1993
Madame SCHOOFS se dispose à être commissionnaire dans le secteur des fruits et légumes en provenance d’Afrique de l’Ouest et plus particulièrement du Cameroun. C’est-à-dire qu’elle travaillera dans l’import-export et sera en quelque sorte un intermédiaire entre acheteurs et vendeurs.
Après avoir obtenu un bac G1 et un niveau de BTS "Gestion administrative et secrétariat", Mme Schoofs a travaillé au Cameroun où elle a d’abord été secrétaire, puis directrice commerciale chez SOCAFEL (Société Camerounaise de Fruits et Légumes). De retour en France, après quelques petits travaux, elle s’est retrouvée au chômage. Cela fait maintenant 2 ans. Elle est actuellement allocataire du RMI (Revenu Minimal d’Insertion), puisqu’elle n’a pas cotisé à l’ASSEDIC (Association pour l’Emploi dans l’Industrie et le Commerce)quand elle était au Cameroun. Elle dispose d’environ 12.000 FF/mois grâce à des allocations logement et à l’emploi de son mari, qui l’a rejointe en France depuis peu.
C’est de son expérience au Cameroun qu’est né ce projet d’import-export. En effet, ayant gardé de nombreux rapports avec des Camerounais dans ce secteur professionnel, elle les a contactés et leur a demandé d’être ses fournisseurs. En étant uniquement une intermédiaire et en ayant de nombreux contacts avec l’étranger, son rôle sera d’autant plus intéressant et "aisé" qu’elle n’aura pas à stocker et à revendre. Elle pourra ainsi travailler à son domicile.
A l’ANPE (Agence Nationale pour l’Emploi), Mme Schoofs a pu bénéficier de quelques conseils et a assisté à des réunions avec des personnes créatrices d’entreprises. Etant donné sa formation et son expérience professionnelle, cela ne lui a pas été d’une grande utilité. De même, elle n’a pas vu la nécessité de suivre un stage proposé sur la création d’entreprise au sein de l’organisme OSMOSE. Cet organisme propose des stages "créateurs", des stages "gestion" pour les chefs d’entreprises, et des conseils en création et développement de l’entreprise (dossiers de financement, politique commerciale...). OSMOSE a pour partenaire l’ANPE, le Ministère du Commerce et de l’Artisanat, les Chambres de Métiers, le Conseil Régional d’Ile de France).
Mme SCHOOFS s’était essentiellement adressée à l’ANPE pour connaître les aides auxquelles elle avait droit. Elle en conclut que l’on parle davantage d’éventuelles subventions que d’aides bien appropriées. En tant que RMIste, avec la création de son entreprise, elle aura droit seulement à une aide de 16.163 FF, alors que l’ACCRE (Aide aux Chômeurs Créateurs et Repreneurs d’Entreprise)peut fournir jusqu’à 43.000 FF. Par l’intermédiaire d’une publicité dans le magazine Elle, Mme Schoofs a voulu contacter RACINES (Réseau d’Accompagnement de Création et Initiatives-femmes avec une Nouvelle Epargne Solidarité). Pour l’instant, elle n’a eu qu’un entretien avec cet organisme qui a vraiment cherché à la conseiller et à l’aider pour formuler son projet. Il y a une semaine, RACINES l’a contactée à nouveau pour qu’éventuellement elle puisse bénéficier de l’aide d’un CLEFE (Club Local d’Epargne pour les Femmes qui Entreprennent)sous la forme d’un prêt. Comme il existe encore très peu de prêts accordés par l’intermédiaire d’un CLEFE, on n’avait pas pu lui proposer une telle offre lors de son premier entretien.
Bien que RACINES aide à rédiger les statuts et à mener à bien les analyses financières et les études de marchés, Mme Schoofs préfère, pour cela, s’adresser à des professionnels même si elle doit payer. Ainsi, par l’intermédiaire d’un membre de sa famille, elle a pu bénéficier d’un forfait intéressant (pour 1.500 F)auprès de la Junior Entreprise d’une école de commerce qui réalisera son étude de marché.
"Jeunes Entrepreneurs", qui est une succursale du magazine Défi, l’aide à monter les statuts et l’analyse financière (pour 2.500 FF).
Ainsi, l’aide de RACINES qui, au départ, a été pour elle un appui technique, prendra davantage la forme d’une aide financière, si Mme Schoofs décide d’accepter le prêt octroyé par RACINES. Concernant le côté financier, il est, d’après elle, difficile d’obtenir auprès des banques un crédit capital-société si on a peu d’apport. On peut à la limite bénéficier de facilités (autorisation de découvert). Mme Schoofs pense pouvoir obtenir des crédits auprès de deux banques de financement : CETELEM (Crédit à l’Equipement des Ménages)et France-Finance, sous la forme de crédit personnel qu’elle a l’intention de transformer en capital. Mme Schoofs espère obtenir un crédit à la consommation auprès de CETELEM, lui permettant d’acheter du matériel avec un taux d’intérêt de 16,4 % Par l’intermédiaire de son mari, qui est salarié, elle envisage de demander un prêt à France-Finance, toujours au même taux. Afin de bénéficier de prêts auprès d’autres banques, elle va faire appel à l’association "Entreprendre en France" pour être cautionnée.
Elle évalue ses besoins en capital à 50.000 FF. Cette somme doublera avec l’achat du matériel. PIVOD (Prospective - Innovation - Valorisation - Opportunité - Disponibilité)est le premier organisme que Mme Schoofs a contacté; mais, d’après elle, ils ont été peu serviables. Ils n’ont été d’aucune aide pour constituer son capital. Elle n’a pu avoir aucune adresse d’organismes et les seuls conseils qu’on lui a donnés, c’est d’aller se renseigner auprès de ses amis !
Afin d’aider à son tour de jeunes créatrices et avoir des contacts avec elle, elle souhaite - une fois son entreprise lancée - pouvoir adhérer en tant qu’épargnante à un CLEFE.
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, France, Cameroon
Madame SCHOOFS m’a semblée particulièrement motivée pour créer son entreprise et son projet, longuement étudié. En effet, elle a contacté de nombreuses personnes au Cameroun qui pourront être ses fournisseurs et a démarché auprès de vendeurs en France. Contrairement à de nombreux créateurs rencontrés, j’ai constaté qu’elle s’intéressait particulièrement à l’élaboration d’une bonne étude de marché et à la conduite d’analyses financières. Ceci peut être illustré par le fait qu’elle préfère s’adresser à des professionnels. Par ses démarches, elle semble avoir exploité toutes les aides et conseils dont elle pouvait bénéficier (de la part des pouvoirs publics, d’organismes divers, de maisons de crédit, d’une Junior Entreprise...)et semble prête à démarrer son activité avec tous les atouts en main. Le fait que Mme SCHOOFS veuille par la suite aider de jeunes créateurs me semble particulièrement intéressant. C’est en effet assez rare chez un porteur de projet.
Interview
BERTRAND, Valérie, CEDAL FRANCE=CENTRE D'ETUDE DU DEVELOPPEMENT EN AMERIQUE LATINE
CEDAL FRANCE (Centre d’Etude du Développement en Amérique Latine) - France - cedal (@) globenet.org