05 / 2005
Ce projet cible les habitants et tous les acteurs publics et privés concernés par une opération d’urbanisme dont l’évolution est bloquée quand les stratégies des uns et des autres sont en opposition. Il s’agit alors de mettre en place une « convergence d’intérêt » , une interaction dynamique d’acteurs dont les préoccupations parfois spécifiques peuvent converger vers la réalisation d’une action partagée. Les acteurs conviennent de s’appuyer sur une structure de concertation pour progresser et sortir du conflit.
But et méthode
La mise en place d’une structure de concertation composée des représentants des habitants, des élus, des techniciens et acteurs concernés permettra d’assurer une maîtrise d’ouvrage collective. Outre l’instauration d’un dialogue, la structure de concertation est une entité de gestion urbaine où la confrontation des approches différentes, le débat et la négociation permettent de construire et de soumettre à la décision des propositions d’intervention. Elle assurera le suivi et le réajustement des actions, en fonction des impératifs techniques et de la complexité des situations sociales rencontrées. La réussite du projet de requalification portera sur sa capacité à générer du développement social et à reconstituer l’urbain dans un processus dynamique avec les populations concernées.
La structure de concertation représente théoriquement un des meilleurs outils mis à la disposition des habitants pour instaurer une relation en « prise directe » avec les élus et les institutions et débloquer les situations. La « prise directe » est facilitée par l’équipe de Maîtrise d’œuvre Sociale qui joue un rôle de médiateur, assure les conditions d’écoute, d’échange et reformule les propos.
Elle n’est donc pas un filtre modérateur venant étouffer la parole des habitants pour faire appliquer les décisions politiques, mais au contraire veille à réunir les conditions favorables au processus de concertation. La structure de concertation peut être composée de façon paritaire, c’est-à-dire de 50 % de représentants de la société civile du quartier concerné (association, comités d’habitants, union commerciale, corps enseignants…) et de 50 % d’élus des institutions. Pour les habitants et usagers, il apparaît ainsi que leur représentation n’est pas symbolique, qu’on ne se sert pas d’eux.
Les élus et institutions, eux, doivent concéder un peu de leurs pouvoirs pour s’engager dans un processus de démocratie représentative, tout en sachant qu’en dernier ressort le pouvoir de décision leur reviendra. La participation des élus et des institutions au dispositif de concertation, dans une autre logique d’intervention, modifie leurs regards, pour s’inscrire dans une démarche de projet partagé et solidaire. Ces axes d’évolutions sont représentés dans le tableau comparatif intitulé : « l’analyse des déplacements » .
L’analyse des déplacements
Potentialités D’un diagnostic des pauvretés et des « manques » , d’une perception des écarts et des seuils de précarité
A l’inventaire des potentialités, à la valorisation des capacités, savoir-faire et ressources populaires.
Solidarité Des explications sur les populations, d’une connaissance « à distance »
Aux implications avec la population : connaissance renouvelée et recherche engagée avec elle.
Soutien D’une intervention psycho-sociale orientée vers les relations personnes et interpersonnelles
Au soutien à une population qui défend ses intérêts économiques et sa survie culturelle.
Collectif D’une relation individuelle et un travail centré sur les personnes
A un travail collectif centré sur des communautés d’intérêts et de solidarité.
Médiation De l’apaisement des conflits : calmer les conflits entre personnes
A la négociation : appuyer les personnes et les groupes dans les conflits.
Initiative De la mise en actes d’orientations planifiées : appliquer les directives et programmes sociaux
A un appui d’initiatives endogènes, ascendantes : trouver des solutions avec les groupes en situation.
Engagement De tâches administratives assumées : s’en tenir à sa fonction dans son secteur professionnel
A un choix d’unité de vie et d’action : s’engager avec des groupes luttant pour « vivre mieux » .
Partenariat De l’application d’une logique institutionnelle : respecter les directives institutionnelles
A des alliances partenariales : dénouer les situations bloquées avec de nouveaux partenaires et alliés.
Projets D’activités aux résultats à court terme : obtenir des réponses concrètes pour satisfaire les personnes et groupes
A la mise en œuvre de projets et de stratégies, actions plus élaborées, longues et concertées
Impulsion De l’assistance aux faibles et de l’écoute-accueil de victimes défavorisées
A l’impulsion d’acteurs en survie s’organisant pour « s’en sortir » et établir des rapports de forces.
La mise en œuvre du projet de requalification urbaine devra s’inscrire dans une démarche contractuelle avec l’ensemble des partenaires impliqués. Cette charte partenariale déclinera notamment le rôle et la composition de la structure de concertation, elle soulignera les engagements d’écoute réciproque et la crédibilité des habitants à proposer des solutions, elle définira de façon claire et précise les moyens apportés par chacun des partenaires.
Moyens humains et matériels
Le suivi et la coordination des actions impulsées par le dispositif de concertation sont assurés par une équipe de Maîtrise d’œuvre Urbaine et Sociale (MOUS). Cette équipe peut être portée par un des partenaires, mais elle peut aussi être composée de façon pluri-institutionnelle par délégation de permanents. Il apparaît important de compléter l’équipe par un salarié habitant, qui apportera notamment sa connaissance des réseaux, de l’histoire du quartier etc. L’équipe d’intervention est composée de professionnels d’origines et de spécialités diverses, recrutés en fonction de la nature des actions à poursuivre. Ce n’est pas le métier qui prime mais la capacité à s’inscrire dans une dynamique de projet.
Le travail en équipe pluridisciplinaire permet d’éviter des incohérences entre les interventions, d’accéder à un niveau de polyvalence par la formation mutuelle, d’être plus performant dans les actions menées, de s’appuyer sur des compétences complémentaires et enfin d’assurer une continuité de services et d’offrir des points de repères aux habitants. La spécificité de cette équipe repose aussi sur son mode d’intervention caractérisée par sa disponibilité et son accessibilité pour la population concernée. La proximité est un facteur indispensable qui nécessite des implantations, des permanences au cœur du quartier.
L’ouverture d’un ou plusieurs locaux de proximité en fonction de la configuration du quartier est importante. Elle permettra de proposer aux habitants, avec lesquels des actions sont poursuivies, des lieux d’accueil de proximité. Le local sera un point de repère pour les habitants, un lieu d’écoute, d’échange, d’information et de formation. Il favorisera l’organisation et la structuration de comités et d’associations d’habitants et offrira des espaces de rencontres et d’activités propices au développement d’une dynamique transversale et d’un lien social solide.
urbanismo, participación de los habitantes, gestión del hábitat, política urbana, modo de resolución de conflictos
, Francia
Le mouvement social et la lutte pour le logement populaire en France et au Brésil
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