2 - Les bénéficiaires
1993
L’ADIE est une association sans but lucratif, loi 1901, fondée en 1988. Elle veut promouvoir l’auto-création d’emploi comme moyen d’insertion avec, comme soutien financier, un système de crédit inspiré de celui de la Grameen Bank et se propose donc d’octroyer des prêts (sans apport ni garantie)aux personnes désirant créer leur propre emploi et n’ayant pas accès au crédit bancaire.
Nous avons essayé de tracer le profil du créateur bénéficiaire de l’aide de l’ADIE. C’est un homme (pour 70 % des cas)âgé de 35 à 45 ans, RMIste (bénéficiaire d’un revenu minimum d’insertion, octroyé par l’Etat)ou chômeur de longue durée; ses revenus sont inférieurs à 90 FF/jour et par unité de consommateur. Dans 30 % des cas, il est étranger [ce qui lui permet de bénéficier du soutien du FAS (Fonds d’Action Sociale)]. Son niveau de formation est supérieur au RMIste moyen, mais souvent moins bon que celui du bénéficiaire de l’ACCRE (Aide aux Chômeurs Créateurs et Repreneurs d’Entreprises).
La proportion des jeunes augmente légèrement. Les 300 prêts accordés jusqu’ici ont permis la création d’activité dans 200 métiers - ce qui pose évidemment un problème de capitalisation d’expérience - et a donné à ces créateurs une histoire de crédit qui leur permettra de faire appel aux banques.
Pour l’ADIE, la réussite des créateurs ne se mesure pas seulement à la réussite économique. Parfois, l’expérience échoue, mais permet quand même la réinsertion du créateur.
Quant au taux de réussite, il est trop tôt pour en juger réellement. Pour l’instant, il y aurait environ 30 % des nouvelles entreprises qui cesseraient leur activité dans les 18 mois qui suivent la création.
Une évaluation sur la cause de ces échecs a été conduite à partir d’un échantillon de 65 personnes. Chaque échec pouvait être dû à plusieurs causes. Le premier facteur d’échec est le facteur psychologique où l’on recense la démotivation, les problèmes d’alcoolisme, de drogue, de délinquance, et ce pour 28 cas dont 13 cas pour lesquels il n’y a pas d’autres facteurs d’échec. La deuxième raison est le mauvais choix du secteur d’activité, pour 16 cas. Le métier de louageur, en particulier, est souvent choisi, mais n’est pas du tout porteur. Puis, on trouve les problèmes de mauvaise gestion (14 cas), de mauvaise foi pour les remboursements (14 cas), de manque d’expérience (8 cas), d’accident comme braquage et cambriolage (6 cas), de mauvais projet (5 cas), de compétence (5 cas), de santé (5 cas), d’impayés (4 cas), de délais de paiement (3 cas), de partenariat (c’est-à-dire mauvais partage technique, 3 cas). Et enfin, on compte 2 cas d’abandon volontaire.
A noter aussi que la mortalité des entreprises est inverse ment proportionnelle au nombre de salariés.
A la question de savoir si la création d’activité par les chômeurs est une réponse réellement efficace contre le chômage, Monsieur Paquette a répondu que, évidemment, tout chômeur n’est pas capable de créer son activité; cependant, en France, le travail indépendant est moins développé et se développe moins vite que dans les pays voisins, donc il existerait un large potentiel de 50.000 à 200.000 postes de travail nouveaux, en sommeil.
En ce qui concerne le choix des projets, le comité a comme public cible les chômeurs. Cette cible s’ajuste vers le haut puisqu’ils sont partis avec des "Sans Domicile Fixe". Le prêt de 30.000 FF maximum doit être significatif dans l’investissement total, le secteur doit être porteur, l’analyse de faisabilité crédible. Le comité accepte les 2/3 ou les 3/4 des projets présentés et défendus par les chargés de mission. Les autres sont orientés vers les CIGALES (Clubs d’Investissement pour une Création Alternative et Locale de L’Epargne, GARRIGUE (Société de capital-risque).
association, credit, company creation, training, project assessment, research and training, unemployment
, France
Fiche extraite de l’entretien avec Monsieur Paquette, le 16 mars 1993.
Interview
FAUVINET, Claire; BERTRAND, Valérie, CEDAL FRANCE=CENTRE D'ETUDE DU DEVELOPPEMENT EN AMERIQUE LATINE
CEDAL FRANCE (Centre d’Etude du Développement en Amérique Latine) - France - cedal (@) globenet.org