Le projet d’appui à la création de PME-PMI et à l’insertion des jeunes diplômés -MALI-
02 / 1993
Le Mali est un pays essentiellement agricole dont l’économie a sérieusement été affectée par la sècheresse et la chute du prix du coton sur le marché mondial. Le gouvernement tente d’augmenter ses revenus par la fiscalité tout en plafonnant strictement les possibilités de crédit. Il est devenu pratiquement impossible de travailler dans le secteur privé dit "moderne" à cause des contrôles incessants, de la complexité des procédures, des taxes, de l’arbitraire des fonctionnaires et de l’absence de recours légal. Les petites entreprises du secteur informel voient leurs perspectives de s’agrandir et de s’officialiser, limitées par ces contraintes.
Les banques commerciales ne manquent pas de liquidités: leur problème est plutôt de trouver des projets dans lesquels investir à faible rique. Du fait des plafonds imposés par la banque centrale pour les prêts aux petites entreprises (8 à 10 %), les banques ne peuvent pas se permettre de prêter aux petites entreprises.
Le projet d’appui à la création de PME-PMI et à l’insertion des jeunes diplômés a commencé en 1987. Financé par le Fonds Européen de Développement, il a pour objectif de développer l’emploi par la création de petites entreprises ou le développement d’entreprises existantes.
Des bureaux ont été ouverts à BAMAKO, SEGOU et SIKASSO avec un responsable expatrié à la tête de chacun d’eux. Le bureau de BAMAKO était destiné à apporter ses services exclusivement aux jeunes diplômés. Les bureaux de SIKASSO et SEGOU visaient tous les types d’entrepreneurs de toutes formations. Toutefois, le terme d’"entrepreneur" est à prendre au sens strict du terme. Le projet vise la création d’entreprises modernes relativement importantes.
Les clients discutent leur projet avec les responsables du projet. Si le projet présente un réel potentiel économique, un dossier est préparé par un service spécialisé de l’agence qui travaille avec les clients pour rassembler les données, vérifier l’analyse du marché potentiel et les aspects techniques de l’activité proposée, évaluer les qualités professionnelles de l’entrepreneur.
Pendant la préparation du dossier, le candidat au prêt doit trouver au moins 3 personnes prêtes à s’engager financièrement pour garantir son entreprise. Les 3 personnes et l’entrepreneur constituent un Groupement d’Intervention Economique (GIE)et acceptent de côtiser tous les mois une somme donnée sur un compte bloqué.
L’argent ainsi épargné sert de fonds de garantie et peut être retiré par le projet en cas de défection de l’emprunteur. En retour, les membres du GIE perçoivent 6,5 % d’intérêt sur le compte, versés par la banque, ainsi qu’une somme supplémentaire payée par l’entrepreneur en plus de sa côtisation mensuelle.
Outre l’appui du GIE, l’entrepreneur doit:
- s’assurer la garantie d’un notable local,
- fournir un investissement personnel représentant au moins 10 % du financement total du projet,
- accepter de donner en nantissement tout matériel acheté avec le prêt.
Le volume des prêts n’excède pas 25 millions de FCFA (50 FCFA = 1 FF)sauf dérogation pour une période maximum de 5 ans (taux d’intérêt de 7-8%). Les projets financés par les prêts sont très encadrés. Chaque agence a son service d’appui technique. Les clients recoivent une visite toutes les semaines. Les visites permettent plutôt d’évaluer les progrès et de parler des problèmes que d’assurer une formation. Le projet n’oblige pas les entreprises à tenir une comptabilité. Lorsqu’un entrepreneur est en difficulté, le projet lui apporte un appui technique renforcé et peut aller jusqu’à lui déléguer un co-gérant ou un comptable.
Outre l’appui technique et financier, le projet a développé des structures pour l’épargne et l’investissement local. Ainsi, l’agence de SEGOU a créé un club d’investisseurs (le Ségovien)qui regroupe 8 gros entrepreneurs de la région. Fonctionnant comme un holding, il recherche les investissements les plus rentables dans les petites entreprises locales.
A SEGOU également, les membres des GIE se sont regroupés dans une fédération afin de rassembler une partie de leur épargne dans un fonds commun lui permettant de faire crédit à ses membres. Regroupant 22 GIE, la fédération cherche également à emprunter et à prêter aux tontines de la région.
Le projet a financé 213 projets d’Octobre 87 à Novembre 89. 38 étaient terminés à cette date là, ayant permis la création d’environ 890 emplois. Le taux de remboursement est bon avec seulement 10 % de paiements en retard.
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, Mali, Bamako, Ségou, Sikasso
Le coût élevé de l’assistance technique pose le problème de l’autonomie institutionnelle et financière des agences. Toutefois, le projet a expérimenté un mécanisme d’épargne/garantie collective qui donne de bons résultats. Il a réussi à mobiliser localement intérêt et participation financière. Il a même suscité l’intérêt des banques (lorsque l’agence de SEGOU a ouvert, il y avait 2 banques en ville, il y en a désormais 5). La plupart des programmes récents d’appui aux petites entreprises ont pris beaucoup de temps pour peaufiner leur mode de fonctionnement sans se préoccuper de la participation locale et ont actuellement des problèmes pour s’insérer dans l’économie locale. Le projet du FED a fait l’inverse: il s’est assuré la participation locale mais doit désormais fournir des services adaptés aux besoins locaux à des prix nets de subvention.
Report
MAC KENZIE, John, OCDE, 1992
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