aussi aux négociations des accords de pêche, il y a eu beaucoup de chemin parcouru. Grâce à notre ONG d’appui, CREDETIP (Centre de Recherche pour le Développement des Technologies Intermédiaires des Pêches), nous avons organisé des séminaires de sensibilisation sur les préoccupations du secteur auxquels nous avons invité l’administration des pêches. Mais cela a duré longtemps avant qu’ils ne nous associent aux négociations des accords de pêche pour la 1ère fois en 1994. Et même là ils nous ont envoyé une invitation sans prise en charge. Il a fallu que nous contactions nos partenaires européens pour qu’ils nous prennent en charge. A la rencontre, ils ont dit que je suis observateur et que je ne dois pas parler. Je n’étais pas content du tout. Comment on peut être invité à une réunion dont le sujet vous préoccupe et ne pas parler. Comme c’était la première fois, j’ai respecté leurs consignes, mais lorsque je suis sorti j’ai parlé aux journalistes.
Je souhaiterais, pour les négociations à venir, non seulement qu’on nous prennent en charge en tant que partenaire à part entière, mais qu’on nous permette de prendre la parole. Car, qui mieux que nous les professionnels est concerné par les problèmes de la pêche en l’occurrence les accords de pêche. Il faut que les gens finissent d’adopter les attitudes du passé et nous considèrent comme des partenaires.
Ceci dit, nous nous félicitons du pas qui a été fait. Nous avons pu bénéficier de la compensation financière. Cela nous a permis d’avoir un 4x4 pour faciliter nos déplacements et donc les activités de notre organisation. Il y a aussi l’observation des bateaux étrangers même les bateaux des accords de pêche, qui rendent compte trois fois par semaine. Mais nous, nous voulons nous mêmes participer aux observations, ce qui n’est pas encore le cas.
Nous souhaitons également l’abrogation complète des accords de pêche. Nous avons beaucoup d’espoir dans le nouveau gouvernement qui reconnaît que les eaux sénégalaises sont vides. Nous espérons que dans ses actions futures il joindra l’acte à la parole.
Nos perspectives prévoient des séminaires et des journées de réflexions auxquelles nous pensons inviter les parlementaires. Nous sommes même entrain de voir pour les prochaines législatives comment faire participer des pêcheurs afin qu’une fois élus, ils puissent défendre les intérêts de la profession.
Pour la région ouest africaine, nous souhaitons la mise sur pied d’une organisation régionale de la pêche artisanale. Ce sera un formidable mouvement d’ensemble. »
organización de pescadores, acuerdo de pesca, negociación
, Senegal
La pêche artisanale en Afrique de l’Ouest
Contact : Dao GAYE, s/c CREDETIP BP 3916 Dakar - Sénégal, credetip (at) sentoo.sn - Tel/Fax : +221 821-34-62
Entretien réalisé par Lucie ATTIKPA-TETEGAN, le 9 août 2000 à Kayar au Sénégal.