Bonjour, le réveil citoyen !

Et si, pour entamer le dialogue et connaître l’autre, les gens commençaient tout simplement par se dire bonjour. Une boutade ? Non, une solution efficace que l’association Résister Insister Persister met en œuvre depuis plusieurs années à Fontenay-sous-Bois et qu’elle promeut désormais ailleurs…

Le RIP (Résister Insister Persister) (1) est une association socioculturelle, pédagogique, humanitaire et sportive. Elle a vu le jour en 1998 dans les cages d’escaliers, les halls et les parkings de Val de Fontenay (Val de Marne). Au départ, elle rassemblait principalement des amis d’enfance, une dizaine de jeunes (entre 17 et 18 ans) qui souhaitaient avant tout diffuser leur message à travers la musique. Progressivement, le RIP évolue et se définit aujourd’hui comme un rassemblement d’énergies au service d’un objectif commun : la lutte contre le racisme et l’exclusion, en faveur de la solidarité et du respect de l’autre.

Des brigades dans la ville

Pour renforcer le lien social, l’association a eu l’idée, en 2004, d’instaurer la « Journée du bonjour », une alternative concrète de responsabilisation citoyenne. En quoi consiste-t-elle ? Tout simplement à déployer des « brigades du bonjour » dans la ville et de « verbaliser » toute personne qui ne dit pas bonjour aux autres. Cette journée rend le contact entre habitants plus accessible, elle permet de dépasser les préjugés et a pour ambition de rendre plus conviviale et à taille humaine la vie au quotidien. A l’heure où les replis identitaires ou communautariste tentent de gagner du terrain, il s’agit là d’un véritable acte citoyen.

Se rencontrer, se regrouper, s’investir, échanger, faire vivre ensemble sa localité pour qu’elle se motive, qu’elle se responsabilise, qu’elle participe et se développe, voici les valeurs que prône cette initiative. Forte des expériences passées, et confortée par l’engouement populaire que suscite cet événement, l’association a pris le parti de développer le programme « Bonjour Citoyen » et de soumettre une charte de responsabilisation citoyenne à l’ensemble des maires de France.

Quatre propositions sont constitutives de cette charte. Tout d’abord, les municipalités doivent s’engager à coordonner, avec les directeurs d’école primaire, une visite par an du commissariat de police et de la mairie pour tous les élèves de CM2. Ensuite, elles doivent valoriser l’engagement citoyen en soutenant les associations qui missionnent un volontaire civil, appuyer toute action citoyenne oeuvrant pour l’intérêt collectif et proposer aux jeunes des centres de vacances qui ont pour thème la citoyenneté. Enfin, le maire doit proposer au conseil municipal l’ouverture d’une école de la deuxième chance et d’une classe préparatoire au DAEU (2) en cours du soir.

Programme d’actions

Comment travailler de manière structurante avec les différents acteurs sociaux, associatifs et institutionnels pour créer du lien social, lutter contre l’individualisme, le communautarisme et instaurer le vivre ensemble dans les quartiers ? « Bonjour Citoyen » a l’ambition d’être une réponse concrète à cette question. Ce programme, en cours de construction, comporte trois champs d’actions : assurer la promotion de la « Journée du bonjour », mettre en place des commissions d’appuis aux projets (3) et des formations au montage de projets pour les associations de quartier, lancer « le parcours d’éveil citoyen », en direction des jeunes de 17 à 25 ans.

Le parcours d’éveil citoyen est un dispositif qui a été pensé pour promouvoir le bénévolat comme acte citoyen auprès des jeunes de quartiers. Il consiste à parrainer des jeunes durant toute une année dans leur implication citoyenne qui peut prendre la forme de l’accompagnement à la scolarité, d’animations pour jeunes, etc. Les jeunes « parrainés » bénéficieront également de cinq formations citoyennes et le BAFA (Brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur) leur sera financé pour qu’ils puissent à leur tour transmettre ces valeurs aux plus jeunes. Ils s’engageront, en retour, à participer au conseil de quartier de leurs quartiers. Tout un programme qui ne fait que confirmer la devise de l’association : « Maintenant, on dit ce qu’on pense, et surtout, on fait ce qu’on dit ».