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Rôle de l’ICSF -Collectif d’appui aux artisans-pêcheurs- à Taïwan et en Amérique latine

Odile ALBERT

03 / 1994

La situation des pêcheurs travaillant sur des bateaux taïwanais est tout à fait critique. La flotte taïwanaise est très vieille, très consommatrice en énergie. Les conditions de vie sur les bateaux sont épouvantables, d’autant plus que l’ouvrier de la pêche industrielle n’a aucune qualification (au contraire de l’artisan-pêcheur qui, lui, possède un réel savoir-faire). En général, seul, le second sur le bateau est un spécialiste et c’est lui qui décide des lieux de pêche. Les bateaux vont souvent sur des zones illicites où ils sont arrêtés. Si les officiers sont relâchés, les équipages, eux, restent en prison. Les mutineries ne sont pas rares. Les bateaux taïwanais recrutent souvent des pêcheurs philippins qui vivent tels des esclaves sur les bateaux.

Devant ce constat, l’ICSF est intervenu. Grâce à sa connaissance des dossiers et à ses nombreux contacts (en particulier auprès de l’Apostolat de la mer), il a favorisé des contacts entre les gouvernements philippin et taïwanais pour que les ouvriers-pêcheurs philippins obtiennent des garanties.

Si l’ICSF a pu faire bouger assez vite les comportements taïwanais, c’est que Taïwan tient à sa réputation. Plusieurs autres partenaires se sont mobilisés également sur ce dossier : Caritas Taïwan, Syndicat international des transports (ITF), l’Eglise taïwanaise, une association philippine. La télévision taïwanaise a aussi joué un rôle important dans l’avancée du dossier. L’ICSF a mis en place un groupe de travail "triangulaire" avec l’appui de l’Eglise taïwanaise, d’une organisation d’appui des Philippines et d’une organisation de l’île Maurice.

Si l’action de l’ICSF semble avoir obtenu de réels succès, il est toutefois à noter que, au fur et à mesure où les accords entre Taïwan et les Philippines se mettaient en place, les industriels taïwanais de la pêche allaient recruter leurs équipages à Madagascar, en Chine...

En Amérique latine, l’ICSF est intervenu dans huit pays, ce qui a été l’occasion de faire connaître ou se rencontrer certains groupes d’artisans pêcheurs de ces pays. Son action a porté sur les points suivants :

- Formation des dirigeants par des cours, des rencontres et des voyages. L’impact est important et a un effet de boule de neige. Au Chili, la formation de dirigeants pêcheurs leur a permis de se faire entendre, de participer à la nouvelleloi sur la pêche et à la gestion des ressources halieutiques. Au Brésil, il y avait déjà une tradition de formation par la Pastorale de la pêche.

-Développement de l’organisation autonome des pêcheurs. Au Brésil, où les pêcheurs étaient autrefois des esclaves, ils se libèrent progressivement de la tutelle de l’Etat. Au Mexique, se crée un réseau national de petits pêcheurs. Au Pérou, les pêcheurs artisanaux s’organisent pour se libérer de la pêche industrielle.

- Institutionnalisation de l’appui local aux organisations d’artisans pêcheurs.

- Ouverture sur des appuis extérieurs, surtout européens. Constitution d’un réseau international à partir de contacts professionnels, notamment européens.

- Accès aux micro-décisions. Au Chili, au Brésil et au Pérou les pêcheurs ont participé à l’élaboration des lois les concernant.

- Accès à la gestion de la ressource. A partir de la formation syndicale, les marins ont été concernés par la gestion des fonds marins.

- Développement de l’information et de la communication, en particulier par le courrier électronique.

- Accès à des prêts bancaires au Chili et au Pérou.

- Liens internationaux par la Pastorale des pêcheurs. Et Greenpeace découvre le rôle potentiel des artisans pêcheurs.

Key words

fisherman, fishing, bilateral relations, human rights, living conditions, working conditions, socioprofessional organization, local development, public opinion, pressure group


, Taiwan, Philippines, Latin America

Comments

Ces informations proviennent des "fiches de suivi" rédigées par Pierre Calame, lors d’une réunion tenue à la Fondation pour le progrès de l’homme (FPH)le 28/01/1994 et à laquelle participaient Pierre Gillet (ICSF), Luiz Moralez (fondateur du CEDIPAC, en collaboration avec la CONAPACH)et Jean-Pierre Reveret (Vice-directeur de l’Académie internationale de l’environnement à Genève).

Les renseignements sur Taïwan sont à rapprocher de la fiche rédigée par le groupe Mer du CCFD (Comité catholique pour le développement et contre la faim)en décembre 1989, fiche très alarmante sur les conditions de la pêche à Taïwan.

Notes

Fiche de suivi établie par Pierre Calame, AP/APM69226. Archive ICSF.

Source

Grey literature

1994/01/28 (France)

CDTM (Centre de Documentation Tiers Monde de Paris) - 20 rue Rochechouart, 75009 Paris, FRANCE - Tel. 33/(0)1 42 82 07 51 - France - www.cdtm75.org - cdtmparis (@) ritimo.org

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